[08/12/2006 15:45:57] PARIS (AFP) A quelques mois de l’élection présidentielle, la classe politique française, droite et gauche confondues, s’en prend à la Banque centrale européenne (BCE) et s’inquiète de l’euro fort, accusé de freiner les exportations et donc la croissance, dans un contexte économique maussade. Cinq ans après l’introduction de la monnaie unique, la BCE est ainsi la cible du gouvernement et des deux candidats favoris des sondages pour 2007, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, qui lui reprochent d’encourager le renchérissement de l’euro par ses relèvements de taux. La dernière hausse, décidée jeudi, a été l’occasion d’une sévère attaque de Mme Royal contre l’indépendance de la banque et son président Jean-Claude Trichet. “Ce n’est plus à M. Trichet de décider de l’avenir de nos économies, c’est aux dirigeants démocratiquement élus”, a-t-elle lancé. Pour la candidate, la BCE doit être “soumise à des décisions politiques, bien sûr celles de l’Eurogroupe” (ministres des Finances de la zone euro) “mais aussi celles du Conseil européen”. Le premier secrétaire du PS, François Hollande, a cependant nuancé ces propos, en déclarant vendredi: “nous devons revenir à l’esprit des traités avant de vouloir les modifier”. Une remise en cause de l’indépendance de la banque centrale supposerait une révision des traités européens, qui interdisent toute interférence des Etats membres de la zone euro dans la conduite de la politique monétaire par la BCE. Nicolas Sarkozy a également appelé à un changement de la politique monétaire de l’UE au bénéfice de l’emploi. En novembre, le président de l’UMP jugeait “très curieux que les Européens se soient donnés tant de mal à créer une monnaie puissante –l’euro– et qu’ils s’acharnent autant à ne pas s’en servir”.
Le programme législatif UMP préconise ainsi une politique monétaire européenne “plus équilibrée entre la lutte contre l’inflation et la soutien de la croissance et de l’emploi”, et la mise en place d’un “gouvernement économique de l’Europe”. Le gouvernement n’est pas en reste, d’autant qu’il a besoin d’un redémarrage de la croissance après le coup d’arrêt du 3e trimestre. Le ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, est monté à plusieurs reprises au créneau, et a appelé la semaine dernière à une “grande vigilance” après que l’euro a bondi à des niveaux inédits depuis 20 mois face au dollar. Mi-novembre, Dominique de Villepin avait fustigé “un euro trop fort” qui “pénalise notre industrie face à la concurrence américaine”. Pour le Premier ministre, l’UE doit se doter d’un “bouclier monétaire” et d’une “véritable stratégie de change” intégrant des objectifs de croissance, de protection de l’industrie et de l’emploi. Le débat sur l’euro a rebondi avec une polémique autour de l’indice des prix. La candidate PS et le patron de l’UMP, qui ont tous deux fait du pouvoir d’achat une priorité de leur campagne, jugent les statistiques trompeuses sur l’évolution réelle des prix. “Les indices habituels de calcul de l’inflation ne reflètent pas la réalité de la hausse des prix au quotidien, et le passage à l’euro a organisé une hausse assez massive des prix dans notre pays”, a assuré M. Sarkozy, qui estime que “l’indice des prix doit être changé”. De son côté, Mme Royal, pour qui la hausse moyenne du pouvoir d’achat –1,1% en 2005, selon les chiffres officiels– “ne correspond pas à la réalité”, plaide pour “un calcul démocratique des hausses du coût de la vie”. |
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