[06/12/2006 16:34:16] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a lancé mercredi le débat sur une réforme de l’arsenal antidumping de l’UE, qui devrait cristalliser les divergences parmi les 25 entre “protectionnistes” et “libéraux” alors que la mondialisation bouleverse les règles du jeu. En présentant le “livre vert” qui organise la consultation des intérêts en présence dans l’UE, le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson a dénoncé une “politisation” du débat entre Etats membres sur les instruments de défense commerciale, risquant selon lui de conduire à une paralysie du système. M. Mandelson a mal vécu les affrontements prolongés de l’automne entre les “libéraux du Nord” (Royaume-Uni, pays nordiques, Pays-Bas, etc.) et les “protectionnistes du Sud” (Italie, Espagne, France, Portugal) sur le traitement à infliger aux fabricants de chaussures chinois et vietnamiens jugés coupables de dumping. Les premiers défendaient les intérêts des importateurs, distributeurs et consommateurs, bénéficiaires de chaînes d’approvisionnement couvrant la planète, alors que les seconds plaidaient la cause des producteurs européens confrontés à une concurrence redoutable. “Les changements dans la structure de l’économie mondiale comme européenne ont rendu plus complexe la définition des intérêts économiques de l’UE”, note le livre vert. Alors que les instruments de défense commerciale (mesures de sauvegarde, lutte contre le dumping ou les subventions) considéraient avant tout les intérêts des producteurs basés en Europe, la Commission s’interroge maintenant sur les industriels qui ont délocalisé la fabrication tout en maintenant en Europe les fonctions de création, marketing, distribution, etc. Les emplois liés à ces fonctions auraient disparu sans adossement à des capacités de production compétitives. “Les intérêts des travailleurs sont aussi devenus plus complexes”, estime M. Mandelson. Autre interrogation du livre vert: “Comment mesurer et surveiller l’impact des mesures de défense sur les consommateurs?” En soulevant ces questions, M. Mandelson s’est défendu de vouloir affaiblir le dispositif antidumping européen ou en limiter l’usage, comme l’en soupçonnent les “protectionnistes”. “Le statu quo n’est pas tenable”, a-t-il insisté. “La France et le Royaume-Uni ont des préférences différentes mais une même politique commerciale” (conduite à Bruxelles). Est-ce tenable?”, s’interroge l’économiste Jean Pisani-Ferry, directeur du laboratoire économique bruxellois BRUEGEL. Dans une enquête d’opinion sur la mondialisation publiée le 4 décembre par la fondation américaine German Marshall Fund, “la France est de manière constante la plus protectionniste”, sauf en matière d’immigration, alors que la Grande-Bretagne est à l’extrême opposé, remarque-t-il. Certes, cette opposition n’est pas nouvelle mais “elle s’accentue”, note M. Pisani-Ferry. La Commission européenne, qui dispose d’une large compétence déléguée en matière commerciale, “gère ces contradictions” mais sa légitimité s’est affaiblie dans certains pays membres. “A un moment donné, si le fossé est trop large entre les préférences du public et la politique de l’institution, il y a un problème”, relève le patron de BRUEGEL. M. Mandelson espère que la consultation, qui devrait déboucher l’an prochain sur une communication de la Commission sur de nouvelles règles antidumping reflétant mieux une situation complexe, permettra de restaurer entre les 25 “la solidarité, le consensus et l’efficacité”. |
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