La Commission européenne et la BCE ripostent aux critiques françaises contre l’euro

 
 
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Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le 20 décembre 2006 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[20/12/2006 18:45:13] PARIS (AFP) Les plus hauts dirigeants économiques européens, Jean-Claude Trichet et Joaquin Almunia, sont montés au créneau mercredi pour défendre l’euro et critiquer la propension de la France à le rendre responsable de tous ses maux économiques.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), le Français Jean-Claude Trichet, a déclaré mercredi à Bruxelles percevoir “une tendance à prendre l’euro comme un bouc émissaire, ce qui est extraordinairement injuste et faux”.

Comme pour lui faire écho, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, a déploré dans une interview que l’euro et l’Europe soient parfois “utilisés dans des débats politiques nationaux pour chercher des responsabilités au-delà des frontières de chaque État membre”.

“C’est un exercice peu responsable et parfois même dangereux”, a estimé M. Almunia dans un entretien à paraître jeudi dans le journal français La Croix.

La critique semble taillée sur mesure pour la France: les principaux responsables politiques, dont le Premier ministre Dominique de Villepin et le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, se sont récemment inquiétés du taux de change de l’euro qu’ils jugent trop élevé face au dollar. Ils ont aussi suggéré une remise à plat des compétences de la BCE en matière de changes.

L’euro vaut actuellement environ 1,31 USD, soit quelque 11% de plus qu’au début de l’année. Sans compter que la série de hausses de taux d’intérêt à laquelle vient de procéder la BCE renforce encore la monnaie unique, car elle la rend plus attractive par rapport aux autres devises.

M. Almunia s’est montré le plus direct vis-à-vis des critiques françaises: selon lui, les accusations d’indépendance excessive de la BCE sont “un jugement minoritaire” en Europe et la France manque d’arguments à ce sujet. En outre, “pourquoi envoyer des messages négatifs et alarmistes quand la situation s’améliore ?”, a-t-il plaidé.

“Je crois qu’à travers l’euro, on critique en réalité d’autres sujets. Lorsque l’on manquait de croissance, on en rendait responsable la monnaie unique. Maintenant que la reprise est de retour, personne n’affirmerait que c’est grâce à l’euro”, a-t-il noté.

La France a enregistré une croissance nulle au troisième trimestre 2006, avec une activité plombée par la faiblesse de ses exportations.

Pour M. Almunia, “+l’euro fort+ est présenté comme la cause de tous les problèmes” en France, alors qu’il faudrait, selon lui, “avoir le courage d’expliquer la réalité des problèmes et les vraies raisons pour lesquelles on n’a pas pu les résoudre”.

De fait, la France accuse son plus fort déficit “vis-à-vis des autres pays de la zone euro”, a-t-il souligné, et l’euro n’empêche pas certains pays de la zone d’obtenir “de fantastiques résultats à l’exportation”.

Le ministre français des Finances, Thierry Breton, après avoir appelé à la vigilance face au niveau de la monnaie unique, avait plaidé mardi pour que l’on cesse “d’incriminer l’euro” en matière de pouvoir d’achat des Français et que l’on prenne aussi en compte les facteurs “spécifiquement français” comme les 35 heures.

 20/12/2006 18:45:13 – © 2006 AFP