Suez : l’AMF enclenche le compte à rebours pour François Pinault

 
 
SGE.GOW95.090107193554.photo00.quicklook.default-178x245.jpg
L’homme d’affaires François Pinault au Palais Grassi, le 9 novembre 2006 à Venise (Photo : Alberto Pizzoli)

[09/01/2007 19:36:14] PARIS (AFP) L’Autorité des marchés financiers (AMF) a donné mardi à Artémis, la holding familiale de François Pinault, jusqu’au 2 février pour annoncer son éventuelle intention de lancer une OPA sur Suez, faute de quoi il ne pourra prétendre déposer d’offre pendant six mois.

Cette décision va forcer l’homme d’affaires français à lever l’incertitude dans ce dossier, alors que le groupe énergétique et d’environnement Suez doit en principe fusionner avec Gaz de France, un processus retardé par une décision du Conseil constitutionnel la repoussant au 1er juillet.

Dans une déclaration sibylline la semaine dernière, François Pinault n’avait pas exclu en effet une offre sur Suez, indiquant que “toutes les options rest(ai)ent ouvertes”.

Mardi, l’AMF a fixé au 2 février à 8 heures la date à laquelle Artémis “devra au plus tard (…) soit déposer un projet d’offre publique visant les titres Suez”, soit, à défaut, “publier un communiqué” détaillant les caractéristiques d’un projet, c’est-à-dire ses conditions financières ou le calendrier envisagé.

Si aucune offre n’est lancée à cette échéance, la holding ne pourra plus lancer d’OPA sur Suez pendant six mois, sauf si “l’environnement, la situation ou l’actionnariat de Suez” connaissent des “modifications importantes”, conformément à la nouvelle réglementation de l’AMF sur les OPA.

Interrogé par l’AFP, Artémis n’a pas souhaité commenter cette décision.

Suez s’est contenté de “prendre acte”.

Le 3 janvier, l’AMF avait annoncé la fixation rapide d’un délai à Artémis pour se déclarer, après avoir reçu confirmation par courrier de la holding de François Pinault de “l’existence, fût-elle très préliminaire, d’un projet relatif au groupe Suez”.

En accordant à M. Pinault plus de trois semaines pour faire connaître ses intentions, l’AMF reste proche du système du régulateur britannique des fusions-acquisitions, le “Takeover panel”, qui accorde généralement à l’initiateur présumé un délai d’un mois pour se déclarer.

Reste que s’il décide de lancer une offre, François Pinault devra encore boucler le financement nécessaire à cette opération d’au moins 50 milliards d’euros et aussi aplanir les difficultés politiques posées par le projet, avec la France comme avec la Belgique, où Suez compte d’importants actifs énergétiques avec sa filiale Electrabel.

Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a prévenu lundi qu’en cas de projet alternatif à la fusion avec GDF, il faudrait demander “l’avis” de la Belgique.

Quant au gouvernement français, il a réaffirmé ces derniers jours son soutien plein et entier à la fusion avec GDF, une opération décidée en février 2006 pour faire barrage à une possible OPA du groupe d’électricité italien Enel.

Un soutien qui n’empêche guère les rumeurs d’OPA de se multiplier. Après les informations du mensuel Capital, affirmant que M. Pinault était sur le point de lancer une OPA hostile de 70 milliards d’euros sur Suez, c’est l’hebdomadaire Marianne qui a avancé samedi que le milliardaire belge Albert Frère préparerait une offre sur Suez avec le PDG de LVMH, Bernard Arnault.

Des informations jugées peu sérieuses par des observateurs, d’autant qu’Albert Frère, premier actionnaire et administrateur de Suez, a réaffirmé son soutien au projet de fusion Suez-GDF, tout en renforçant sa participation dans Suez en montant à 9,1% du capital.

A 16H30, le titre Suez était stable, à 38,82 euros, tandis que l’action GDF prenait 1,31% à 35,65 euros, dans un marché en hausse de 0,51%.

 09/01/2007 19:36:14 – © 2007 AFP