[07/12/2006 17:33:00] FRANCFORT (AFP) Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a ouvert la voie jeudi à au moins une nouvelle hausse de taux en 2007, mais en introduisant des nuances dans son discours laissant supposer que la fin du cycle de hausses se rapproche. “Après la hausse d’aujourd’hui, notre politique monétaire continue à être accommodante, avec des taux d’intérêt demeurant à un bas niveau”, a déclaré le Français, lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la réunion du Conseil des gouverneurs. Qualifier la politique d’accommodante, malgré six tours de vis en un an, revient à dire que les conditions du crédit restent bon marché et portent en germe des risques de dérapage des prix que la BCE pourrait contrer en remontant ses taux directeurs. Les gardiens de l’euro vont surveiller “de très près” l’évolution des prix, a aussi prévenu M. Trichet, renforçant le sentiment que le cycle de hausses de taux n’a pas encore touché à sa fin. Le principal taux directeur, relevé qu’un quart de point jeudi, est désormais à 3,50%, son plus haut niveau depuis cinq ans. “Il est nécessaire d’agir à temps et de façon ferme pour assurer la stabilité des prix à moyen terme”, a-t-il ajouté. Cette phrase est nouvelle dans le langage du président de la BCE, qui disait depuis de nombreux mois qu’il serait “nécessaire de réduire le caractère accommodant de la politique monétaire” si le scénario de la BCE d’une croissance de la zone euro autour de son potentiel de 2% accompagnée de risques inflationnistes se confirmait. Quand on lui demandait s’il répéterait cette phrase désormais, le Français a répondu: “non”. Ces déclarations semblent confirmer le sentiment des économistes, qui parient sur un, voire deux, nouveaux tours de vis l’an prochain qui clôturerait le cycle de hausses de taux entamé en décembre 2005. Pour Luca Silipo, analyste chez IXIS, les déclarations du jour semblent montrer que la fin du cycle est “très très proche”. L’analyste prévoit une nouvelle hausse du principal taux à 3,75% en mars, puis un long statu quo. D’autant plus que la Réserve fédérale américaine devrait, selon lui, commencer dès le mois de mai à baisser ses taux directeurs pour aider son économie, qui montre déjà des signes tangibles d’essoufflement. Parallèlement, le président de la BCE s’est montré optimiste sur les perspectives de l’économie de la zone euro, relevant ses projections de croissance en 2006 et 2007. Côté inflation, il a abaissé les prévisions pour 2006 à 2,2% (contre 2,4% attendu en août) et de 2% pour 2007, contre 2,4% anticipé jusqu’à présent. Ces projections restent toutefois supérieures à l’objectif à moyen terme d’une inflation légèrement inférieure à 2%.
Il a de nouveau mis en garde contre les risques liés à l’ampleur des liquidités et surtout à la croissance vigoureuse des crédits au secteur privé. Il a aussi insisté sur les retombées inflationnistes éventuelles de fortes hausses de salaires, dans la foulée de la bonne santé économique et de l’amélioration du marché du travail. Concernant l’actuelle force de l’euro face au dollar, M. Trichet s’en est tenu à la déclaration officielle de la BCE au sujet des changes: le conseil juge que “toute volatilité excessive des changes est indésirable”, s’est-il borné à dire. La force actuelle de la devise européenne a relancé les pressions politiques sur la BCE, surtout en provenance de la France. Le ministre français de l’Economie et des Finances Thierry Breton a plus d’une fois fait part de ses inquiétudes face au taux de change euro-dollar, qui représente à ses yeux une menace potentielle pour les exportations, et donc pour l’ensemble de la croissance de la zone euro. |
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