[04/12/2006 19:47:44] PARIS (AFP) Après des semaines de silence, l’Etat actionnaire semble décidé à régler la crise de gouvernance chez Safran, en demandant la tête du président du conseil de surveillance Mario Colaiacovo, mais reste flou sur le sort du patron du directoire Jean-Paul Béchat et la stratégie du groupe. Départs en cascade, rumeurs incessantes: une véritable guerre de tranchée fait rage depuis des mois entre les anciens de l’électronicien Sagem, autrefois présidé par M. Colaiacovo, et du motoriste Snecma, qui était dirigé par M. Béchat, avant leur fusion en mai 2005 pour donner naissance à Safran. Accusé de tergiverser, alors que l’Etat est le premier actionnaire de Safran avec 30,8% du capital, le ministre de l’Economie Thierry Breton a fini par réagir, en se défendant d’avoir “tardé” à le faire. Le groupe “connaît une crise de direction”, admet-il dans une interview à La Tribune lundi, ajoutant que “le problème de la gouvernance de Safran est désormais posé”. “Une page, notamment au sein du conseil de surveillance, doit y être préalablement tournée pour permettre à l’entreprise de se préparer sereinement aux autres évolutions indispensables”, affirme le ministre. “C’est cette position que nous ferons connaître dès le prochain conseil de surveillance”, prévu le 12 décembre, ajoute-t-il. Sans être plus explicite, notamment quant aux “autres évolutions” nécessaires, cette déclaration éloigne le scénario couramment évoqué d’un départ simultané de MM. Colaiacovo et Béchat. Elle a immédiatement été interprétée chez Safran comme l’annonce d’une prochaine éviction du premier. “C’est comme cela que tout le monde la comprend”, a confié à l’AFP une source proche de l’entreprise. Quant au sort de M. Béchat, “rien n’est tranché”, selon une source proche du gouvernement. Le comité des nominations de Safran, réuni lundi, devait proposer des noms pour renforcer le directoire. Jean-Paul Herteman, placé récemment par M. Béchat à la tête de la filiale Sagem défense et sécurité (DS), et Armand Dupuy, figure historique de Sagem, seraient notamment pressentis, selon un membre du conseil de surveillance. L’attitude du gouvernement est jugée “incompréhensible” par les actionnaires salariés ex-Sagem, qui assurent représenter 15% du capital sur les 19,6% détenus par des salariés de Safran. Elle revient à “désigner M. Colaiacovo comme le responsable de la situation” alors que, “s’il y a une urgence, c’est bien le départ de (M.) Béchat, qui est en train de détruire ce qui a été construit”, a déclaré à l’AFP leur porte-parole, Daniel Dupuy, évincé il y a deux semaines de la filiale Sagem défense et sécurité (DS). Le probable départ de M. Colaiacovo pourrait s’accompagner d’autres modifications dans la composition du conseil de surveillance, selon la source proche de l’entreprise, qui épingle notamment la présence de deux membres du comité de direction de Safran, Armand Dupuy et Xavier Lagarde. Quant à l’éventuel successeur de M. Colaiacovo, plusieurs noms circulent, dont celui de Jean-Martin Folz, président du directoire de PSA Peugeot Citroën qui doit prendre sa retraite en janvier. Le gouvernement devra aussi se prononcer sur la stratégie de Safran, qui envisage de céder ses activités de téléphonie mobile en difficulté, une perspective qui suscite l’intérêt de l’américain Motorola. A 16H30, le titre, qui a perdu plus de 19% depuis le début de l’année à la Bourse de Paris, prenait près de 3% à 16,34 euros, dans un marché en hausse de 0,38% |
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