Le Japon revient aux portes de la déflation

 
 
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Des Japonais à Tokyo, le 1er décembre 2006 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[01/12/2006 08:52:49] TOKYO (AFP) Un troisième ralentissement d’affilée de la hausse des prix à la consommation en octobre a renvoyé le Japon aux portes de la déflation, ce qui ne devrait pourtant pas dissuader la banque centrale de procéder sous peu à un nouveau relèvement des taux d’intérêt.

Les prix à la consommation hors produits périssables au Japon n’ont augmenté que de 0,1% en octobre, alors que les économistes s’attendaient en moyenne à une progression de 0,2%, selon des statistiques publiées vendredi.

Il s’agit de leur douzième hausse d’affilée, mais le rythme de progression ralentit constamment depuis l’été et se rapproche du seuil critique de 0%.

L’indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie, une mesure des tendances de fond de l’inflation qui fait autorité dans tous les autres pays développés, a pour sa part reculé pour le dixième mois d’affilée (-0,4% sur un an), rappelant que la minuscule inflation actuelle est à mettre exclusivement au crédit de la flambée du prix du pétrole.

Les prix des carburants ont ainsi bondi de 18,2% sur un an, effaçant le plongeon (-17,0%) des prix des “équipements durables de loisirs”, catégorie qui inclut les produits électroniques grand public dont les prix reculent facilement en raison de la concurrence féroce dans le secteur.

De même, les prix des communications ont chuté de 4,1% sur fond de compétition accrue entre opérateurs de téléphonie mobile.

Les statistiques de vendredi “suggèrent que le Japon est à nouveau dangereusement proche de la chute des prix”, a commenté dans une note de recherche Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities.

Selon lui, “avec une marge aussi maigre avant la baisse des prix et alors que l’effet positif des prix de l’énergie commence à s’estomper, il existe un risque réel que des chiffres négatifs apparaissent au premier semestre 2007”.

“Mais il n’est pas sûr que cela amène la Banque du Japon a faire preuve de prudence dans sa politique”, a-t-il averti, expliquant que l’institut d’émission est plus préoccupé par les risques de surchauffe sur le moyen terme que par l’évolution des prix sur le court terme.

Le Japon a connu entre juillet 1998 et octobre 2005 une longue période de déflation, phénomène pernicieux qui décourage l’investissement et alourdit l’endettement des ménages.

La Banque du Japon (BoJ) a cependant proclamé en mars dernier l’éradication de ce fléau, et a mis fin quatre mois plus tard à la politique de taux d’intérêt zéro qu’elle menait depuis 2001 pour le combattre.

Après avoir relevé le taux directeur à 0,25% le 14 juillet, la BoJ n’a pas exclu de procéder à un nouveau resserrement en décembre ou début 2007, jugeant que la faiblesse actuelle du loyer de l’argent incite au surinvestissement.

La hausse surprise de la production industrielle en octobre (+1,6% sur un mois) et de solides commandes de biens d’équipement ces derniers mois tendent à renforcer l’argument de la BoJ.

Dans ses perspectives économiques semestrielles, publiées le 28 novembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a exhorté la banque centrale à maintenir le statu quo, jugeant que “la déflation n’est pas encore complètement éradiquée”.

Toutefois, de l’avis général, la BoJ fera peu de cas de cet avertissement.

“A la lumière des bonnes statistiques récentes et des commentaires de plusieurs dirigeants de la BoJ, nous pensons qu’une hausse des taux en décembre ou en janvier est probable”, a pronostiqué M. Jerram.

Akira Maekawa, économiste chez UBS, estime pour sa part que “les chiffres de l’inflation plus faibles que prévu diminuent les chances d’un relèvement de taux en décembre”, et parie plutôt sur une hausse en janvier.

Quoiqu’il arrive, “la BoJ ne va pas se gêner à cause des faibles chiffres de l’inflation” d’octobre, estime Akio Yoshino, économiste à la Société Générale.

 01/12/2006 08:52:49 – © 2006 AFP