Attijari Bank : Le «quadruple engagement» de Khaled Ouedghiri
Le patron d’Attijariwafabank veut réussir le projet
de restructuration/relance de l’ex-Banque du Sud -devenue samedi 9 décembre
2006, Attijari bank- pour donner satisfaction à ses actionnaires marocains
et tunisiens, aux autorités tunisiennes et aux employés.
«Chez nous, on se demande ce que nous allons faire dans la
Banque du Sud, confrontée à des difficultés financières, car le choix d’y
investir 130 millions de dinars a été fait au détriment d’autres». Ainsi que
le souligne Khaled Ouedghiri, président directeur général d’AttijariWafa
Bank, le rachat de 54% du capital de la Banque du Sud est loin d’avoir été
jugé par tous, au Maroc, comme une initiative d’une perspicacité
indiscutable. Son groupe, par contre, n’a pas hésité à investir en Tunisie
et dans cette banque, après avoir bien analysé la situation de cette
dernière.
AttijariWafa Bank a choisi la Tunisie parce qu’elle y a
trouvé «tous les ingrédients» le rendant intéressant : un taux de croissance
régulièrement supérieur à 5%, une économie émergeante, créant de la richesse
et du pouvoir d’achat, et un modèle qui a donné naissance à une classe
moyenne».
En ce qui concerne la banque du Sud, Khaled Ouedghiri
préfère voir le bon côté des choses. Pour lui, cette banque n’est pas
seulement une somme de problèmes à résoudre. «C’est pour nous aussi une
opportunité. Les difficultés on peut les surmonter». En effet, si les
nouveaux actionnaires ont choisi de provisionner 160 millions de dinars de
pertes en 2006, c’est parce qu’ils jugent la banque digne d’intérêt, malgré
ses multiples faiblesses qu’un diagnostic approfondi, menée au cours des
derniers mois, a permis de détecter : absence de vision, politique
commerciale pas claire, ratios dégradés, poids des créances accrochées,
système d’information peu évolutif, gestion des ressources humaines et
communication insuffisante».
Mais ces faiblesses sont contrebalancées par des points
forts qu’énumère M. Mohamed Haitami, directeur général : capital historique,
réseau étendu, ressources humaines dévouées, potentiel de productivité,
leviers de développement à travers les filiales et une «niche» à
l’international».
Aussi, en dépit de réelles «menaces» (forte bancarisation,
concurrence accrue, forte concentration des risques, achèvement du
démantèlement douanier en 2008, et une réglementation de plus en plus
contraignante), M. Mohamed Haithami estime que la banque qu’il dirige depuis
une année présente «plus d’opportunités que de menaces». Des opportunités
liées à la libéralisation en cours du marché, aux grands projets
d’infrastructures, aux potentiel et gisements de croissance tant sur le
marché des particuliers que celui des grands groupes, à la bancassurance, et
aux activités de banque d’affaires et de «correspondant banking».
Et pour créer un environnement propice à la concrétisation
de ces opportunités, le nouvel actionnaire a eu l’intelligence de comprendre
qu’il lui fallait «exorciser le passé», pour libérer l’équipe de la banque
d’un poids dont elle «n’est pas responsable», en décidant de passer l’éponge
sur 160 millions de dinars de pertes. Ce faisant, Khaled Ouedghiri a le
sentiment d’avoir pris un «quadruple engagement». Engagement vis-à-vis des
actionnaires marocains et tunisiens qui «attendent un retour sur
investissement», des autorités «qui nous ont fait confiance et veulent
mettre à niveau le système bancaire» et une restructuration de la banque
«pour que cette situation ne se reproduise plus» -engagement en particulier
«à l’égard du Président qui nous a dit qu’il voulait que cette opération
Sud-Sud soit réussie et qu’il veut que nous puissions gagner de l’argent»-,
et, enfin, «de nos équipes pour que la réussite de la banque puisse
améliorer leurs conditions matérielles».