L’Opep à Abuja pourrait abaisser sa production

 
 
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Edmund Daukoru donne une conférence de presse le 11 septembre 2006 à Vienne (Photo : Dieter Nagl)

[10/12/2006 10:29:48] PARIS (AFP) L’Opep pourrait bien mettre à exécution, lors de sa réunion prévue jeudi à Abuja au Nigeria, sa menace d’abaisser encore une fois sa production de pétrole, démontrant qu’elle entend désormais défendre un prix plancher de 60 dollars le baril, selon des analystes.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintes fois évoqué cette possibilité depuis sa dernière réunion le 20 octobre à Doha: bien qu’ayant alors annoncé une forte réduction de sa production (de 1,2 million de barils par jour), elle n’avait pas franchement été prise au sérieux par les marchés et n’avait pu empêcher les cours de reculer à quelque 56 dollars, un plus bas depuis plus d’un an.

Plusieurs ministres se sont prononcés dans le sens d’une baisse ces derniers jours: le ministre indonésien de l’Energie, Purnomo Yusgiantoro, est allé jusqu’à évoquer une baisse de production de 1 à 1,5 mbj (sur un quota total de 28 mbj, laissé inchangé à la réunion de Doha).

Le président de l’Opep et hôte de la réunion, le Nigérian Edmund Daukoru a pour sa part avancé le chiffre d'”au moins” un demi-million de barils par jour. Et le chef de file du cartel, l’Arabie saoudite, a lui aussi laissé entendre qu’il était favorable à une baisse.

Pour John Hall, du cabinet d’études du même nom, l’Opep, “avec des cours à plus de 60 dollars le baril, n’a aucune raison de réduire sa demande, mais il se peut bien qu’elle le fasse au nom de sa crédibilité politique”.

Le cartel, “depuis la réunion de Doha, a parlé d’une nouvelle baisse et de son intention de rééquilibrer le marché, et il aura du mal à se réunir la semaine prochaine sans faire de geste décisif”, estime-t-il.

“Cela n’est pas leur position officielle”, mais le fait que la baisse de Doha ait été décidée alors que les prix évoluaient sous les 60 dollars “conforte l’idée” qu’il s’agit d’un nouveau plafond pour les prix, renchérit Veronica Smart, analyste au Energy Information Centre.

Les dirigeants de l’Opep n’envisagent pas la situation sous le même angle: “Certains facteurs, comme le ralentissement de la croissance mondiale et l’accroissement des réserves de brut et de produits dérivés, indiquent que le marché a besoin d’une nouvelle réduction de l’Opep”, a ainsi argué l’ambassadeur iranien Hossein Kazempour Ardebili.

La nette dépréciation du dollar ces dernières semaines, qui réduit les recettes des pays producteurs, pourrait aussi entrer en ligne de compte dans la décision du cartel, comme elle l’a déjà fait dans un passé récent.

D’autres experts rappellent cependant que ce qui est le plus décisif en matière de cours est la production réelle du cartel, et non son quota officiel, avec lequel beaucoup des pays membres prennent des libertés.

Or, l’Opep a déjà eu du mal à convaincre lors de sa dernière baisse: “sur les premiers 1,2 million de barils par jour, même les estimations les plus optimistes parlent d’une application à 66%”, rappelle Bill O’Grady, analyste de AG Edwards. Le manque de discipline à l’Opep est un problème récurrent, qui sera probablement abordé à Abuja.

Pour sa dernière réunion de l’année, et a fortiori puisque celle-ci se déroule en Afrique, les pays membres de l’Opep devraient aussi -au moins de façon informelle- évoquer la probable candidature de l’Angola, et peut-être du Soudan et de l’Equateur, mais aucune décision à cet égard n’est attendue cette fois.

La réunion se déroulera dans un grand hôtel d’Abuja, capitale du Nigeria, un poids lourd sur le continent, mais qui ne parvient pas à faire profiter l’ensemble de sa population de ses richesses pétrolières. Les attaques contre les compagnies sont endémiques dans la région productrice du Delta du Niger et quatre expatriés ont été enlevés jeudi.

 10/12/2006 10:29:48 – © 2006 AFP