Economiser pour des jours meilleurs, obsession des migrants chinois

 
 
SGE.FWC89.070107120801.photo00.quicklook.default-245x165.jpg
Zhang Xiaochun, travailleuse migrante, le 5 janvier 2007 à Pékin (Photo : Goh Chai Hin)

[07/01/2007 12:08:19] PEKIN (AFP) Huit ans après son arrivée à Pékin, Zhang Xiaochun n’a plus revu son fils resté dans leur village à la campagne dans le sud-ouest de la Chine, mais, comme des millions de travailleurs migrants, elle n’a qu’une idée en tête: économiser le plus possible pour un meilleur avenir.

“Je veux économiser le plus possible”, dit cette femme de 36 ans, qui travaille comme femme de ménage dans un immeuble de bureaux de 33 étages de la capitale chinoise.

“C’est l’argent qui nous a amenés ici”, dit-elle, avec l’accent du Sichuan, une province majoritairement rurale. Son mari, qui l’accompagne, travaille sur les chantiers qui parsèment la ville avant les jeux Olympiques de 2008.

Ils rognent sur toutes les dépenses, réussissant à épargner 9.000 yuans (1.150 dollars) par an à la banque.

“Nous devons économiser pour l’éducation de notre fils et aussi pour le moment où mon mari et moi serons vieux”, dit Zhang, qui n’a pas revu depuis huit ans son fils, aujourd’hui âgé de 14 ans, car les frais de voyage sont trop chers, dit-elle.

Des préoccupations partagées par les millions de travailleurs migrants, venus des campagnes, dans un pays où l’éducation coûte de plus en plus cher et où la sécurité sociale et la retraite leur font défaut.

“En l’absence d’un filet de sécurité sociale plus fort, les foyers chinois ont des taux d’épargne élevés pour faire face à des dépenses médicales inattendues ou éviter de se retrouver sans le sou à la retraite”, avait noté le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, lors d’une visite en décembre à Pékin.

Zheng Songling était âgé de 18 ans lorsqu’il a quitté sa terre natale, dans le Sichuan, il y a trois ans pour rejoindre la capitale chinoise. Il y travaille comme charpentier. Désireux de profiter des joies de la ville, il s’est tout de même offert un nouveau téléphone portable et un baladeur MP3, mais, désormais, il économise avec l’espoir de reprendre un jour les études.

“J’espère avoir au moins un diplôme universitaire afin de trouver un bon boulot à l’avenir”, témoigne-t-il.

“J’ai abandonné l’école à la première année du secondaire, j’étais trop jeune à l’époque”, explique-t-il.

Selon le ministère de l’Agriculture, les revenus des paysans ont augmenté de 6% en 2006, une hausse largement due à l’argent gagné par ces migrants dans les villes.

Mais, comme le souligne les exemples de Zhang et de son mari et du jeune Zheng, une grande partie est réservée pour l’épargne, ce qui ne fait pas l’affaire du gouvernement, dont la priorité est de développer la consommation, afin de changer le modèle déséquilibré d’une économie basée sur les exportations.

“La croissance de la consommation a baissé alors même que les revenus ont augmenté”, souligne Huo Deming, professeur d’économie à l’Université de Pékin.

La consommation des foyers chinois en moyenne a été de 38,2% du revenu en 2005, contre 48,8% en 1991, ce qui n’avait jamais été aussi bas, selon les chiffres de la Banque centrale.

Le gouvernement central a affiché sa volonté de dépenser plus dans les secteurs de la santé, de l’éducation et pour les indemnités de chômage afin d’alléger le fardeau des moins protégés, mais les experts soulignent qu’il faudra du temps.

“Les changements ne peuvent pas avoir lieu du jour au lendemain. Mais avec plus de dépenses publiques afin de développer la consommation dans les zones rurales, la consommation interne augmentera”, estime Robert Subbaraman, économiste chez Lehman Brothers, basé à Hong Kong.

 07/01/2007 12:08:19 – © 2007 AFP