USA : la Fed laisse sans surprise ses taux inchangés pour la 4e fois consécutive

 
 
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Siège de la Réserve fédérale américaine à Washington (Photo : Karen Bleier)

[12/12/2006 20:58:42] WASHINGTON (AFP) La banque centrale américaine (Fed) a sans surprise laissé inchangé mardi son principal taux directeur à 5,25%, et s’est montrée prudemment optimiste pour l’avenir tout en rappelant la persistance des risques inflationnistes.

La Fed a répété son scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine, mais elle a aussi réaffirmé qu'”il reste certains risques d’inflation”, une phrase interprétée par les marchés comme le signe que la banque centrale n’est pas prête à baisser ses taux pour l’instant.

Pour bien faire passer le message, elle a redit que, s’il fallait une nouvelle hausse de taux, elle déciderait de l’ampleur et du calendrier au vu des perspectives pour l’inflation et la croissance. Le simple fait que les mots “resserrement monétaire” soient présents dans le communiqué dissipe pour les marchés l’idée d’un assouplissement à court terme du loyer de l’argent.

“L’équilibre des risques penche vers l’inflation”, a estimé Marie-Pierre Ripert d’Ixis CIB, qui ne prévoit pas de baisse des taux avant le deuxième trimestre de l’an prochain.

Dans le même temps, la banque centrale a donné un verdict un peu moins optimiste de la santé de l’économie.

“La croissance économique a ralenti depuis le début de l’année, reflétant en partie le ralentissement important du marché immobilier”, a-t-elle indiqué.

Mais “en dépit des indicateurs qui ont été mitigés récemment, l’économie devrait croître à un rythme modéré en moyenne dans les trimestres à venir”, a-t-elle ajouté.

Ces deux paragraphes contiennent une inflexion subtile: la décélération de l’immobilier est “importante” et certains des derniers indicateurs ont été décevants.

“Cela signifie que la Fed s’inquiète que le ralentissement immobilier ne contamine le reste de l’économie”, estime Marc Pado de Cantor Fitzgerald.

Un tel affaiblissement se ferait essentiellement par le biais de la consommation, si les ménages perdaient confiance et ne pouvaient plus emprunter autant qu’ils le voulaient.

Anticipant une décélération de la croissance beaucoup plus marquée que prévu, une partie des analystes tablent de ce fait sur une baisse des taux au printemps 2007.

Mais pour le moment, les difficultés de l’automobile et du bâtiment ne semblent pas contaminer le reste de l’économie. Les bons chiffres de l’emploi de novembre ont illustré cette dichotomie entre les secteurs qui vont bien (les services, qui représentent l’essentiel de l’économie américaine) et les autres.

C’est cette bonne santé du marché du travail qui est porteuse de risque sur le front de l’inflation, maintenant que les prix du pétrole se sont calmés.

Avec un très faible taux de chômage, les employés sont en position de force pour négocier des hausses de salaires, et celles-ci risquent de faire s’envoler les prix à la consommation si les entreprises les répercutent intégralement plutôt que rogner sur leurs profits.

La Fed a pris acte de la menace, en soulignant que “les niveaux élevés du taux d’utilisation des ressources” risquent d’alimenter les pressions inflationnistes.

De ce fait l’un des gouverneurs, Jeffrey Lacker, a fait une nouvelle fois cavalier seul en votant pour une hausse de 0,25 point.

La Fed s’est cependant voulu rassurante. Les pressions inflationnistes “devraient se modérer à terme”, du fait de la baisse des prix de l’énergie, de la bonne tenue des prévisions d’inflation et de l’effet de ses précédentes hausses de taux.

 12/12/2006 20:58:42 – © 2006 AFP