[10/01/2007 17:24:17] PARIS (AFP) Le rebond espéré de la croissance au quatrième trimestre sera moins fort que prévu, comme l’a admis mercredi le ministre de l’Economie Thierry Breton, en raison d’un recul de la production industrielle, et la croissance française ne devrait donc pas dépasser 2% en 2006. Les chiffres publiés par l’Insee mercredi montrent un effritement de la production industrielle en novembre, en baisse de 0,2% par rapport au mois précédent. En octobre, la production industrielle avait stagné, après avoir déjà reculé de 0,8% en septembre. La mauvaise performance de novembre a surpris les analystes, qui anticipaient une hausse et qui pointent du doigt, encore une fois, la production automobile. Celle-ci a connu une nouvelle baisse (-3,2%). “Il faut remonter à septembre 2000 pour retrouver un niveau de production aussi faible”, selon Nicolas Bouzou, du cabinet d’études sectorielles Asterès. Alexander Law, conjoncturiste chez Xerfi, évoque lui aussi l'”annus horribilis” qu’aura été 2006 pour l’industrie automobile française, avec une chute de production de “plus de 7% sur l’ensemble de l’exercice”. “Quand on connaît le rôle moteur de ce qui fut pendant longtemps le fleuron de notre industrie, on ne doit pas s’étonner de la faiblesse de notre secteur secondaire”, renchérit Alexandre Bourgeois (Natixis).
Au total, la production industrielle devrait donc baisser au quatrième trimestre. Une mauvaise nouvelle pour la croissance du quatrième trimestre, que le ministre de l’Economie, Thierry Breton, a implicitement revue en baisse mercredi, estimant qu’elle serait “comprise entre 0,6 et 0,8%”. Pourtant, le 19 décembre, il s’attendait encore à une “bonne, voire très bonne” croissance et citait la prévision de l’Insee qui, dans sa dernière note de conjoncture, anticipait une hausse de 0,9% du produit intérieur brut au quatrième trimestre. Sans publier de nouvelle prévision, l’Institut national de la statistique, interrogé par l’AFP, a admis que le chiffre de la production industrielle pour novembre n’était “pas très bon”. Du coup, estime Eric Dubois, chef du département conjoncture de l’Insee, “notre prévision (de croissance) est sans doute un peu trop optimiste à ce stade”. Il juge néanmoins une progression de 0,9% au quatrième trimestre “toujours possible”, à condition qu’il y ait “de très bonnes surprises sur d’autres secteurs de l’économie comme les services”, tout en reconnaissant que le degré de probabilité d’un tel scénario “a beaucoup baissé”. Aucune bonne surprise n’est en tout cas venue en novembre du commerce extérieur. Le déficit commercial de la France s’est encore creusé, atteignant sur les onze premiers mois de l’année 26,5 milliards d’euros (contre 23,1 milliards sur l’ensemble de 2005). La forte progression des exportations n’aura pas réussi à compenser celle, beaucoup plus rapide encore, des importations. Si le chiffre de la croissance au quatrième trimestre ne dépasse pas 0,6 à 0,8% – voire 0,5%, comme le craint même Mathieu Kaiser de BNP Paribas – la France n’atteindra que d’extrême justesse la fourchette de 2 à 2,5% de progression du PIB sur laquelle tablait encore le ministre de l’Economie fin décembre. Si la croissance du 4e trimestre est comprise entre 0,7 et 0,8%, la croissance annuelle française sera légèrement au-dessus de 2%. Entre 0,5 et 0,6%, elle sera légèrement inférieure à 2%. Dans les deux cas, le chiffre sera arrondi à 2%. Si elle grimpait à 0,9%, l’arrondi serait plus favorable, à 2,1%. En revanche, si elle ne devait pas dépasser 0,4% sur le trimestre, la France terminerait l’année sur une croissance de seulement 1,9%. |
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