Pétrole russe : concessions de Minsk, qui rouvre l’oléoduc vers l’Europe

 
 
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Un oléoduc raccordé à la raffinerie de Schwedt en Allemagne, le 10 janvier 2007 (Photo : Michael Urban)

[11/01/2007 00:09:36] MOSCOU (AFP) Le Bélarus a annoncé mercredi être parvenu à un “compromis” avec la Russie sur le transit de pétrole russe par l’oléoduc traversant son territoire, bloqué depuis lundi, et a rétabli le flux de brut à destination de l’Europe.

Des responsables de la compagnie ont indiqué à l’AFP à Minsk que le pétrole coulait de nouveau dans l’oléoduc, précisant qu’il s’agissait pour l’instant du brut accumulé au Bélarus depuis l’interruption des livraisons aux pays européens.

“Le flux de pétrole dans les conduites principales a commencé comme prévu et conformément aux accords obtenus entre les deux parties” russe et bélarusse, a déclaré le directeur de l’exploitant au Bélarus de l’oléoduc Droujba, Gomeltransneft-Droujba, Alexeï Kostioutchenko, cité par l’agence russe Ria-Novosti.

Les présidents russe Vladimir Poutine et bélarusse Alexandre Loukachenko sont arrivés à un “compromis” lors d’un entretien téléphonique “permettant de sortir de l’impasse”, avait précédemment assuré la présidence bélarusse.

Le Bélarus a notamment annoncé qu’il renonçait à une taxe sur le transit de brut russe par son territoire, imposée le 1er janvier et qui avait mis le feu aux poudres, Moscou exigeant qu’elle soit supprimée avant d’entamer toute discussion.

La Russie s’est félicitée de l’abandon de cette taxe mais a continué à poser des conditions pour la reprise de l’alimentation de l’oléoduc qui fournit 12,5% du pétrole consommé par l’UE, notamment la restitution de 80.000 de tonnes de pétrole siphonnées selon elle par le Bélarus.

“Le Bélarus a pris environ 80.000 tonnes. Il peut commencer à envoyer ce pétrole vers les clients étrangers de la Russie. Cela prendra environ quatre heures”, a déclaré le vice-ministre du Développement économique, Andreï Charonov, lors d’une conférence de presse.

“Nous n’avons pas pour l’instant d’autorisation officielle pour la reprise des livraisons”, a pour sa part déclaré le vice-président du monopole russe des oléoducs Transneft, Sergueï Grigorev, cité par l’agence Ria Novosti.

Son patron Semen Vaïnchtok a estimé que “presque” toutes les conditions étaient réunies pour une réouverture du robinet pétrolier russe.

Disant attendre le feu vert “technique” des Bélarusses, il s’est dit “certain que demain (jeudi) les livraisons de pétrole en Europe reprendront complètement”.

A Bruxelles, l’ambassadeur de Russie auprès de l’UE, Vladimir Tchijov, a également affirmé que le retour à la normal n’était qu'”une question de quelques heures”.

La compagnie slovaque Transpetrol avait affirmé plus tôt dans un communiqué que les livraisons du pétrole russe vers la Slovaquie reprendraient à 14H30 GMT.

Des négociations, conduites par le ministre russe du Développement économique Guerman Gref et le vice-Premier ministre bélarusse Andreï Kobiakov, ont commencé dès mercredi soir à Moscou.

Cinq pays européens (Allemagne, Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque) sont victimes de la crise russo-bélarusse qui a conduit à la fermeture inopinée lundi de l’oléoduc.

Ces coupures ont été vivement critiquées en Europe, la chancelière allemande Angela Merkel estimant qu’elles “détruisaient la confiance” accordée à la Russie tandis que le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso appelait mercredi Moscou à “restaurer sa crédibilité” .

Les analystes observaient que la crise ne pouvait durer très longtemps en raison de son impact sur l’économie bélarusse, sur la filière pétrolière russe et plus généralement sur l’image de la Russie.

 11/01/2007 00:09:36 – © 2007 AFP