[08/12/2006 16:09:11] PARIS (AFP) La montée en puissance des fonds d’investissement dans l’économie française soulève l’inquiétude des syndicats, qui dénoncent les dérives d’une logique “financière à court terme” et socialement “destructrice”, ses promoteurs se présentant au contraire comme des créateurs d’emplois. Que ce soit Aubade, Dim, Noos, Picard, ou des filiales d’Areva, les plans sociaux et conflits se succèdent dans ces entreprises, rachetées partiellement ou totalement par des fonds d’investissement. En France comme ailleurs, l’emprise du capital-investissement s’exerce sur des entreprises de plus en plus grosses. Et côté syndical, on découvre ce phénomène, jugé globalement inquiétant. “Les fonds peuvent avoir un rôle économique positif lorsqu’ils reprennent des sociétés en difficulté. Mais le problème fondamental c’est que cet investissement n’est jamais pérenne, donc contraire à la stabilité de l’activité et de l’emploi”, observe Patrick Poizat de la CFTC. “Avec une logique purement financière, ils se comportent comme des prédateurs, ne se souciant ni de l’emploi ni du devenir industriel”, estime Marie-Suzie Pungier (FO). Pour la CGT, les suppressions d’emplois annoncées dans le textile relèvent de la responsabilité des fonds. “La première chose qu’ils font, c’est casser!”, dénonce Maurad Rabhi. Mais pour les promoteurs des fonds, les 4.852 entreprises gérées directement ou indirectement (83% des PME de moins de 500 salariés) par le capital-investissement en France ont créé 60.000 emplois depuis fin 2004, selon une étude de l’Association française des investisseurs en capital (Afic). Leurs effectifs ont augmenté de 4%, alors que dans le même temps, les effectifs du secteur privé n’ont progressé que de 0,6%, et ceux des entreprises du CAC 40 ont régressé de 0,2%. “L’ensemble des entreprises détenues par le capital-investissement se développent plus vite et créent plus d’emplois que l’ensemble de l’économie en France”, affirme Patrick Sayer, président de l’Afic. “On s’intéresse à des sociétés qui sont en grande difficulté. Quand on reprend une société, on ne peut pas forcément reprendre tout le monde”, se défend Christophe Talon, du fonds Green Recovery, qui est en négociation pour racheter la filiale photo de Hachette Filipacchi Médias (HFM) ainsi qu’une filiale d’Areva dans le Rhône. Le capital-investissement regroupe trois activités: l’amorçage, le développement et la transmission. Et c’est cette dernière facette, appelée “Leverage buy out” (LBO, rachat par endettement) qui concentre le feu des critiques. “La plupart des LBO concernent des entreprises qui se portent bien. Pendant la durée du LBO, tous les dividendes servent à rembourser la dette. Cela crée une pression financière inouïe, au détriment des investissements, de l’emploi et des salaires”, s’insurge Philippe Matzkowski, qui a crée récemment un “Collectif anti LBO”, affilié à la CGT. Demandant au gouvernement de “mettre un terme à ces pratiques spéculatives et prédatrices”, les députés communistes ont déposé jeudi une proposition de résolution destinée à créer une commission d’enquête sur le rôle et les méthodes des fonds. Pour calmer la méfiance des acteurs sociaux, l’Afic vient également d’initier des rencontres bilatérales avec les syndicats, et se dit favorable à ce que les salariés soient “davantage représentés au sein des entreprises” via l’actionnariat salarié. |
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