[06/12/2006 09:11:01] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne lancera mercredi “une nouvelle génération” d’accords de libre-échange (ALE) en demandant aux 25 cinq mandats de négociation avec la Corée du Sud, les pays de l’ASEAN, l’Inde, les pays Andins et ceux d’Amérique centrale, mettant fin au gel observé depuis le lancement du cycle de Doha à l’OMC. Ces mandats, qui illustrent la nouvelle stratégie commerciale de l’UE présentée en octobre par le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, ont été choisis “sur la base d’une analyse économique plus rigoureuse, ce qui est nouveau”, observe une sources européenne à Bruxelles. Les ministres des Affaires étrangères des 25 devraient se prononcer sur ce “paquet” le 11 décembre, pour permettre aux premières négociations de commencer vers la mi-2007. La Commission a choisi cette présentation en bloc pour tenir compte des différences d’intérêt pour ces négociations entre Etats membres. “Nous leur permettons de considérer ces mandats collectivement”, explique-t-elle. “Notre analyse économique démontre que nous pourrions augmenter de 30% nos échanges avec la Corée du Sud”, expliquait récemment Simon Fraser, chef de cabinet de M. Mandelson. En outre, l’UE ne veut pas laisser le champs libre à Washington, qui négocie déjà un ALE avec Séoul. Les pays ou régions ciblés pour ces accords, qui ont en commun d’être émergents ou à revenu intermédiaire, sont fortement demandeurs. “L’Inde nous a demandé avec insistance un tel accord”, souligne M. Fraser. Comme la Chine, objet d’une stratégie spécifique, l’Inde, l’ASEAN et la Corée du Sud forment cette Asie en pleine réémergence où les intérêts économiques et commerciaux européens sont encore trop faibles. Au lancement du cycle de Doha en 2001, l’UE avait choisi de privilégier l’approche multilatérale en s’abtenant de toute nouvelle démarche bilatérale. Les négociations, déjà en cours à l’époque, avec le Mercosur et les pays du Golfe, ont d’ailleurs piétiné à cause notamment des interférences produites par les discussions multilatérales, comme sur le dossier agricole avec le Mercosur. Mais l’enlisement des négociations multilatérales à l’OMC, suspendues depuis juillet dernier, a convaincu Bruxelles de remonter dans le train du bilatéralisme, où les Etats-Unis et le Japon l’avaient précédé. Officiellement, conclure le cycle de Doha reste la priorité numéro un de la politique commerciale européenne. Mais les ambitions du cycle ont en tout état de cause été amputées d’éléments cruciaux pour l’UE, qui devra donc les atteindre par d’autres moyens. “Les +questions de Singapour+ sont exactement celles que nous voulons traiter avec l’Inde, l’Asean et la Corée du Sud”, explique un responsable communautaire, en référence aux trois thèmes (investissement, concurrence, marchés publics) dont les pays en développement avaient obtenu l’abandon à la conférence ministérielle de l’OMC à Cancun en 2003. Seule la facilitation des échange (amélioration des services douaniers, etc.) a survécu dans l’agenda de Doha. Au niveau des experts, la Malaisie, un des principaux pays de l’ASEAN, a toutefois signalé qu’elle refuserait de négocier sur l’accès aux marchés publics, dont elle fait une question de souveraineté nationale. On admet d’ailleurs à Bruxelles que négocier un ALE avec un ensemble aussi divers et relativement peu intégré comme l’ASEAN ne va pas de soi. “Celui avec la Corée du Sud devrait être plus facile”, relève le même responsable. Ce pays, comme l’Inde, n’a pas en agriculture des intérêts “offensifs” qui pourraient inquiéter certains des 25. Enfin, la Commission se défend de tourner le dos aux pays les plus pauvres, bénéficiaires des ALE “d’ancienne génération” leur accordant un accès préférentiel au marché européen. Avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), “nous négocions six accords de partenariats économiques qui sont fondamentalement des ALE”, rappelle Simon Fraser. |
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