La
Politique de Voisinage de l’Union européenne (PVE), une stratégie mise au
point, depuis 2003, pour intégrer les pays voisins de l’Union au marché
intérieur européen sans la prime d’adhésion et pour les associer à
l’instauration de la paix dans la région, sera enrichie en 2007 par de
nouvelles propositions.
Mme Benita Ferrero–Waldner, membre de la Commission européenne, chargée des
Relations extérieures et de la Politique européenne de Voisinage a balisé,
au mois de décembre 2006, de nouvelles pistes pour renforcer la PVE.
Ces nouvelles propositions alimenteront les travaux de la présidence
allemande à venir, au cours du premier semestre 2007.
Concrètement, les propositions de Mme Ferrero Waldner visent à améliorer la
visibilité de la PVE et à la faire apparaître avec davantage d’acuité en se
concentrant, selon elle, sur les domaines présentant un intérêt mutuel, tels
que les contacts interpersonnels, l’approfondissement des relations
commerciales et le renforcement de la coopération en matière d’énergie, de
migration et de visas ainsi qu’au niveau du soutien financier.
Dans cette optique, la responsable européenne propose un nouveau fonds
d’investissement en faveur de la PEV qu’elle a qualifié de «contribution
importante de l’Union».
En clair, pour la période 2007-2013, le budget prévu pour les partenaires de
la PEV sera de 12 milliards d’euros, soit 32% de plus que le budget
précédent. C’est dire que l’UE met, désormais, le paquet pour mener à bien
sa nouvelle politique de voisinage.
Dans le but d’optimiser l’incidence et l’effet de levier de ce financement,
Mme Benita Ferrero–Waldner propose de créer un fonds d’investissement en
faveur de la PEV qui pourrait servir à mobiliser des prêts supplémentaires
de la part de la Banque européenne d’investissement (BEI), de la Banque
européenne pour la Construction et le Développement et d’autres banques de
développement. La contribution du budget communautaire serait de 700
millions d’euros. Il est estimé que ce fonds pourrait encourager des prêts
représentant plusieurs fois le montant des subventions.
Il s’agit de consacrer 300 millions d’euros à une facilité «gouvernance»
visant à fournir une aide venant compléter les enveloppes nationales
normales, à récompenser et à soutenir les travaux des pays partenaires qui
ont accompli le plus de progrès dans la mise en œuvre de leurs plans
d’action.
Au plan qualitatif, Mme Benita Ferrero–Waldner propose d’améliorer
sensiblement les procédures de visa pour certaines catégories de visiteurs
et d’offrir à l’ensemble des partenaires de la PEV, tant à l’est qu’au sud,
une perspective claire d’intégration commerciale et économique approfondie
dans l’Union européenne, allant au-delà du simple libre-échange de biens et
de services.
L’accent sera mis sur la question des barrières non tarifaires, l’ultime but
étant, selon la responsable européenne, de parvenir à une convergence totale
sur le plan réglementaire.
Au plan institutionnel, Mme Benita Ferrero–Waldner propose d’instituer avec
les partenaires de la PEV des réunions ponctuelles ou régulières au biveau
ministériel et entre experts sur des thèmes comme l’énergie, les transports,
l’environnement et la santé publique.
Au niveau politique, il s’agit de rendre plus systématique l’association de
partenaires de la PEV à des initiatives de l’Union européenne (déclarations
de politique extérieure, positions dans les enceintes internationales et
participation à des programmes clefs et à des agences européennes).
Cette offre faite aux voisins pour participer aux structures du Marché
intérieur est doublée d’une autre offre non moins importante. L’Union
européenne entend associer les voisins du sud et de l’est à la lutte contre
un ensemble de phénomènes perçus comme «menaçants» et provenant justement du
voisinage : criminalité transfrontalière, terrorisme, associés à
l’immigration illégale.
Conséquence : La PEV se révèle une initiative contrastée, voire hétéroclite
en ce sens où elle comporte des éléments divergents. Autant elle présente
des éléments d’inclusion certains (co-développement, complémentarité,
proximité, convergence…) mais aussi des éléments d’exclusion.
Les pays voisins sont, hélas, perçus par l’UE comme des zones à risque. Ils
pourraient, à travers l’émigration clandestine et ses multiples corollaires
(menaces diverses), déstabiliser le Vieux continent. Cette approche
divergente de la PEV risque de fragiliser un jour cette initiative et de
marginaliser l’offre initiale qui proposait généreusement aux voisins une
communauté de valeurs fondée sur les fameuses quatre libertés (liberté
d’expression et de culte, et liberté de vivre à l’abri du besoin et de la
peur).
PEV : politique menée par l’Union européenne à l’égard de ses
voisins du sud (Algérie, Autorité palestinienne, Egypte, Israël, Jordanie,
Liban, Libye, Maroc, Syrie et Tunisie) et de l’Est (Arménie, Azerbaïdjan,
Belarus, Georgie, Moldova et Ukraine).