[11/12/2006 09:42:18] SAN FRANCISCO (AFP) Passer trop de temps sur internet, mauvaise habitude ou véritable trouble du comportement? Une équipe de chercheurs américains tente de prouver qu’un tel comportement, qui touche selon leurs conclusions un internaute sur huit, mérite un diagnostic médical. Près de 14% des internautes américains montrent au moins un signe de “cyberdépendance”, selon une étude publiée par l’école de médecine de l’université de Stanford, en Californie (ouest). Cette étude épidémiologique, menée par téléphone auprès de 2.513 personnes réparties dans les 50 Etats américains, est la première de cette envergure destinée à mesurer l’utilisation excessive d’internet et les problèmes qu’elle peut engendrer. Les sondés, dont près de 69% sont des internautes réguliers, sont “5,9% à penser que leurs relations souffrent d’une utilisation excessive d’internet; 8,7% essaient de cacher le temps superflu passé en ligne; 13,7% d’entre eux ont des difficultés à se passer d’internet pendant plusieurs jours consécutifs; 8,2% considèrent Internet comme une échappatoire à leurs problèmes ou à leur mal-être; 12,3% ont essayé de réduire leur utilisation d’Internet. Enfin, 12,4% restent souvent en ligne plus qu’escompté”, révèle l’étude. “Depuis trois ou quatre ans, nous recevons dans notre clinique des personnes qui expliquent qu’internet a un impact négatif sur leur vie”, explique l’auteur de cette étude, Elias Aboujaoude, directeur de la clinique des troubles du contrôle des impulsions au département de psychiatrie et de médecine comportementale à Stanford. “Elles ont été licenciées ou leur conjoint menace de les quitter parce qu’elles passent trop de temps en ligne”, cite-t-il comme exemples. “Ces patients commencent par justifier le temps qu’ils passent sur internet. Une sanction au travail, un licenciement, ou la menace d’être quitté par leur conjoint leur fait comprendre qu’un comportement en apparence innocent peut créer beaucoup de problèmes”, assure le médecin. Ce temps excessif passé sur internet ne se limite pas à des sites pornographiques ou de casinos en ligne: il s’étend “des blogs à la vérification de ses courriels toutes les cinq minutes, ou aux sites spécialisés sur la bourse et les marchés financiers”, selon le docteur Aboujaoude. La cyberdépendance, peu étudiée jusqu’à maintenant, n’est pas reconnue comme une pathologie mentale à part entière: “une part significative de la population présente des signes suffisamment tangibles pour qu’il s’agisse d’un véritable problème, même si on ne peut pas encore parler de dépendance à internet”, tempère le médecin. Ce dernier prévoit de conduire d’autres études sur le sujet, en particulier en réalisant des entretiens psychiatriques individuels avec les patients qui souffrent d’un excès d’internet: “il s’agit d’éliminer d’autres causes qui pourraient expliquer qu’on passe tant de temps sur Internet”, explique-t-il. “L’anxiété sociale et les difficultés à interagir avec d’autres personnes face à face peuvent conduire à passer des heures en ligne; même chose pour le dépressif qui ne parvient pas à sortir de chez lui, et qui reste à la maison à jouer sur Internet”. Outre la facilité d’accès, la possibilité de redéfinir son existence peut expliquer l’attraction que suscite Internet, et en particulier au sein des communautés virtuelles: “Il est difficile de faire la différence entre votre vie virtuelle et la vraie vie, et c’est une pente très savonneuse pour ceux qui s’impliquent sur ces sites”, prévient-il. |
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