Arcelor Mittal accepte de réviser un contrat minier controversé au Liberia

 
 
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Le logo de Mittal (Photo : Damien Meyer)

[11/12/2006 14:17:10] PARIS (AFP) Le géant de l’acier Arcelor Mittal a accepté de réviser un accord de 2005 avec le Liberia pour l’accès à ses ressources en fer, un succès pour le nouveau pouvoir en place qui s’est engagé à renégocier plus avantageusement les contrats signés par l’ancien gouvernement, réputé corrompu.

Ce contrat, donnant accès au groupe à un milliard de mètres cubes de minerai de fer, doit apporter au pays plus d’un milliard de dollars d’investissements et devrait générer 3.500 emplois directs et de 15.000 à 20.000 emplois indirects, a indiqué le groupe lundi dans un communiqué.

La première version de cet accord de concession de 25 ans, signé en août 2005 par Mittal Steel, qui a depuis fusionné avec Arcelor, prévoyait un investissement de 900 millions de dollars avec l’engagement du groupe à développer les mines, les voies ferrées et les installations portuaires nécessaires à l’acheminement du minerai.

Hormis la révision des termes financiers, le groupe n’a pas donné plus de détails sur les différences entre les deux accords.

“Avec cet accord, qui est cohérent avec les principes qui attirent et maintiennent les investissements étrangers au Liberia, il est clair pour le secteur privé international que le Liberia est ouvert au développement des activités économiques”, s’est félicitée la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf, citée dans le communiqué.

La renégociation du contrat apparaît comme un succès personnel pour cette économiste formée à Harvard, élue en novembre 2005, qui s’était engagée à relever l’économie de ce pays d’Afrique de l’Ouest, très riche en ressources naturelles mais ravagé par plus d’une décennie de guerre civile (1989-2003), et à réviser les contrats conclus par le précédent gouvernement du président Gyude Bryant, réputé corrompu.

Selon la presse, la police anti-corruption néerlandaise avait lancé en juin des investigations sur les conditions d’attribution de ce contrat à Mittal.

Le gouvernement de Mme Johnson Sirleaf avait entamé en septembre les négociations avec Arcelor Mittal pour réviser l’accord.

En février, elle avait déjà annulé tous les contrats d’abattage de bois précédemment conclus et demandé au gouvernement de réglementer cette activité.

L’organisation non gouvernementale Global Witness s’était également élevée contre le contrat passé avec Mittal le jugeant “très défavorable au gouvernement, qui cède des droits importants relatifs à sa souveraineté ou en matière économique, en créant presque un Etat dans l’Etat”.

Global Witness pointait notamment du doigt le mécanisme de fixation du prix de vente du fer concédé à Mittal qui permettait au groupe “de vendre le fer à sa filiale à un prix inférieur à celui du marché, ce qui diminuera les taxes payées au gouvernement”.

Le fer du Liberia sera en effet utilisé par Arcelor Mittal pour sa propre production d’acier et lui permettra de limiter sa dépendance face aux grands fournisseurs de minerai, BHP Billiton, Rio Tinto et CVRD qui détiennent 70% du marché.

Arcelor Mittal entend être autosuffisant en matières premières à 64% en 2010.

“Savoir si cet accord est bon ou pas dépend des détails”, notamment sur le mécanisme de fixation des prix de vente du minerai, a réagi Patrick Alley, directeur de Global Witness.

 11/12/2006 14:17:10 – © 2006 AFP