[19/12/2006 18:26:47] PARIS (AFP) Les actionnaires de la Bourse paneuropéenne Euronext ont approuvé mardi à la quasi-unanimité (98,2%) l’union de leur groupe avec la Bourse de New York pour créer la première Bourse intercontinentale au monde, un feu vert qui constitue l’épilogue d’une longue controverse en Europe. Ce raz-de-marée met un point final à la controverse entourant le projet de mariage depuis son annonce en mai, ses détracteurs y voyant une prise de contrôle d’un pan de la finance européenne par les Américains. L’alliance d’Euronext, groupe rassemblant les Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne, et du New York Stock Exchange (Nyse) formera un géant du secteur boursier, valant 22,3 milliards d’euros (29,1 milliards de dollars). L’opération, qui revient de facto à un rachat d’Euronext par le Nyse, valorise la Bourse paneuropéenne autour de 10,5 milliards d’euros. La valeur cumulée des sociétés cotées sur les marchés du nouveau groupe, baptisé “Nyse-Euronext”, atteindra 21.000 milliards d’euros. L’association Paris Europlace, qui défend les intérêts de la place financière de Paris et qui avait tenté sans succès cet automne de rapprocher Euronext de la Bourse de Francfort, a salué le feu vert des actionnaires en assurant que le Nyse et Euronext avaient tenu compte de ses recommandations. Nyse-Euronext “sera le leader mondial incontesté en matière de transactions boursières” et “Paris passera de place financière européenne importante à un des premiers centres au monde en matière de capital”, s’est félicité de son côté Timothy Barakett, PDG du fonds d’investissement Atticus, premier actionnaire d’Euronext.
A l’inverse, le député français UMP Jacques Myard a qualifié l’opération de “capitulation française et européenne”, y voyant “une nouvelle preuve de la vassalisation de l’Europe par les Etats-Unis”. Ce mariage a été décidé en pleine course à la concentration du secteur. Les Bourses, qui sont elles-même pour la plupart des entreprises cotées, cherchent à grossir pour réduire leurs coûts de fonctionnement, baisser leurs tarifs de transactions, et ainsi attirer plus d’investisseurs et de sociétés. Le grand concurrent du Nyse, le marché électronique Nasdaq, tente actuellement de racheter la Bourse de Londres, qu’Euronext avait lui-même vainement tenté d’acquérir. Présenté au printemps comme une “fusion entre égaux” par ses initiateurs, le projet Nyse-Euronext a soulevé de fortes inquiétudes au sein des investisseurs et des sociétés cotées en Europe, qui craignaient de se voir appliquer la sévère réglementation américaine. Des responsables économiques et politiques, au premier rang desquels la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Jacques Chirac et le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, se sont élevés contre cette fusion transatlantique, disant lui préferer un rapprochement européen entre Euronext et l’opérateur de la Bourse de Francfort, le groupe Deutsche Börse. Mais ce rêve d’une grande Bourse européenne unifiée a échoué, les intéressés divergeant sur quasiment tous les sujets. Deutsche Börse a fini le mois dernier par retirer sa proposition de rapprochement avec Euronext, laissant le projet de fusion transatlantique seul sur la table. Outre le feu vert des actionnaires d’Euronext, le mariage avec le Nyse a déjà reçu les principales autorisations nécessaires. Les actionnaires du New York Stock Exchange se prononceront à leur tour mercredi, dernière étape avant le lancement du rapprochement effectif des deux groupes, qui comprendra une offre publique d’achat et d’échange sur les actions Euronext début 2007. Les partenaires comptent boucler leur fusion d’ici la fin du premier trimestre de l’année prochaine. Après avoir gagné près de 3% à la mi-séance, l’action Euronext a terminé mardi en hausse de 0,66% à 91,25 euros, tandis qu’à New York le titre Nyse cédait 0,86% à 100,60 dollars vers 17H00 GMT. |
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