[08/12/2006 14:44:48] BRUXELLES (AFP) L’Union européenne a annoncé jeudi que la Turquie lui avait proposé d’honorer en partie ses engagements en ouvrant un port aux navires chypriotes grecs, une offre immédiatement rejetée par Nicosie qui a estimé qu’elle “bafouait” l’Union. Les ambassadeurs des 25 à Bruxelles doivent à nouveau se réunir ce vendredi pour éclaircir la question avant la réunion des ministres de lundi. “La Turquie a informé la présidence finlandaise (de l’UE) de son intention d’ouvrir provisoirement un port important aux navires chypriotes”, a indiqué jeudi le ministre finlandais des Affaires étrangères, Erkki Tuomioja. La présidence avait dans un premier temps parlé d’un port et d’un aéroport mais il s’agit en fait d’un port et “probablement” d’un aéroport, a précisé un porte-parole finlandais. A quatre jours d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE qui doivent se prononcer sur une suspension partielle des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, le ministre chypriote grec des Affaires étrangères George Lillikas a immédiatement rejeté la proposition qui, a-t-il déclaré, “bafoue l’UE parce qu’elle est dépourvue de tout contenu sérieux”. “Nous avons clairement dit à l’UE que ce n’était pas négociable”, a-t-il ajouté, soulignant que la Turquie devait appliquer le protocole d’Ankara. La Turquie a signé en 2005 ce protocole qui étend son union douanière avec l’UE aux dix Etats entrés dans le bloc européen en 2004. Mais elle refuse de l’appliquer à la République de Chypre (chypriote grecque), dans le sud de l’île divisée depuis 1974, et de lui ouvrir ses ports et aéroports. En raison de ce refus, la Commission européenne a recommandé le 29 novembre la suspension de 8 des 35 chapitres des pourparlers d’adhésion turcs. D’autres Etats membres de l’UE ont été plus positifs que Chypre sur l’offre turque. Français et Grecs, parmi les moins enthousiastes face à la perspective d’une entrée de la Turquie dans l’UE, ont réclamé des clarifications d’Ankara. Mais Italiens, Allemands, Néerlandais et Finlandais, tout comme la Commission, ont estimé que l’offre pourrait éventuellement être une avancée importante si elle était inconditionnelle. “Si ce pas se confirme, c’est évidemment un pas très important dans le sens de l’application complète du protocole d’Ankara”, a notamment dit le président de la Commission José Manuel Barroso. Ankara a refusé de commenter officiellement son offre. Mais un responsable turc a assuré sous le couvert de l’anonymat que son pays était prêt à ouvrir un port et un aéroport pendant un an, mais attendait dans ce laps de temps la résolution globale du problème chypriote sous l’égide de l’ONU. Plusieurs sources diplomatiques européennes craignaient jeudi que cette offre soit “conditionnée” à la levée de l’isolement de Chypre du nord, via la reprise du commerce direct de l’UE avec le port chypriote turc de Famagouste et l’ouverture de l’aéroport chypriote turc d’Ercan. Des mesures que réclame depuis longtemps Ankara. Les Chypriotes grecs, qui posent systématiquement leur veto à des mesures commerciales en faveur de la partie nord et sont les plus hostiles à une adhésion de la Turquie, ont insisté jeudi sur le fait qu’il était “hors de question” pour eux d’ouvrir l’aéroport d’Ercan. Les Finlandais s’étaient heurtés à ces difficultés en tentant ces derniers mois de trouver un compromis avec Ankara et Nicosie. Avant d’annoncer la semaine dernière qu’ils jetaient l’éponge. Le plan qu’ils avaient présenté fin septembre visait à lever l’embargo commercial infligé à la partie turque de l’île– comme promis par l’UE et réclamé par Ankara– moyennant l’ouverture de quelques ports turcs. Mais les Turcs exigeaient aussi l’ouverture de l’aéroport d’Ercan. |
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