EADS lance enfin le programme Airbus A350

 
 
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Les deux présidents d’EADS Louis Gallois (d) et Thomas Enders avec une maquette de l’A350 le 18 juillet 2006 au salon aéronautique de Farnborough (Photo : Leon Neal)

[02/12/2006 17:06:19] PARIS (AFP) Le conseil d’administration d’EADS a donné son “feu vert” vendredi au lancement industriel de l’A350 XWB, un programme de 10 milliards d’euros destiné à concurrencer Boeing dans le créneau majeur des avions long courrier de 250 à 350 places.

Responsables politiques, socio-économiques et syndicaux ont salué samedi à Toulouse l’annonce du lancement industriel de l’A350 XWB.

Pour Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères et président du Grand Toulouse, il s’agit d’une “excellente nouvelle” qui, avec la fin des vols de certification de l’A380, “représente un véritable ballon d’oxygène pour notre agglomération, après les semaines d’incertitude que nous venons de traverser”.

Le géant américain Boeing s’est dit confiant sur son positionnement face à l’Airbus A350.

Face à l’A350, “nous nous sentons très bien positionnés à la fois avec le 777 et avec le 787”, a déclaré vendredi Peter Conte, porte-parole de la division aviation civile du constructeur.

De son point de vue, la décision du conseil d’administration d’EADS de procéder au lancement industriel de ce nouveau long-courrier “n’est pas une surprise”.

En revanche, l’administration américaine ne juge “pas encourageantes” les informations de presse selon lesquelles une part du financement du nouvel Airbus doit être garantie par les Etats européens partenaires.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont engagé des procédures croisées devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au sujet des aides gouvernementales que les deux parties s’accusent mutuellement d’octroyer aux constructeurs aéronautiques Boeing et Airbus.

“Evidemment, les informations faisant état de 4 milliards de dollars de financement garantis par l’Etat ne sont pas encourageantes”, a déclaré une porte-parole de la Représentante américaine au Commerce (USTR), ajoutant que Washington avait demandé des informations complémentaires à l’Union européenne sur ce sujet.

Airbus a indiqué vendredi que le premier appareil de la gamme serait mis en service en 2013, soit cinq ans après son rival de Boeing, le B787 Dreamliner.

L’avionneur, empêtré dans les difficultés liées au retard du programme de l’avion géant A380, attendait depuis plusieurs mois cette décision de sa maison mère. Elle avait été repoussée à plusieurs reprises, notamment pour trouver le financement du nouvel avion.

Une réunion du conseil d’administration d’EADS prévue le 24 novembre a même été reportée à la dernière minute, faute d’accord sur les modalités entre les principaux actionnaires –l’Etat français (15%), le groupe Lagardère (7,5%) et le groupe allemand Daimler-Chrysler (22,5%).

EADS a précisé que le financement s’effectuerait “principalement” avec ses ressources propres, “avec une forte contribution” du plan de redressement Power 8 et des “partenaires” partageant les “risques” du développement.

Louis Gallois, président d’Airbus, a récemment indiqué qu’il demanderait aux sous-traitants chargés des aérostructures (le squelette de l’avion) de contribuer aux coûts de développement à hauteur de 1,8 milliard d’euros.

EADS a souligné vendredi que le lancement du programme “suppose la réalisation complète du programme de compétitivité Power 8”. Ce programme annoncé le 3 octobre en même temps que les nouveaux retards de l’avion géant A380 prévoit 5 milliards d’euros d’économies de trésorerie d’ici à 2010, puis 2 milliards par an d’économies à partir de cette date.

Le groupe ne cite pas d’autres types de financement tels les émissions obligataires avec garantie publique évoquées ces derniers jours dans la presse.

De sources proches des actionnaires, on se refusait vendredi soir à commenter cette question ainsi que celle d’avances remboursables des Etats, régulièrement contestées par les Etats-unis devant l’OMC.

On indiquait seulement que d’éventuels financements complémentaires se feraient “par appel aux marchés financiers”, en réaffirmant que Lagardère et DaimlerChrysler, engagés dans une réduction de leurs participations, étaient fermement opposés à une augmentation de capital.

EADS a précisé que les coûts de développement seraient étalés sur la période 2007-2014, avec “un pic de dépenses entre 2010 et 2013”.

Les deux coprésidents exécutifs d’EADS, Tom Enders et Louis Gallois, ont affirmé que l’A350 serait “l’avion commercial le plus moderne avec une longueur d’avance” sur son concurrent.

Airbus avait d’abord lancé un projet A350 deux fois moins cher mais jugé trop proche de la gamme existante A330. Sous la pression des compagnies clientes, il avait dû présenter à l’été 2006 une version à fuselage élargi incorporant jusqu’à 50% de matériaux composites.

EADS évalue les besoins du marché à 5.700 appareils de cette catégorie dans les 20 prochaines années, représentant une valeur globale de 1.000 milliards de dollars (plus de 750 milliards d’euros), soit 41% en valeur de l’ensemble des nouveaux appareils de plus de 100 places.

Le ministre des Transports Dominique Perben a salué la “bonne décision” du groupe européen.

Le titre EADS avait vivement rebondi vendredi dans l’attente du lancement, prenant 2,97% à 22,87 euros.

 02/12/2006 17:06:19 – © 2006 AFP