[05/01/2007 18:40:12] PARIS (AFP) Les ménages français ont terminé l’année 2006 avec un moral en berne, peu convaincus par la baisse du chômage et pessimistes sur l’évolution de leur niveau de vie, mais les économistes ne tirent pas de conclusion définitive de cette déprime sur l’évolution de la consommation. L’indicateur d’opinion des ménages de l’Insee, qui mesure le solde entre les opinions positives et négatives, s’est replié en décembre pour le troisième mois consécutif, pour tomber à -26 points contre -25 en novembre et -21 en octobre. C’est le plus bas niveau de cet indicateur depuis le mois de juin. Une perception jugée paradoxale par certains économistes, tel Alexandre Bourgeois (Natixis), pour qui “ce noir tableau est en complète contradiction avec les chiffres macroéconomiques”. Car avec une croissance d’environ 2% (contre 1,2% seulement en 2005), un recul du taux de chômage à 8,7% (son plus bas niveau depuis 2001) et une inflation ultra modérée (1,4% sur un an en novembre): l’année 2006 fait plutôt figure de bon cru, en termes statistiques. “On a beau expliquer aux Français que le chômage baisse, que l’inflation est à marée basse et que le pouvoir d’achat a accéléré au troisième trimestre, rien n’y fait: ils ont le blues”, s’étonne Alexander Law, de Xerfi. Les statistiques “ne traduisent que des situations moyennes”, or “peu de personnes se retrouvent dans une situation moyenne”, nuance Alexandre Bourgeois.
Les Français sont en particulier pessimistes quant à l’évolution du chômage, l’indice relatif à cette question grimpant de 17 points, soit “son niveau le plus haut depuis la crise du CPE” (contrat première embauche), début 2006, relève Nicolas Bouzou, de la société d’études Alterès. Ce sentiment s’explique en partie par le fait que le recul du taux de chômage à 8,7% en novembre n’était pas connu lors de l’enquête de l’Insee, menée juste auparavant. “Les ménages ont surtout retenu le ralentissement de la baisse du chômage avec deux pauses en août et octobre”, estime Mathieu Kaiser, économiste de BNP Paribas. Mais, plus fondamentalement, “les Français ne croient pas à la poursuite” de la baisse du chômage, juge Alexander Law, pour qui, à l’heure actuelle, “les créations d’emplois ne sont pas assez nombreuses pour que les ménages puissent espérer que ce mouvement soit véritablement pérenne”. Inquiets également sur le front de la hausse des prix, les Français semblent envisager de mettre un frein à leurs achats, après une véritable frénésie consommatrice ces derniers mois. Ils sont ainsi plus nombreux en décembre à juger qu’il n’est pas opportun de faire des achats importants (solde en baisse de 2 points). Quid de l’impact sur la consommation et donc in fine sur la croissance qu’elle génère ? Les économistes restent prudents. Le lien entre ces prévisions et le niveau avéré des dépenses des Français est d’ordinaire “ténu”, observe Mathieu Kaiser. Et “d’après les premières indications, la période des fêtes n’a pas été particulièrement morose en termes de ventes au détail”, ajoute-t-il. Alexander Law avertit, lui, que “sans amélioration durable sur le front de l’emploi et du pouvoir d’achat, la consommation ne pourra éternellement soutenir la croissance française à bout de bras”. |
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