[22/12/2006 12:58:33] PARIS (AFP) Consommation soutenue mais sombres perspectives pour les industriels: la schizophrénie de l’économie française se poursuit, laissant entrevoir un niveau de croissance en 2006 proche de 2%, plutôt décevant par rapport aux autres pays de la zone euro. “Les ménages continuent de consommer, mais le coeur des industriels n’y est plus”, résume d’une formule l’économiste Marc Touati (Natixis). Au milieu d’une rafale d’indicateurs publiés vendredi avant la trêve des confiseurs, l’Insee a indiqué que la consommation des ménages en produits manufacturés avait augmenté de 0,9% en novembre par rapport à octobre, mais aussi que le moral des industriels s’était replié en décembre, à 106 points contre 108 en novembre. Les Français ont donc continué de dépenser vaillamment (après une hausse de 0,8% en octobre), malgré les températures clémentes qui ont un peu freiné l’achat de manteaux et parkas. Ils ont été aidés par un pouvoir d’achat en hausse grâce essentiellement au “recul des impôts prélevés” et à “la diminution de l’inflation en lien avec la baisse des prix de l’énergie”, souligne Nicolas Bouzou, du cabinet d’études Asterès. Résultat: les ménages peuvent continuer à consommer à un rythme soutenu tout en améliorant leur taux d’épargne. Alexander Law, du cabinet d’études Xerfi, s’attend même à ce que les ventes exceptionnelles d’électronique grand public enregistrées avant la Coupe du monde de football soient battues pour les fêtes, les Français faisant preuve en la matière d’un “appétit féroce alimenté par une offre en perpétuelle ébullition”. Mais le moral des industriels, lui, est en berne, surtout les perspectives générales de production qui “se sont écroulées”. Cet indice est en effet passé “de 20 en octobre à 13 en novembre et -1 en décembre”, s’alarme Marc Touati, pour qui “il faut s’attendre à des lendemains de fête difficile dans l’industrie hexagonale”. Les perspectives personnelles de production se sont elles aussi détériorées, “ce qui obscurcit l’horizon pour le début 2007”, selon Alexander Law. En attendant, la croissance s’annonce bien molle en 2006. Sans surprise, l’Institut national de la statistique et des études économiques a confirmé vendredi que le produit intérieur brut n’avait pas progressé au troisième trimestre. Il a par ailleurs révisé en baisse la progression du deuxième trimestre, à 1,1% contre 1,2% dans sa précédente estimation. Au total, la croissance devrait avoisiner les 2% cette année, après seulement 1,4% en 2005. Le ministre des Finances, Thierry Breton, a indiqué mardi qu’elle serait “plutôt dans la première moitié” de la fourchette de 2 à 2,5% prévue par le gouvernement. Dans sa note de conjoncture publiée le 12 décembre, l’Insee tablait sur une croissance de 2,1% en 2006, mais prévoyait une progression du produit intérieur brut de 0,9% au quatrième trimestre, ce qui paraît optimiste à nombre d’analystes. La plupart évoquent plutôt un chiffre de seulement 0,5% en moyenne. Ce qui est certain, c’est que la France réalisera une performance décevante par rapport à ses voisins puisque l’ensemble de la zone euro devrait enregistrer une croissance de 2,7% cette année, selon la Banque centrale européenne. Sur les 12 pays de la zone, “la France figurera en dixième position, juste devant l’Italie et le Portugal”, déplore Marc Touati. Loin des quelque 6% que devrait enregistrer l’Irlande, mais aussi de la croissance de 2,5% voire 2,7% attendue en Allemagne. |
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