La question du financement de l’Airbus A350 n’est pas réglée

 
 
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Louis Gallois à Paris le 4 décembre 2006 (Photo : Stéphane de Sakutin)

[04/12/2006 18:55:53] PARIS (AFP) Le nouveau programme d’avion long-courrier A350 d’Airbus, d’un coût de 10 milliards d’euros, sera prioritairement financé grâce aux ressources d’EADS, maison mère de l’avionneur, sans exclure pour autant une augmentation de capital ou un recours aux aides publiques, a affirmé lundi son président Louis Gallois.

Le financement de l’A350 XWB, destiné à concurrencer le 787 de Boeing, sera “un mélange de ressources internes, et, si et quand le besoin s’en fera sentir, d’un appel aux marchés”, a déclaré M. Gallois lors sa première conférence de presse depuis son arrivée à la tête d’Airbus en octobre.

Le conseil d’administration d’EADS, qui a donné son feu vert vendredi au lancement industriel de l’appareil, “nous a demandé d’étudier tous les instruments de financement possibles (…) Une augmentation de capital est l’un d’entre eux, mais seulement une possibilité”, a-t-il ajouté.

Une autre piste serait le lancement d’un emprunt obligataire de 2 à 3 milliards d’euros, garanti par les Etats.

Le constructeur aéronautique mène en parallèle des discussions avec ses pays partenaires (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne). “Aucune décision n’a été prise ou n’est imminente”, a souligné cependant M. Gallois, également coprésident d’EADS.

“Les subventions à la recherche et technologie pourraient jouer un rôle-clé” mais “d’autres pistes” sont explorées, a-t-il indiqué, sans préciser s’il avait sollicité des avances remboursables, sur lesquelles Airbus peut en théorie compter pour financer ses programmes à hauteur de 33%.

Le sujet est particulièrement sensible. Les subventions à l’aéronautique font l’objet d’un conflit à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entre Union européenne et Etats-Unis.

“Nous n’avons pas un besoin imminent de financement mais nous discutons avec les gouvernements pour assurer à Airbus un terrain équitable” dans son duel avec Boeing, a souligné M. Gallois, en dénonçant les aides publiques dont bénéficierait son concurrent américain. “Nous savons tous que le Boeing 787 (modèle concurrent de l’A350, ndlr) est un avion hautement subventionné”, a-t-il affirmé.

Dans une interview lundi à La Tribune, le ministre français de l’Economie des Finances Thierry Breton assure que l’Etat français, actionnaire d’EADS, “accompagnera le financement” de l’A350. “Les quatre gouvernements concernés ont déclaré qu’ils apporteraient les garanties à leur niveau dans des conditions similaires. Mais, pour l’instant, elles ne sont pas arrêtées”, ajoute-t-il.

M. Gallois a rappelé que 50% de l’aérostructure de l’A350 (le squelette de l’avion), soit 1,8 milliard d’euros, seraient confiés à des sous-traitants sous forme de partenariats avec partage de risque.

“Nous discutons avec dix sous-traitants de premier rang”, a précisé le directeur stratégie d’Airbus, Olivier Andries, qui compte répartir le travail “au printemps 2007”.

Airbus a d’ores et déjà décidé de confier 5% du programme à la Chine, 5% à la Corée du Sud et au moins 3% à la Russie.

En Europe, l’italien “Finmeccanica pourrait être un partenaire pour l’A350 s’il le souhaite”, a estimé M. Gallois.

Handicapé financièrement par les retards de l’avion géant A380, EADS avait repoussé plusieurs fois le lancement du nouvel appareil qui ne sera mis en service qu’en 2013 et non pas en 2010, comme prévu initialement.

 04/12/2006 18:55:53 – © 2006 AFP