Mission impossible pour le nouveau patron de Deutsche Telekom

 
 
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Le nouveau Pdg de Deutsche Telekom René Obermann lors d’une conférence de presse, le 6 décembre 2006 à Bonn (Photo : Henning Kaiser)

[06/12/2006 20:50:20] BERLIN (AFP) Le caractère périlleux de la tâche de René Obermann, nouvel homme fort de Deutsche Telekom chargé de remettre le groupe à flot, est apparu clairement mercredi: la simple liste dressée par le patron des défis qui attendent l’ex-monopole a tout d’une mission impossible.

Deutsche Telekom, un géant qui emploie 250.000 personnes et réalise 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, est en crise. Ses abonnés en Allemagne le désertent, son cours de Bourse piétine, ses actionnaires s’impatientent et ses concurrents se frottent les mains.

M. Obermann, en poste depuis trois semaines, présentait mercredi sa nouvelle équipe de direction. Il s’est entouré de proches issus, comme lui, de la division de téléphonie mobile T-Mobile.

Mais alignés en rang d’oignons devant les journalistes, les membres du comité de direction avaient bien peu de bonnes nouvelles et de changements à annoncer. M. Obermann lui-même s’est défendu d’avoir la solution à tous les problèmes. Certes, “nous allons tout faire pour enthousiasmer clients et actionnaires pour Deutsche Telekom”, a-t-il promis. Pour tempérer tout de suite: “Il ne faut pas s’attendre à des miracles”.

Dans la téléphonie fixe en Allemagne, coeur de métier historique et plus gros problème de Deutsche Telekom, “nous allons continuer à perdre” des abonnés, “c’est voulu politiquement”, a prévenu le patron. Cette année, pas moins de 1,5 million de clients auront tourné le dos au groupe, au profit de la téléphonie mobile ou, le plus souvent, d’un concurrent plus réactif et moins cher. “Cela va continuer à être le cas”, tout simplement parce que la libéralisation du marché est toujours en marche et appelée à rogner sur les parts de marché de l’opérateur historique.

Mais ce qui chez d’autres découlerait de ce constat –réduction des coûts et suppressions d’emplois — est difficilement praticable chez Deutsche Telekom, qui emploie 42.500 fonctionnaires et dont l’Etat détient encore un tiers du capital. M. Obermann a beau dire que son groupe “n’échappera pas à plus d’efficacité”, jusqu’à 2008 il pourra difficilement aller plus loin que le programme en cours de 32.000 suppressions de postes.

Signe de la méfiance des salariés, avant même l’allocution de M. Obermann, le syndicat DPVKom des télécommunications avait déjà réagi, lui demandant de “ne pas toucher aux emplois”.

Mais Deutsche Telekom doit aussi satisfaire un actionnaire exigeant, le fonds américain Blackstone, qui veut rentabiliser son investissement et a déjà joué un rôle essentiel dans l’éviction à la mi-novembre de Kai-Uwe Ricke, prédécesseur malheureux de M. Obermann. L’Etat même, pourtant soucieux de l’emploi, attend avec impatience de voir repartir l’action à la hausse.

“Je ne vois pas de solution à court terme à ce dilemme” entre les devoirs d’employeur semi-public de Deutsche Telekom et ses impératifs d’efficacité, commentait mercredi Michael Kunert, de l’association de protection des actionnaires SdK. Pour lui, M. Obermann est prisonnier des mêmes problèmes que son prédécesseur et, “le discours d’Obermann, Ricke aurait pu le tenir aussi”.

Même l’accent mis sur la qualité du service et la compétitivité des offres, dont M. Obermann semble avoir fait son cheval de bataille principal, n’est pas nouveau. Le patron entend transformer le groupe en “société de services la plus renommée” d’Europe. Mais est bien obligé de reconnaître que Deutsche Telekom a “un énorme besoin d’amélioration” en la matière. Et d’ajouter: “ce n’est pas une tâche que nous allons mener à bien en quelques mois”.

Les investisseurs semblent penser eux aussi que le salut n’est pas proche. A 12H20 GMT, l’action Deutsche Telekom perdait 0,23% à 13,28 euros à la Bourse de Francfort, dans un marché quasi stable.

 06/12/2006 20:50:20 – © 2006 AFP