[05/12/2006 17:29:43] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) doit relever une nouvelle fois ses taux jeudi et dévoiler ses intentions pour 2007, sur fond de renchérissement de l’euro et de pression croissante du côté politique en faveur d’un retour au statu quo monétaire. Pour les trente analystes interrogés par l’AFP et l’agence d’informations financières AFX News, c’est une affaire entendue: l’institut monétaire va relever jeudi son principal taux directeur d’un quart de point, pour le porter à 3,50%, au plus haut depuis cinq ans. Le président de la BCE Jean Claude Trichet n’a laissé aucun doute sur les intentions du conseil des gouverneurs. Il s’agirait de la sixième hausse de taux en un an. Ascension rapide des crédits, prix du pétrole toujours élevé, amélioration sur le front de l’emploi et risque de spirale inflationniste liée à d’éventuelles fortes hausses salariales, le tout dans une économie en forme: pour les gardiens de l’euro, les arguments en faveur de ce nouveau tour de vis ne manquent pas. Et pour l’an prochain, le Français a pris soin de laisser toutes les options ouvertes. La majorité des économistes s’attendent à au moins une, voire deux nouvelles augmentations du loyer de l’argent, qui porteraient le principal taux entre 3,75 et 4%. “Il y a de la marge pour de nouveaux relèvements des taux en 2007. Les études et les indicateurs ont confirmé la force et la résistance de la croissance actuelle, en particulier en Allemagne, et les liquidités restent importantes en zone euro”, estime Elena Nieto, analyste chez BBVA. La force actuelle de l’euro face au dollar, liée à la bonne santé de l’économie de la zone euro alors que la conjoncture s’essouffle aux Etats-Unis, ne devrait pas faire barrage à de nouveaux resserrements des conditions du crédit, estiment les économistes. Pour les analystes de Natixis, “il est peu probable que la hausse de l’euro affecte (la BCE) tant qu’il ne passera pas au dessus de 1,36” dollar. Mardi, il s’échangeait au dessus de 1,33 dollar. Reste que la perspective de nouvelles hausses de taux fait grincer des dents au sein de la classe politique en zone euro. La France surtout est montée au créneau, accusant la BCE de contribuer au renchérissement de l’euro en augmentant ses taux à répétition, ce qui est défavorable aux exportations et donc à la croissance. Son ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, a renouvelé mardi ses inquiétudes face au taux de change euro-dollar, et a appelé à une “grande vigilance”, après une rencontre avec son homologue allemand des Finances, Peer Steinbrück. Celui-ci, en revanche, a mis en garde contre “toute intervention politique” en la matière. Le Fonds monétaire international (FMI), par la voix de son directeur général adjoint John Lipsky, a aussi estimé que la situation sur le front des changes n’est pas inquiétante et qu’un resserrement modéré des taux en zone euro reste approprié. Les analystes seront particulièrement à l’affût de tout commentaire sur l’euro de Jean-Claude Trichet lors de la conférence de presse qui suivra la réunion du conseil. Le Français devrait aussi préciser les projets de la BCE sur les taux l’an prochain, sur la base des nouvelles projections économiques de l’institut, révisées tous les trimestres et qui seront rendues publiques jeudi. Elle devrait relever ses prévisions de croissance pour 2007, à 2,2% ou 2,3%, contre 2,1% auparavant, selon des informations du Financial Times Deutschland. La Banque centrale s’attendrait par ailleurs à ce que l’inflation repasse en 2008 sous le seuil jugé tolérable de 2%, entre 1,8% et 1,9%, après 2,4% en 2007. |
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