Conduite de la politique économique face aux nouvelles contraintes de la compétitivité : Cas de la Tunisie (2ème partie)

 
 

Section II : Adaptation de l’économie tunisienne
aux nouvelles conditions de la compétitivité

notation.jpgUn
système productif efficace par la diffusion technologique, l’amélioration de
la qualification et une politique commerciale réussie par le choix d’une
spécialisation adéquate, sont à la base du maintien et de l’amélioration de
la compétitivité. Notre objet dans le cadre de cette section est donc de
passer en revue, les réformes engagées par la Tunisie en vue d’améliorer son
système productif et de réussir sa spécialisation, ainsi que l’évolution de
sa capacité à développer les facteurs de la compétitivité comme source de
croissance économique à long terme, par une amélioration de la productivité
et une spécialisation adéquate.

II-1 Evolution de la productivité condition nécessaire à la réussite de
la compétitivité

La Tunisie a réussi à maintenir sa compétitivité dans un cadre plutôt
administré par le recours, entre autres, au soutien des exportateurs,
on-shore et surtout offshore et à la manipulation du taux de change. Les
nouvelles exigences imposent l’amélioration de la compétitivité par
l’amélioration de la productivité et la spécialisation. La politique
économique menée par la Tunisie lui a t-elle alors permis de réussir son
adaptation aux nouvelles conditions du marché ?

II-1-1 La conduite de la politique économique

L’objectif de la compétitivité impose aux différents opérateurs une maîtrise
des coûts pour affronter au mieux le marché international, caractérisé
désormais par une concurrence libre, ouverte et exempte de distorsions et
par la pratique d’un commerce sans discrimination, sans subventions et sans
dumping. De tels principes obligent les autorités à suivre une conduite de
politique économique rigoureuse.

A/ Restructurations du système productif

Les autorités nationales ont procédé à des restructurations sur le plan
macro-économique, par l’adoption d’un programme d’ajustement structurel et
sur le plan micro-économique, par la mise en place d’un programme de mise à
niveau des entreprises nationales.

1) Le programme d’ajustement structurel

Dans ce programme, mis en œuvre depuis 1986, la Tunisie a pour objectif
d’améliorer l’environnement des affaires par une gestion macroéconomique
prudente, une libéralisation progressive des prix intérieurs, une réduction
de la taille du secteur public et la libéralisation des échanges.

Globalement, l’économie tunisienne a pu réaliser un progrès économique et
social notable au cours des deux dernières décennies qui lui ont permis
d’accéder au rang de pays émergent. Ces performances se sont notamment
matérialisées à travers :

– Une réduction substantielle des déséquilibres macroéconomiques qui
apparaît, en 2002, à travers le déficit budgétaire réduit à 2% du PIB, un
taux d’inflation de 2,8%, l’amélioration des ratios du déficit courant (3,5%
du PIB) et de la dette extérieure et la stabilité du taux de change effectif
réel notamment par rapport à l’EURO. Toutefois, le taux de chômage reste
élevé (prés de 15%), le taux d’investissement n’augmente pas, la balance
commerciale reste largement déficitaire (plus de 10% du PIB en moyenne), et
le taux d’endettement est encore critique (plus de 53% du PNB) [9].
– Une croissance économique qui est l’une des plus soutenue dans la région
MENA [10] ainsi que dans le groupe de la tranche inférieure des pays à
revenu intermédiaire, soit plus de 5% en moyenne par an de croissance du PIB
réel. Cette évolution a permis une augmentation du PIB par tête porté à
environ 2200 dollars actuellement. Bien que cette amélioration ait permis de
réduire l’écart par rapport à l’UE, le PIB/Tête ne représente que prés de
30% de celui de l’UE contre prés de 90% pour les NPI d’Asie.
– Une augmentation du degré d’ouverture commerciale qui atteint en 2002,
plus de 98% du PIB. Cette ouverture s’est faite aussi bien par une
amélioration de l’effort d’exportation (47% du PIB contre 30.7% en 1986) que
par les importations (de 38% en 1986 à plus de 50% du PIB en 2002).
– Une hausse perceptible de la contribution du secteur privé aux
investissements, aux exportations et à la création d’emplois. Toutefois,
cette contribution reste insuffisante eu égard à l’importance du rôle de ce
secteur à la suite du désengagement progressif de l’Etat des secteurs
productifs.
– Une part croissante des industries manufacturières et des services dans la
production aux dépens des industries non manufacturières et de
l’agriculture, ce qui fait apparaître un élargissement et une
diversification de la base productive de l’économie tunisienne.

Les réformes au niveau du système productif ont permis de stabiliser les
équilibres internes et externes, autorisant ainsi un engagement plus
important en matière de libéralisation. Il faut cependant faire remarquer
que, l’amélioration de l’équilibre extérieur par l’augmentation des
exportations a été réalisée, au cours des années 80 et début des années 90,
suite à une compétitivité résultant de l’amélioration de la productivité,
expliquée par une plus grande utilisation des capacités productives, étant
donné la stagnation des investissements, par une dépréciation de la monnaie
nationale et par l’encouragement des IDE et les incitations accordées aux
exportateurs.

2) Politique de mise à niveau.

Cette politique vise à aider les entreprises tunisiennes à s’adapter aux
nouvelles conditions des marchés, à moderniser leurs stratégies et leurs
méthodes d’organisation et de gestion et à améliorer les pratiques
d’utilisation des technologies, de formation et de R&D. La mise à niveau
permettra à ces entreprises d’améliorer leur productivité et devenir ainsi
compétitives en termes de prix, par l’amélioration de la qualité des
produits et par une plus grande capacité à l’innovation. Le programme de
mise à niveau (PMN) comporte deux composantes :

1-Une mise à niveau des entreprises industrielles :

Le programme soutient un plan de restructuration des entreprises nationales
axé d’une part, sur les investissements matériels (usines, renouvellement
des équipements, modernisation des procédés technologiques, acquisition de
matériel informatique ou de laboratoire, etc.) et d’autre part, sur
l’investissement immatériel (ressources humaines, organisation, savoir
faire, études et prospection, assistance technique pour l’amélioration de la
qualité des produits). L’avancement et les différentes actions qu’il
comporte font l’objet d’un suivi continu et d’une évaluation régulière afin
de le doter d’une meilleure visibilité et optimiser en permanence les
actions du dispositif de mise à niveau [11].

Au cours des deux premières années de sa mise en œuvre (1996/1997), le PMN a
démarré lentement avec un nombre relativement limité d’entreprises
participant au programme, pour s’accélérer notamment à partir de 1998.
D’après le Tableau 1 ci-dessous, le nombre total d’entreprises ayant adhéré
à ce programme depuis son lancement en 1996, atteint 2818 entreprises à la
fin de l’année 2003, dont seulement 59% projets de mise à niveau approuvés
et 41% en cours d’élaboration.


Tableau 1 : Situation du
programme de mise à niveau (Décembre  2003)

1.
Entreprises adhérentes

Nombre total

2818

Dossiers approuvés

59%


2. Investissements
de mise à niveau

Montant total cumulé
(96-03) en Millions de Dinars

2645,8

Dont :

investissements
matériels

86%

investissements
immatériels

13%


3. Primes accordées

Montant total cumulé
(96-03) en Millions de Dinars

376,3

Dont :

primes sur
investissements matériels

64,12%

primes sur
investissements immatériels

31,80%


4. Répartition
sectorielle (part de chaque secteur dans les dossiers de mise à niveau
approuvés

Industries
agroalimentaires.(IAA)

15%

Industries Textile,
Habillement, Cuirs et Chaussures (THCC) 

47%

Industries chimiques
(ICH)

5%

Industries diverses
(ID)

15%

Industries matériel
de construction, céramique et verre (IMCCV)

6%

Industries
Mécaniques et Electriques (IME)

12%

Source : Bureau de Mise à Niveau. Ministère de l’Industrie
et de l’Energie.

Le montant cumulé d’investissement de mise à
niveau atteint 2645.8 MD sur la période (1996-2003), dont 13% pour les
investissements immatériels, 86% pour les investissements matériels et 1%
pour les investissements de diagnostic. Toutefois, en ce qui concerne les
primes accordées, les investissements immatériels prennent davantage
d’importance (soit prés de 32%), démontrant le choix délibéré des autorités
pour privilégier ce type d’investissement, déterminant pour la
compétitivité. La répartition sectorielle des dossiers de mise à niveau
montre l’importance des secteurs des IAA, ICH, des THCC et des IME, secteurs
dont la production est essentiellement tournée vers l’exportation alors que
les secteurs dont la production est plutôt tournée vers le marché intérieur
représentent une part relativement plus modeste.

D’après les enquêtes du Bureau de Mise à Niveau, les données relatives aux
entreprises mises à niveau recueillies jusque là montrent que ces
entreprises ont vu leurs indicateurs de performance et de compétitivité
s’améliorer [12]. Plus de la moitié des entreprises bénéficiaires du
programme estime que l’engagement dans des plans de mise à niveau est
porteur d’un changement radical. Ces entreprises semblent aussi adopter une
certaine rigueur et une discipline dans leur mode de fonctionnement. Il
semble donc que le programme ait réussi à amorcer le processus de
modernisation des entreprises industrielles tunisiennes.
Toutefois, le taux de réalisation est faible (la moitié des entreprises
candidates à la mise à niveau), compte tenu de l’entrée en vigueur de la
liste 4 de démantèlement tarifaire qui va se traduire par une baisse
importante de la protection effective. Les retards éventuels dans la
réalisation des investissements sont, la plupart du temps, dus à des
problèmes de financement, surtout pour les rubriques relatives aux
investissements en matériel de production ou d’informatique, et quelques
fois à des difficultés internes à l’entreprises sur des investissements
immatériels du type formation ou assurance qualité et certification. Environ
une entreprise sur 10 trouve encore des difficultés à démarrer son PMN, 4
voire 5 ans après son adhésion. Une attention particulière devrait donc être
accordée à ces entreprises afin de voir dans quelle mesure elles pourraient
relancer ou revoir les modalités d’exécution de leurs plans de mise à
niveau.
Il apparaît aussi que les investissements sont essentiellement axés sur les
aspects matériels, notamment le renouvellement des équipements, accordant
une importance plus modeste à l’investissement immatériel. Ceci risque de
constituer un handicap pour les entreprises nationales, d’autant plus qu’il
y a des insuffisances de départ qui résident dans le fait que les industries
exportatrices (THC et IME notamment), à contenu technologique et compétences
faibles, doivent faire face à la concurrence de pays (en particulier de
l’Asie) qui ont une main d’œuvre qualifiée et un niveau technologique plus
élevé.
2- une mise à niveau de l’environnement des entreprises
Dans ce contexte, les autorités ont mis en place un ensemble de réformes qui
visent à améliorer l’efficience du cadre général des affaires en vue de
réduire les coûts de transactions et permettre aux entreprises, par une
maîtrise des coûts et une meilleure productivité, d’être plus compétitives.
Ces réformes comportent : la création de structures d’appui à l’acquisition
des technologies nouvelles et à l’amélioration de la qualité, l’amélioration
des infrastructures de base en particulier, dans le domaine des services de
télécommunications et d’information (téléphonie fixe et mobile, Internet) et
dans les transports, la poursuite des mesures de libéralisation de la
concurrence interne et externe en vue d’une réduction de toutes les
distorsions qui affectent le cadre concurrentiel et les échanges extérieurs,
en particulier dans le secteur des services fournis à l’entreprise et la
modernisation des institutions publiques pour améliorer leur productivité.

Ces actions de mise à niveau sont de nature à induire une amélioration de la
productivité globale, permettant à l’économie tunisienne de satisfaire aux
conditions qui définissent le nouveau concept de compétitivité basé sur,
l’innovation technologique, la flexibilité et l’adaptabilité de l’appareil
productif et la commercialisation des produits à forte intensité de
connaissances qui engendrent une valeur ajoutée plus importante.
B) Le développement technologique.
La technologie est devenue un facteur décisif pour la compétitivité. D’une
part, l’adoption des nouvelles techniques de production permet une
augmentation de la productivité. D’autre part, la technologie, en
particulier les TIC, ouvre la voie à une spécialisation dans les produits
nouveaux et à plus forte valeur ajoutée.
Il est difficile de mesurer le développement technologique d’un pays par un
seul indicateur. Par ailleurs, certains aspects du progrès technologique
sont difficilement quantifiables. Toutefois, on peut l’estimer par un
certain nombre de facteurs qui y contribuent. Le PNUD a conçu un indicateur
de développement technologique (IDT) basé sur quatre caractéristiques
importantes du développement technologique [13] .
Le Tableau 2 rend compte de la valeur de l’IDT et indique que la Tunisie a
atteint un niveau de développement technologique lui permettant de se situer
parmi les pays utilisateurs dynamiques de la technologie [14] selon la
classification établie par le PNUD.


Tableau 2 : IDT et ses
composantes (2002)

Indicateur
de Développement Technologique

indice
global

Indice
d’Innovation Technologique

Indice de
Diffusion des Technologies Récentes

Indice de
Diffusion des Technologies Anciennes

Indice

 de
Compé
tences

 Humaines


Tunisie

0,255

0,002

0,122

0,650

0,255


 Egypte

0,236

0,001

0,055

0,638

0,261


 Portugal

0,419

0,008

0,290

0,937

0,446


 Pologne

0,407

0,016

0,249

0,843

0,521


Malaisie

0,396

0,000

0,422

0,841

0,326


Chine

0,299

0,001

0,242

0,658

0,307


Thaïlande

0,337

0,001

0,306

0,711

0,337

Source : PNUD (2002)

Comparée aux autres pays, la Tunisie présente un
niveau de développement technologique nettement inférieur à celui de tous
les autres pays concurrents choisis, à l’exception de l’Egypte, ce qui
constitue un facteur pouvant limiter sa capacité à faire face aux nouvelles
conditions de la concurrence au niveau mondial.
Le Tableau 3 analyse la contribution des différentes caractéristiques
composant l’IDT et montre que, le niveau technologique global est expliqué
essentiellement par la diffusion des technologies anciennes (63%) et le
niveau des compétences humaines (25%), la contribution de la diffusion des
technologies récentes étant relativement plus modeste (12%) et celle de
l’innovation très faible (0.2%).


Tableau 3 : Contribution
des différentes composantes à l’IDT (en %)

 

 

indice
global


Innovation Technologique

Diffusion des Technologies Récentes

Diffusion
des Technologies Anciennes

Compé

tences
Humaines


Tunisie

100,00

0,20

11,95

63,73

25,03


Egypte

100,00

0,14

5,79

67,55

27,66


Portugal

100,00

0,48

17,30

55,90

26,59


Pologne

100,00

0,99

15,27

51,79

31,99


Malaisie

100,00

0,00

26,66

53,11

20,61


Chine

100,00

0,06

20,20

55,00

25,65


Thaïlande

100,00

0,08

22,70

52,77

24,99

Source : Nos calculs
à partir des données du PNUD.

 

En revanche, la supériorité technologique dans les
pays mieux classés que la Tunisie, s’explique par une contribution plus
importante de la diffusion des technologies récentes, en particulier la
Malaisie, la Chine et la Thaïlande, alors que pour d’autres pays cet
indicateur reflète des compétences humaines importantes.
Une analyse plus détaillée des données comparées pour les éléments composant
l’IDT, présentées par le Tableau 4, permet de dégager les remarques
suivantes :
– Les éléments composant l’indice d’innovation technologique montrent une
capacité à innover très faible comparée à celle des pays de l’Europe.
– En ce qui concerne la diffusion des technologies récentes, la supériorité
des autres pays résulte aussi bien d’une plus grande diffusion des TIC que
d’une plus grande adoption des technologies nouvelles dans les secteurs
d’exportation.
– Bien que la diffusion des technologies anciennes constitue la principale
composante du développement technologique, les performances en la matière
restent largement en dessous de celles des concurrents européens et
asiatiques, notamment dans le domaine des télécommunications.
– En ce qui concerne les compétences humaines, le niveau atteint reste
inférieur à celui des autres pays, malgré une évolution positive. On note,
en particulier dans les pays de l’Europe de l’Est, le niveau supérieur aussi
bien des qualifications de base mesurée par une durée moyenne de scolarité
presque le double de celle de la Tunisie, que des connaissances
scientifiques résultant d’un taux d’inscription dans les filières
scientifiques du supérieur dépassant de loin celui de la Tunisie.
Par ailleurs, le Tableau 5 révèle que les activités de R/D sont très peu
développées en comparaison avec les pays qui ont un niveau de développement
technologique supérieur à la Tunisie. Ceci apparaît d’abord, par la part des
dépenses consacrées à la R/D en % du PNB (0.3% du PNB) qui est relativement
faible comparée à la moyenne des pays de l’OCDE (2.3%) et à celle des pays à
revenu intermédiaire (1%). D’autre part, les effectifs employés dans les
activités de R/D sont très restreints en comparaison avec ceux des pays de
référence.
Il apparaît donc que malgré les progrès réalisés, des faiblesses résident
dans le niveau insuffisant d’accumulation des technologies, en particulier
les nouvelles technologies de l’information et de la communication, qui sont
à la base des nouveaux avantages compétitifs au niveau international.

Tableau 4: Composantes de l’IDT en 2002

 


Innovation
techno-logique


Diffusion des
technologies


Compé-tences humaines


  récentes


  


anciennes 

Du-rée mo-yen-ne de la
sco-lari-té ( an-nées ) 2000b

taux brut
d’ins-crip-tion dans les fili-ères scien-tifi-ques du supé-rieur (%) 1995-97

Bre-vets accor-dés à
des rési-dents ( par mil-lions d’hab-itants ) 1998

Rede-vances et droits
de li-cence reçus ( en $ pour 1000 habi-tants ) 1999

ordina-teurs reliés à
Inter-net ( pour 1000 habi-tants ) 2000

Ex-porta-tions à
con-tenu tech-nolo-gique inter-médi-aire ou fort ( %des exp-orta-tions de
mar-chan-dises ) 1999a

Télé-pho-nes ( lig-nes
d’abon-nés et por-table pour 1000 hab-itants ) 1999

con-som-ma-tion
d’élec-tri-cité (kWh par habi-tants) 1998


Tunisie

,,,

1,1

,,,

19,7

96

824

5

3,8


Egypte

(,)

0,7

0,1

8,8

77

861

5,5

2,9


Portugal

6

2,7

17,7

40,7

892

3396

5,9

12


Pologne

30

0,6

11,4

36,2

365

2458

9,8

6,6


Malaisie

,,,

0,0

2,4

67,4

340

2554

6,8

3,3


Chine

1

0,1

0,1

39

120

746

6,4

3,2


Thaïlande

1

0,3

1,6

48,9

124

1345

6,5

4,6

 
Tableau 5: Investissements dans
l’innovation technologique

 


Durée moyenne de la
scolarité  (années) (population de 15 ans et plus)


Dépenses de
recherche/ développement(R/D) (1987-97)


Scientifiques et ingénieurs travaillant dans la R et D(pour 100000
habitants)

(1987-97)


1970

1980

1990

2000

en % du PNB

Part des Entreprises


Tunisie

1,5

2,9

3,9

5

0,3

,,,

125


Egypte

,,,

2,3

4,3

5,5

0,2

,,,

459


Portugal

2,6

3,8

4,9

5,9

0,6

18,9

1182


Pologne

7,9

8,8

9,5

9,8

0,8

31,8

1358


Malaisie

3,9

5,1

6

6,8

0,2

8,3

93


Chine

,,,

4,8

5,9

6,4

0,7

,,,

454


Thaïlande

4,1

4,4

5,6

6,5

0,1

12,2

103


PED

,,,

3,9

4,9

,,,

,,,

,,,

,,,


OCDE

7,3

8,6

9,1

9,6

2,3

,,,

2585


Asie de l’Est et
Pacifique

,,,

4,7

5,7

,,,

1,3

,,,

,,,


Asie du Sud

2,1

3

3,9

4,7

0,6

,,,

152


Europe de l’Est et
CEI

,,,

,,,

,,,

,,,

0,9

,,,

2437


Pays à développement
humain Moyen

,,,

4,1

5,1

,,,

0,6

,,,

,,,


Pays à revenu
intermédiaire

,,,

4,8

5,9

,,,

1

,,,

687


Monde

,,,

5,2

6

,,,

2,2

,,,

959

Source : PNUD 2002


C) Evolution du niveau
des qualifications :

L’objectif
du développement technologique donne plus d’importance aux investissements
dans l’éducation et la formation en vue d’accroître le niveau des
qualifications de la population. En matière d’éducation, la Tunisie a
réalisé des progrès notables au cours des deux dernières décennies, qui se
matérialisent notamment à travers l’augmentation du niveau d’instruction 
comme l’indique le Tableau 6.


Tableau 6 : Evolution des
qualifications

  Indice de
niveau d’instruction
taux net de
scolarisation dans le primaire (%)
  taux net de
scolarisation dans le secondaire (%)
Inscription
dans les filières scientifiques, mathématiques et techniques du
supérieur (en % du taux d’inscription dans le supérieur) 1994-97
 
  2002 1985-87 1998 1985-87 1998 1994-97
Tunisie

0,72

94

98

32

55

27

Egypte

0,62

92

15

Portugal

0,94

100

100

88

31

Pologne

0,94

99

96

75

57

Malaisie

0,8

98

93

Chine

0,8

94

91

50

53

Corée

0,95

96

97

85

34

Espagne

0,97

100

100

92

30

France

0,97

100

100

82

94

25

OCDE

0,94

Pays à
revenu intermédiaire

0,82

Monde

0,75


Source : PNUD 2002

Cependant, le niveau atteint reste faible par rapport aux pays de l’OCDE et
les pays à revenu intermédiaire. Par ailleurs, l’éventail des qualifications
offert par le système éducatif reste inadéquat par référence aux besoins en
compétences dans les filières techniques d’un niveau supérieur. En effet, la
structure du système est concentrée sur l’enseignement primaire avec un taux
de scolarisation de 98% contre 55% seulement dans l’enseignement secondaire.
En outre, le pourcentage d’inscription dans les filières scientifiques et
techniques de l’enseignement supérieur demeure insuffisant.

D’où la nécessité d’adapter la politique en matière de ressources humaines
aux contraintes d’une économie moderne : maîtrise des technologies et
création de nouvelles sources de productivité. Cet objectif peut être
réalisé à travers la réforme du système éducatif et la promotion de la
formation professionnelle en vue d’initier un processus d’accumulation de
connaissances et fournir sur le marché du travail les qualifications
indispensables au développement de la capacité compétitive de l’entreprise
et à l’assimilation et l’adaptation des technologies nouvelles, en
particulier celle de l’information et des communications.

II-1-2- Evolution de la productivité globale des facteurs.

La compétitivité dépend d’un ensemble de facteurs dont les uns sont liés aux
coûts des facteurs de production, les autres ont trait au cadre
institutionnel, à la diversification sectorielle et géographique, la qualité
des produits et le respect des délais de livraison, les compétences en
matière de distribution et de commercialisation, l’innovation, la réactivité
et la flexibilité du système productif pour répondre en permanence à
l’évolution de la demande internationale, l’accumulation des connaissances
et du savoir-faire et l’amélioration des compétences.

Ces variables ont une dimension qualitative et par conséquent leur
contribution à la compétitivité d’une nation est difficile à quantifier.
Cependant, on pourrait l’évaluer à travers l’évolution de la productivité
globale des facteurs.

En effet, le Tableau 7 révèle, pour la période 1992-2001, une progression
plus rapide de la croissance de la PGF à partir de 1997, pour l’ensemble du
système productif tunisien. Sa contribution à la croissance passe de 40%
entre 1992-96 à 50% entre 1997-2001. Par contre, la contribution des
facteurs capital et travail a diminué sur la même période pour se situer à
19% et 31%, respectivement, entre 1997-2001. En revanche, on observe à
partir de 1997, une croissance plus rapide de la productivité partielle de
ces facteurs, notamment pour le capital, ce qui montre une meilleure
efficacité de l’utilisation du capital, d’autant plus que l’accumulation de
ce facteur a progressé avec le même rythme qu’avant 1997.

Tableau 7 : Evolution de la
productivité globale des facteurs.(1992-2001)

 

Accroissement annuel
moyen (%)

Contribution à la
croissance

Secteur
productif

1992-96

1997-2001

1992-96

1997-2001

Valeur ajoutée

4,4

5,8

 

 

Emploi

2,3

2,6

36

31

Stock de capital

3,6

3,6

24

19

PGF

1,7

2,9

40

50

Productivité du
travail

2,1

3,2

 

 

productivité du
capital

0,8

2,2

 

 

 

 

 

 

 

Industries
manufacturières

 

 

 

 

Valeur ajoutée

5,1

5,7

 

 

Emploi

3,1

3,6

42

44

Stock de capital

1,3

2,1

7

11

PGF

2,6

2,6

51

45

Productivité du
travail

2

2,1

 

 

productivité du
capital

3,8

3,6

 

 

Source : IEQ (2000)

S’agissant des industries manufacturières, la PGF a
continué à progresser avec le même rythme soit 2.6% en moyenne par an, alors
que sa contribution à la croissance de la production a diminué de 51% entre
1992-96 à 45 % entre 1997-2001. Celle des facteurs de production, en
revanche, a augmenté sur la même période. Les faibles performances du
secteur manufacturier sont expliquées par des insuffisances aussi bien
internes [15] qu’externes [16] à l’entreprise tunisienne [17].

Ces résultats montrent une amélioration de la compétitivité globale et
apparaissent donc favorables à une insertion plus poussée de l’économie
nationale dans l’économie mondiale. Cependant, les bases du succès réalisé
sont devenues insuffisantes pour deux raisons : la première est que la
productivité à l’origine de l’amélioration de la compétitivité est due
plutôt à une plus grande utilisation des capacités productives, étant donné
la politique de surinvestissement au cours des années 70. La seconde est que
les conditions du marché international ont complètement changé exigeant une
meilleure productivité.

Pour réussir le défi de la compétitivité et garantir ainsi les bases d’une
croissance soutenue à long terme, la Tunisie devra réaliser des niveaux de
productivité globale plus élevés. Pour cela, il sera nécessaire d’adopter
une stratégie économique axée sur le développement des TIC et sur
l’amélioration du niveau de qualification de la main d’œuvre par les
politiques d’éducation et de formation dans les domaines techniques et
scientifiques, la promotion de l’investissement, en particulier
l’investissement privé, l’amélioration du cadre macro-économique et de la
productivité de l’administration publique qui permettra à son tour une
amélioration du secteur privé. Ces actions sont de nature à satisfaire aux
conditions de la compétitivité.

[1][5]
excepté celles autorisées par les règles du GATT


[1]
[6]
Toutefois, dans le cas de difficultés graves de la balance des paiements,
des mesures restrictives sur les transactions courantes peuvent être
adoptées pour une durée limitée à condition d’en informer immédiatement
l’autre partie.


[1]
[7]
Par exemple, les accords ou ententes entre entreprises, les positions
dominantes exploitées par une ou plusieurs entreprises, ou toute aide
publique favorisant de manière discriminatoire certaines entreprises ou
certains secteurs.


[1]
[8]
l’accord prévoit d’ailleurs de nombreuses actions de soutien de l’UE à la
Tunisie pour la restructuration de son économie. 


[1]
[9]
Banque Centrale de Tunisie (2003)

[1][10]
Région du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord.


[1]
[11]
une enquête annuelle est lancée par le bureau de mise à niveau pour assurer
le suivi et dégager l’impact des plans de mise à niveau sur les indicateurs
de performance et de compétitivité des entreprises.

[1][12]
Croissance des chiffres d’affaires et résultats bruts d’exploitation,
augmentation de l’emploi et hausse du taux d’encadrement, orientation de la
production vers l’exportation pour des entreprises qui étaient exclusivement
tournées vers le marché intérieur . 


[1]
[13] 
Ces composantes sont : l’innovation technologique, évaluée à partir du
nombre de brevets délivrés et la valeur des redevances et droits de licences
reçus ; la diffusion des technologies récentes évaluée sur la base du nombre
d’ordinateurs reliés à Internet et la part des exportations de produits à
contenu technologique intermédiaire ou fort dans le total des exportations
de marchandises ; la diffusion des technologies anciennes mesurée par le
nombre d’abonnés au téléphone fixe et mobile pour 1000 habitants et la
consommation d’électricité par habitant et les compétences humaines appréciées à
travers la durée moyenne de la scolarité et le taux brut d’inscription dans
les filières scientifiques du supérieur. Chaque composante est évaluée par
un indice (voir méthode de calcul dans PNUD, 2001).

[1][14]
Pays ayant un IDT compris entre 0.2 et 0.34, qui ont fait preuve de
dynamisme dans l’utilisation des nouvelles technologies, avec des
compétences humaines nettement supérieures à celle des pays considérés « en
marge des technologies », des industries de hautes technologies pour
certains d’entre eux, mais dans lesquels la diffusion de technologies
anciennes y reste lente et insuffisante.