Philippines : les sommets de l’Asie-Pacifique s’achèvent avant d’avoir commencé

 
 
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Le responsable du comité d’organisation du sommet de l’Asean, Marciano Paynor (g), lors d’une conférence de presse, le 8 décembre à Cebu aux Philippines (Photo : Romeo Gacad)

[09/12/2006 10:13:48] CEBU (Philippines) (AFP) Des milliers de délégués dépités quittaient samedi les Philippines après le report aux allures de fiasco de deux sommets asiatiques, officiellement pour cause de typhon, officieusement pour menaces terroristes.

C’est sous une pluie battante que les milliers de participants de seize pays d’Asie-Pacifique — 10.000 délégués et responsables étaient annoncés — ont plié bagage après le report de dernière minute justifié, officiellement, par l’approche du typhon Utor.

De la pompe prévue pour la réunion, ne subsistaient plus que des couronnes de fleurs aux allures mortuaires, installées à l’entrée du bâtiment spécialement construit pour l’occasion, pour dix millions de dollars.

Les sommets annuels de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) et de l’Asie de l’Est devaient démarrer dimanche sur l’île centrale de Cebu. Ils ont été reportés à janvier, selon les organisateurs, mais aucune nouvelle date n’a été fixée.

L’ensemble des travaux a été suspendu et seule une brève rencontre entre les chefs de la diplomatie jap Encore bondé la veille, le centre des expositions hébergeant les médias était quasiment désert samedi. Ajoutant à l’ambiance chaotique, son toit prenait l’eau et des employés aux pieds nus s’affairaient à protéger à l’aide de cartons son unique portail à rayons X.

onaise et chinoise s’est tenue samedi matin.

Les organisateurs ont assuré que seule l’approche du typhon les avait contraints au report. Utor, tempête tropicale vendredi, puis classée samedi en typhon et qui s’accompagne de vents allant jusqu’à 120 km/h, devait toucher l’île de Samar dans la journée de samedi, selon les services de métérologie. Samar est située à environ 200 km de Cebu, où le niveau d’alerte est toutefois resté modéré.

Mais le motif des intempéries invoqué officiellement a été mis en doute jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Des sources au sein du ministère des Affaires étrangères ont ainsi évoqué vendredi soir le risque d’un attentat terroriste.

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Un navire patrouille le 8 décembre 2006 à Cebu aux Philippines où le sommet de l’Asean a été reporté (Photo : Jay Directo)

“La menace d’une attaque terroriste était l’une des raisons de ce report”, selon l’une de ses sources qui n’a pas spécifié la nature des menaces.

Déjà ces derniers jours, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie et le Japon avaient lancé une mise en garde contre de possibles actions enjoignant à leurs ressortissants d’éviter Cebu durant le sommet.

Peu avant l’annonce du report, la police des Philippines avait révélé qu’elle enquêtait sur un projet d’empoisonnement d’une source d’eau potable de Cebu. Deux responsables d’Interpol devaient se rendre samedi dans l’île pour contribuer à la sécurité des réunions.

“Le vrai souci, c’était un incident en marge du sommet et cette peur était bien réelle”, a indiqué Mike Clancy, organisateur d’un forum financier prévu en marge des réunions.

Les Philippines abritent plusieurs organisations terroristes. Parmi elles, figure le groupe extrémiste islamiste Abou Sayyaf actif dans le sud de l’archipel et considéré par Washington et Manille comme lié au réseau terroriste Al-Qaïda d’Oussama ben Laden.

Le scepticisme sur le motif officiel a été d’autant plus grand que les métérologues n’avaient pas spécifiquement recommandé l’annulation des sommets. “Nous étions préparés à un possible typhon. A notre sens, cela ne posait pas de problèmes”, a déploré Nagiel Banacia, porte-parole du maire de Cebu, Tomas Osmena. “C’est un coup terrible pour Cebu. Toute le monde est abattu”.

Quelque 5.000 policiers et militaires avaient été déployés à Cebu pour assurer la sécurité du sommet auquel devaient assister environ 10.000 délégués et journalistes.

Ironie du sort, l’Asean avait inscrit la lutte antiterroriste en priorité à son ordre du jour. Elle devait notamment parapher un accord de lutte antiterroriste imposant à ses 10 membres de coopérer dans ce domaine.

Fondée en 1967, l’Association compte dix pays : Malaisie, Indonésie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Brunei, Laos, Vietnam, Cambodge et Birmanie.

 09/12/2006 10:13:48 – © 2006 AFP