[26/12/2006 18:00:29] MOSCOU (AFP) Le géant gazier russe Gazprom a annoncé mardi que les négociations avec Minsk sur ses livraisons de gaz étaient dans l’impasse, laissant planer la menace d’une coupure de gaz au Bélarus au 1er janvier, à l’instar de la crise ukrainienne de l’année dernière. “Les négociations avec le Bélarus n’ont abouti à rien”, a déclaré le vice-président de Gazprom Alexandre Medvedev au cours d’une conférence de presse. Ces déclarations surviennent alors que Gazprom et le Bélarus devaient renouveler avant le 1er janvier le contrat gazier qui les lie. Et même si le Bélarus n’est pas l’Ukraine pro-occidentale de Viktor Iouchtchenko, la Russie semble bien décidée à faire plier son allié, comme elle l’a fait la semaine dernière avec la Géorgie. Pour calmer les inquiétudes éventuelles des Européens, gros consommateurs de gaz russe, M. Medvedev, a souligné que “tous les volumes seraient livrés aux autres pays, même si le Bélarus n’a plus de gaz après le 1er janvier”, envisageant ainsi de fermer le robinet gazier au “frère” bélarusse. Il a fustigé l’attitude des négociateurs bélarusses, estimant que “pour rejeter de telles propositions, il ne peut s’agir que de personnes qui ne les comprennent pas (…), ou alors de personnes qui veulent sciemment rompre les négociations”. Une heure plus tôt, Gazprom avait annoncé être prêt à revoir ses ambitions commerciales à la baisse en proposant un compromis avec un prix du gaz à 110 dollars les 1.000 m3 au lieu de 200 dollars comme demandé précédemment.
Gazprom s’est ensuite expliqué en soulignant que ce prix comprenait une somme en numéraire (75 ou 80 dollars pour 1.000 m3 de gaz, selon différents responsables de Gazprom) et 50% des actions de l’entreprise bélarusse Beltransgaz, propriétaire du réseau de gazoduc bélarusse sur lequel Moscou lorgnait depuis longtemps. Selon le patron de Gazprom, Alexeï Miller, l’ensemble des actifs de Beltransgaz est estimé à cinq milliards de dollars. A Minsk, un responsable du ministère bélarusse de l’Energie, cité par l’agence Interfax, a déclaré “espérer encore assouplir la position de Gazprom”. Selon Gazprom, Minsk, qui paie actuellement plus de 40 dollars les 1.000 m3 de gaz, souhaite voir le prix inchangé. Ce conflit commercial rappelle la crise gazière qui avait marqué le début de l’année 2006 quand un différend sur le prix du gaz livré à l’Ukraine avait dégénéré au point de compromettre brièvement les exportations de gaz aux clients européens. Jusqu’à vendredi dernier, c’était la Géorgie qui négociait avec Gazprom pour limiter l’augmentation du prix du gaz exigé par Moscou. Les deux parties s’étaient finalement mises d’accord sur la fourniture de plus d’un milliard de m3 de gaz en 2007 à 235 dollars les 1.000 m3. De son côté, l’Azerbaïdjan mène également sans succès des tractations avec Gazprom. “Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas reçu de réponse (de l’Azerbaïdjan), et nous prenons cela comme un refus d’acheter du gaz”, a estimé M. Medvedev reprenant le même argumentaire utilisé la semaine précédente pour faire plier Tbilissi. “En 2007, l’Azerbaïdjan n’achètera pas de gaz à la Russie. Les facteurs établissant le prix à 235 dollars les 1.000 m3 ne sont pas clairs, et cela ne nous convient pas”, a déclaré à Bakou Rovnag Abdoullaïev, président de la compagnie pétrolière nationale Socar. “L’Ukraine paiera son gaz 130 dollars (les 1.000 m3), l’Arménie 110. L’Azerbaïdjan doit bénéficier d’un prix équivalent”, a souligné M. Abdoullaïev. Gazprom a en revanche annoncé avoir trouvé un accord avec la Moldavie, pour un approvisionnement de gaz en 2007 à 170 dollars les 1.000 m3. |
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