[16/12/2006 17:01:16] WASHINGTON (AFP) Le gouvernement américain s’est heurté à l’intransigeance de la Chine lors d’un mini-sommet économique à Pékin, au grand dam de l’opposition démocrate et des industriels. Une satisfaction cependant: la Chine a attribué samedi à l’américain Westinghouse un contrat très convoité de plusieurs milliards de dollars pour la construction de quatre réacteurs de troisième génération, au détriment du groupe français Areva. “C’est un grand jour pour l’industrie nucléaire américaine. Cet accord est bon pour le peuple chinois et le peuple américain”, s’est félicité le secrétaire américain à l’Energie Samuel Bodman. Les observateurs s’attendaient à ce que la délégation de ministres américains revienne avec un “cadeau de Noël” dans le domaine de l’énergie. Mais c’est un lot de consolation au regard de la taille de la délégation américaine déployée en Chine pour lancer un “dialogue économique stratégique” avec Pékin, allant du secrétaire au Trésor Henry Paulson au chef de la banque centrale Ben Bernanke, en passant par les ministres de l’Energie et du Commerce. Certes, les deux pays se sont engagés à améliorer leurs relations commerciales, et à lancer un dialogue pour favoriser l’investissement; mais leur rencontre a surtout mis en lumière leurs divergences. “Nous avons eu des zones de consensus mais aussi un certain nombre de divergences”, a constaté la vice-Première ministre chinoise Wu Yi. Les Chinois notamment ont refusé de s’engager plus sur la principale revendication des Américains, la réévaluation de leur monnaie, accusée aux Etats-Unis de provoquer des délocalisations massives d’emplois. Les industriels américains ont dit à mot couverts leur déception après cette visite. “Nous sommes encouragés par les efforts importants lancés pour traiter les dossiers difficiles de cette relation. Mais au bout du compte, ce sont les résultats qui comptent”, a affirmé Tom Donohue, le président de la Chambre de commerce américaine. Parmi les autres dossiers délicats que les Américains comptaient bien aborder à Pékin, on trouve aussi le respect des droits de propriété intellectuelle et la réforme des marchés financiers. L’opposition démocrate, qui va prendre le contrôle du Congrès en janvier, a moins mâché ses mots. “Le dialogue et l’action vont ensemble. Il aurait fallu depuis longtemps commencé à flexibiliser le taux de change de la monnaie chinoise. Retarder encore les réformes met en danger notre relation économique mais cela met aussi en danger la prospérité chinoise”, a estimé le sénateur démocrate Max Baucus, prochain président de la Commission financière du Sénat. Les Etats-Unis se trouvent dans un position délicate vis-à-vis de la Chine car la sous-évaluation qu’ils dénoncent pour le yuan leur permet aussi d’importer massivement des produits chinois à bas prix, ce qui profite aux ménages américains. Mais le déficit commercial en pâtit: en octobre, la Chine a compté pour 41% du déficit américain. Et les Chinois ont un moyen de pression implicite du fait qu’il détiennent de plus en plus de dollars (345 milliards en octobre, ce qui en fait le troisième détenteur dans le monde). Face à cette situation, de nombreuses voix s’élèvent pour demander des sanctions, soit par le biais de droits de douane plus élevés, soit par l’accusation de manipulation du taux de change. Mais tant que les autres partenaires commerciaux de la Chine comme l’Union européenne et le Japon “n’adopteront pas de contre-mesures punitives envers la Chine, la situation perdurera”, estime John Tkacik, un ancien expert de la Chine au Département d’Etat. “Nous avons un déséquilibre commercial très grave et la Chine ne fait rien pour le réduire. A un moment ou à un autre, tout cela va s’écrouler”, a-t-il ajouté. |
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