Suez et GDF ne maîtrisent plus leur destin commun, les politiques décideront

 
 
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Répartition du capital GDF-Suez en cas de fusion des deux groupes

[03/12/2006 07:50:43] PARIS (AFP) Suez et Gaz de France ne semblent plus maîtres de leur destin commun, le Conseil constitutionnel replaçant les hommes politiques face à leur responsabilité en empêchant la fusion d’aboutir avant les élections de 2007, ce qui devrait les forcer à prendre clairement position.

Le Conseil, dans une décision dont toute la portée n’est pas encore clairement définie, a validé jeudi le projet de loi de privatisation de Gaz de France, sésame pour la fusion avec Suez, mais a décidé qu’elle ne pourra entrer pleinement en vigueur que le 1er juillet, date de l’ouverture totale du marché de l’énergie à la concurrence, soit après les élections, présidentielle et législatives.

Rien n’empêche toutefois les deux groupes de procéder à leurs opérations de fusion dans l’intervalle, ce qu’ils ne se privent pas de répéter.

Suez a prudemment estimé que la “poursuite du processus de fusion” était “possible” et Gaz de France juge que cette décision lui permet “d’aller de l’avant dans son projet”.

Une chose est sûre, elle vient en tout cas soulager le gazier public, qui subissait toute la pression après la décision de justice lui interdisant de tenir son Conseil d’administration de validation du projet avant d’avoir dûment informé le Comité d’entreprise européen.

Le groupe se retrouvait presque ouvertement accusé de légèreté par son actionnaire principal, l’Etat, et Suez n’était pas beaucoup plus tendre.

“La décision du Conseil constitutionnel vient soulager le PDG de GDF, Jean-François Cirelli, qui ne porte plus seul la responsabilité du retard”, a déclaré à l’AFP une source proche du dossier.

C’est désormais sur l’ensemble de la classe politique que retombe la pression de ce dossier extrêmement controversé, qui a tenu en haleine une partie du monde politique, industriel et syndical pendant presque une année, depuis l’annonce hâtive du projet au mois de février.

“L’alliance Gaz de France et Suez sera désormais dans le débat politique des présidentielles. Et donc, elle sera soumise aux aléas des résultats électoraux”, a déclaré vendredi le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Pierre Méhaignerie (UMP), proche de Nicolas Sarkozy.

Puisque la fusion ne pourra pas être juridiquement valide avant le 1er juillet, la nouvelle majorité pourra la faire capoter dès ses premiers jours aux affaires.

Les socialistes se retrouveraient presque obligés de faire échouer la fusion et la privatisation de GDF. Ils les ont combattues âprement et le projet du parti pour 2007 préconise la mise en place d’un “pôle public de l’énergie entre EDF et GDF, dont nous refusons la privatisation”.

A droite, la situation est moins claire, mais Nicolas Sarkozy, candidat à la l’Elysée, a été longtemps opposé au projet, farouchement défendu par le Premier ministre, Dominique de Villepin.

Partisan de la “rupture”, Nicolas Sarkozy pourrait trouver là un moyen de l’illustrer. Il a fait part au quotidien Libération, samedi, de ses critiques contre le projet, et un de ses proches, sous couvert d’anonymat, a déclaré dans le même journal que M. Sarkozy, s’il est élu, “remettra tout à plat”.

Cette incertitude croissante pourrait d’ores et déjà refroidir les grands actionnaires de Suez, qui restent pour l’instant silencieux. S’ils ont soutenu le projet jusqu’ici, certains pourraient tourner casaque, ce qui rouvrirait les spéculations sur la vulnérabilité de Suez à une OPA.

 03/12/2006 07:50:43 – © 2006 AFP