[09/01/2007 22:28:36] CARACAS (AFP) Le plan de nationalisations annoncé au nom de la “révolution socialiste” par le président Hugo Chavez au Venezuela alors qu’il commence un nouveau mandat de six ans, vise d’abord le capital américain, principal actionnaire des secteurs concernés. Le chef de l’Etat, qui se présente comme le nouveau leader de la gauche anti-américaine dans la région, a clamé son intention de “récupérer la propriété sur les moyens de production stratégiques”, lundi, dans un discours offensif, à deux jours de son investiture officielle. Concrètement, il a promis, “dans un délai raisonnable d’un an”, une loi-cadre pour nationaliser l’électricité et la téléphonie, deux secteurs dont les entreprises américaines sont les principaux actionnaires étrangers. Le secrétaire américain à l’Energie Samuel Bodman a exprimé sa “forte inquiétude” après les annonces de M. Chavez, disant craindre que puissent être “violés” les contrats régissant ces investissements. Les Etats-Unis espèrent que Caracas “respectera ses obligations contractuelles” et “indemnisera les compagnies étrangères sur la base de la valeur de leurs actifs sur le marché”, a déclaré le porte-parole du Département d’Etat américain Sean McCormack. Si la compagnie publique CADAFE assure le service d’électricité dans la majeure partie du pays, la firme privée Electricidad de Caracas, qui opère dans la capitale depuis 1985 et compte un million de clients, appartient, elle, à la multinationale AES, dont le siège se trouve aux Etats-Unis. L’entreprise américaine Verizon Communications est le premier actionnaire de la compagnie nationale CANTV, principal opérateur pour la téléphonie fixe et mobile au Venezuela, dont elle détient 28,5% des parts.
La bourse de Caracas s’est effondrée mardi perdant 19% de sa valeur après les annonces de Chavez qui ont miné la confiance des investisseurs. Les titres CANTV et Electricidad de Caracas ont été très vite suspendus de cotation et pour 48 heures, après de lourdes pertes accumulées peu après l’ouverture (respectivement 30,1% et 20%). “Il y a une menace très sérieuse d’étatisation et cela se voit sur le marché des capitaux”, a déclaré à l’AFP l’économiste Alexander Guerrero, tout en estimant que l’impact sur la croissance nationale — 10,3% en 2006 — sera “imperceptible”. Selon l’expert, la chute de la bourse de Caracas est due à un “changement des règles du jeu”. L’impact du coup porté aux intérêts américains par le régime chaviste reste cependant à déterminer, d’autant que M. Chavez n’a pas précisé si les compagnies privées seraient dédommagées après les nationalisations. La compagnie de télécommunications CANTV, privatisée en 1991, était en négociations avancées pour céder sa participation au groupe Telmex du magnat mexicain Carlos Slim. Chavez prévoit aussi un durcissement à l’encontre des multinationales pétrolières en mettant fin au contrôle des groupes étrangers sur quatre raffineries de la Ceinture de l’Orénoque (55.300 km2), la plus importante réserve du pays, cinquième exportateur mondial de brut. Mais il avait déjà fait part de ses intentions à leur égard il y a plusieurs mois. Plus de 566.000 barils en sont extraits quotidiennement et pré-raffinés par quatre sociétés associées au groupe public PDVSA mais contrôlées par les Américains ExxonMobil, Chevron et Conoco ainsi que le Français Total et le Norvégien Statoil. Le président vénézuélien a modifié depuis 2005 la législation pétrolière, en imposant une fiscalité plus sévère aux compagnies étrangères et en les obligeant à céder au groupe public PDVSA, le contrôle de contrats de production et d’exploration. La rhétorique de Chavez contre “l’empire américain” a aussi montré ses limites, notamment en matière pétrolière puisque les Etats-Unis demeurent le premier débouché du pétrole du Venezuela qui y exporte quasiment la moitié de sa production. |
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