Textile : des groupes britanniques accusés d’exploitation au Bangladesh

 
 
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Un consommateur pousse un caddie dans un supermarché Tesco de Liverpool (Photo : Paul Ellis)

[08/12/2006 14:22:23] LONDRES (AFP) Le numéro trois mondial des supermarchés, Tesco, et la filiale britannique de Wal-Mart ont été accusés vendredi par une ONG d’exploiter les femmes qui fabriquent leurs vêtements au Bangladesh, payées cinq pence de l’heure pour 80 heures de travail par semaine.

La chaîne britannique de magasins Primark est également épinglée par l’organisation “War on Want” dans un rapport intitulé “Victimes de la mode: le vrai coût des vêtements bon marché de Primark, Asda et Tesco”.

Une enquête avait déjà été ouverte en octobre au Bangladesh après qu’un reportage de la télévision britannique eut montré des enfants fabriquant des vêtements pour Tesco.

L’ONG a interrogé 60 employés dans six ateliers de Dacca employant 5.000 personnes, pour la plupart des femmes, et fournissant les trois distributeurs.

Selon le rapport, bien que Tesco, Asda et Primark soient engagés officiellement à payer un salaire mensuel de 22 livres (32,5 euros), qui correspond au minimum vital au Bangladesh, les fiches de paie commencent à huit livres par mois dans les ateliers.

“Même les opératrices de machine à coudre les mieux payées touchent seulement 16 livres par mois, ce qui correspond à cinq pence (sept centimes d’euro, ndlr) de l’heure pour les 80 heures qu’elles doivent régulièrement faire chaque semaine”.

Les abus concernent aussi la durée du travail, selon l’ONG. Là encore, les trois entreprises demandent à leurs fournisseurs de ne dépasser qu’exceptionnellement le plafond de 48 heures hebdomadaires avec un jour de congé par semaine, mais la pratique est toute autre.

“Les personnes interrogées travaillent jusqu’à 96 heures par semaine – soit le double – et perdent souvent leur jour de congé. Il est arrivé que les propriétaires de l’usine imposent jusqu’à 140 heures de travail supplémentaire par mois, souvent non payé, sous peine de licenciement”.

“S’il y a une vacation de nuit, il nous faut travailler jusqu’à trois heures du matin”, témoigne Farzana, dont l’atelier fournit les trois marques, toujours d’après le rapport.

Les trois groupes ont rejeté les accusations de l’ONG.

“Tesco propose des vêtements bon marché à ses clients britanniques, dont nombre de familles à faibles revenus, mais pas au prix de mauvaises conditions de travail chez ses fournisseurs”, a affirmé un porte-parole du groupe, qui possède 563 supermarchés au Royaume-Uni.

“Nous sommes membre de l’Initiative pour un commerce éthique et pleinement engagés dans la campagne destinée à améliorer les conditions de travail au Bangladesh”, a souligné un représentant des 160 enseignes Primark.

Asda a assuré avoir inspecté les 13.000 fournisseurs de ses 313 supermarchés pour s’assurer qu’ils n’exploitaient pas la main d’oeuvre.

Le marché britannique de l’habillement (33 milliards de livres en 2006), très concurrentiel, est de plus en plus dominé par les chaînes à bas prix et les supermarchés, y compris pour les vêtements dits de qualité.

Selon des chiffres de Verdict Research, la part de marché de Primark dans les vêtements de qualité est passée de 12,9% à 15,7% entre 2005 et 2006, tandis que Tesco a doublé la sienne dans les vêtements féminins depuis 2002.

En même temps, le prix moyen des vêtements et des chaussures a baissé de 14,4% entre 2001 et 2005, “importateurs et distributeurs parvenant à trouver des fournisseurs bon marché dans les pays où la main d’oeuvre est moins chère”, selon une étude du cabinet de recherche Key Note parue en mars.

 08/12/2006 14:22:23 – © 2006 AFP