[11/12/2006 13:58:05] MOSCOU (AFP) Le géant gazier russe Gazprom a annoncé lundi que la compagnie anglo-néerlandaise Shell s’était résolue à lui soumettre des “propositions” pour le gigantesque projet pétrolier et gazier Sakhaline-2, suscitant les spéculations sur la part que prendrait Gazprom. Alexeï Miller, président de Gazprom, a reçu vendredi à Moscou le PDG de Shell, Jeroen van der Veer, lequel “a fait une série de propositions concernant Sakhaline-2”, a annoncé le groupe russe, contrôlé par l’Etat. Le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, s’est refusé à toute précision, notamment sur une cession de l’ensemble des parts de Shell, qui détient 55% du consortium développant Sakhaline-2, avec les sociétés de négoce japonaises Mitsui (25%) et Mitsubishi (20%). Un porte-parole de Shell à Londres a qualifié le contenu de ces discussions de “confidentiel”, sans commenter les rumeurs de marché dans la capitale britannique sur une cession de la participation de Shell. Le porte-parole de Shell à Moscou, Maxime Choub, a assuré ne pouvoir “ni confirmer ni infirmer” un éventuel accord de principe à ce sujet. Mais les analystes russes penchaient plutôt en faveur d’une prise de participation de l’ordre de 30% de Gazprom dans le projet, d’où Shell ne se retirerait pas entièrement. “Shell restera dans le projet. Mais la part de Gazprom sera revue à la hausse et sera plutôt de l’ordre de 30% que des 25%” prévus par un accord gelé depuis 2005, estime notamment Artiom Kontchine, de la société d’investissement Aton Capital.
Shell et Gazprom ont signé en juillet 2005 un protocole d’accord en vue d’un échange d’actifs faisant entrer Gazprom à hauteur de 25% dans Sakhaline-2 en échange de 50% qu’il cèderait à Shell dans un projet du Grand Nord russe. Sakhaline-2, dont l’investissement total est de près de 22 milliards de dollars (16,6 milliards d’euros), est présenté comme le plus important investissement privé jamais réalisé au monde. Il vise à exporter par bateau à partir de l’été 2008 du gaz naturel liquéfié (GNL) depuis cette île au large de l’Extrême-Orient russe. Andreï Gromadine, de la banque MDM, évoque lui aussi une “part de contrôle” de l’ordre de 30% concédée à Gazprom, qui deviendrait le plus gros participant du projet, devant Shell. Mitsui et Mitsubishi pourraient également accepter de revoir leur participation à la baisse au profit de Gazprom. “La question reste de savoir ce que Gazprom va payer pour entrer dans le projet”, ajoute Artiom Kontchine, alors que Shell s’est retrouvé acculé à ces négociations suite à une série de contrôles de l’administration russe, largement considérés comme un moyen de pression politique. “Les pressions exercées sont sans précédent. Cela s’inscrit dans la politique du Kremlin de mieux contrôler le marché des hydrocarbures”, selon lui. Le projet Sakhaline-2 fait depuis des mois l’objet d’attaques des autorités, soupçonnées de vouloir obtenir un contrôle partiel du projet, via Gazprom. Sur la seule semaine dernière, le ministère des Ressources naturelles a suspendu 12 licences d’exploitation de l’eau sur Sakhaline-2 et le parquet a accusé Shell d’avoir violé la loi “plus de 100 fois” sur ce projet. Du coup, Shell aurait préféré céder que de voir son projet phare ruiné, souligne M. Gromadine, selon lequel une poursuite de la campagne de Moscou contre Gazprom “aurait un impact négatif sur l’ensemble de la compagnie”. En ne respectant pas l’environnement de Sakhaline, “Shell s’est mis lui-même dans cette situation où il ne peut plus choisir que la solution du moindre mal”, juge M. Kontchine. “La participation de Gazprom n’est pas forcément un mal pour ce projet”, souligne-t-il, évoquant l’atout qu’il constitue pour le transport du gaz. |
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