[22/12/2006 18:33:29] AJACCIO (AFP) L’assemblée de Corse s’est donné un délai de quatre mois pour régler le problème de sa desserte maritime, qui met aux prises depuis des mois la Société nationale Corse-Méditerranée (SNCM) dont la survie passe par l’obtention de ce marché, ainsi que Corsica Ferries et la Compagnie méridionale de navigation (CMN). Huit jours après l’annulation par le Conseil d’Etat de l’appel d’offres qui devait conduire à l’attribution du marché pour la période 2007-2012, l’assemblée territoriale de Corse a prorogé jusqu’au 30 avril 2007 l’actuelle délégation de service public (DSP) et appelé les compagnies maritimes à présenter de nouvelles offres sur la base du cahier des charges existant. La décision a été prise à l’unanimité des élus présents. Dans une assemblée qui s’apprêtait à attribuer le marché à la SNCM, certains n’ont pas caché leurs critiques à l’égard des compagnies rivales: La nationaliste Rosa Prosperi a dénoncé “l’expression d’intérêts contradictoires, personnels et opaques durant la procédure”. Michel Stefani (PCF) a fustigé “les compagnies qui ont usé de tous les artifices, non pas pour obtenir un traitement équitable, mais une seconde chance”. La délégation de service public pour la desserte de l’île représente pour celui qui l’emportera un juteux marché doté de 95 millions d’euros de subventions annuelles. La SNCM va donc continuer à en bénéficier jusqu’au 30 avril, alliée à la CMN, alors que les deux compagnies s’entredéchirent depuis la privatisation de la SNCM en mai. Les quatre mois seront mis à profit pour reprendre l’appel d’offres sur la base du cahier de charges existant, alors qu’une des compagnies en lice, Corsica Ferries, souhaitait sa réécriture, jugeant le cahier des charges “taillé sur mesure” pour la SNCM. Devant les élus, Antoine Sindali, président de l’office des Transports de Corse, une émanation de l’assemblée territoriale en la matière, a expliqué que le cahier des charges actuel était “le meilleur possible pour répondre aux intérêts de la Corse”. L’assemblée en a pris acte, tout en laissant une porte ouverte à “d’éventuelles nouvelles candidatures”. A l’issue du vote, le directeur général de la Corsica ferries France, Pierre Mattei, a déclaré : “Visiblement, on nous accuse d’avoir gagné en justice, ce qui était naturel puisque nos droits n’étaient pas respectés. La seule victoire qui importe maintenant, c’est de réunir l’intérêt du service public, de la clientèle et du contribuable. Nous espérons prendre part à une procédure plus claire, libérée du pouvoir de pression de tel ou tel groupe”. “Le contenu de notre nouvelle offre sera proposé en temps voulu”, a-t-il ajouté. Il n’a pas précisé s’il formulerait une proposition commune avec la CMN, comme dans l’appel d’offres annulé par le conseil d’Etat. De son côté Jean-Paul Israël, représentant CGT des marins de la SNCM, a estimé que “tout est possible pour que les deux opérateurs historiques, CMN et SNCM, s’associent à nouveau pour assurer le service public”. Le représentant syndical craint cependant “une distorsion de la concurrence pour ce nouvel appel d’offres, car les offres ont été divulguées par les différentes compagnies”. Selon lui, “la Corsica Ferries qui n’a pas la même structure et qui ne paie pratiquement pas de charges sociales, est désormais en mesure de réagir par du dumping social et une baisse substantielle de son offre”. |
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