La BCE laisse ses taux inchangés, les indices pointent pour une hausse en mars

 
 
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Le président de la BCE Jean-Claude Trichet lors d’une conférence de presse, le 11 janvier 2007 à Francfort (Photo : Torsten Silz )

[11/01/2007 17:52:10] FRANCFORT (AFP) Risques inflationnistes placés sous “très étroite surveillance”, crédit jugé bon marché, horizon dégagé pour la croissance de la zone euro: la BCE a semé jeudi ses indices et tous pointent en direction d’une nouvelle hausse des taux directeurs en mars.

Le message du président de la Banque centrale européenne a peu changé depuis décembre, quand les gardiens de l’euro avaient décidé de remonter le principal taux à 3,50%, son niveau le plus élevé depuis 5 ans.

“Notre politique monétaire reste accommodante”, a répété Jean-Claude Trichet jeudi, lors d’une conférence de presse suivant la première réunion de l’année du conseil des gouverneurs, qui ont décidé sans surprise de maintenir les taux inchangés.

La banque d’Angleterre avait en revanche fait sensation auparavant en remontant son principal taux d’un quart de point à 5,25%.

Pour le Français de la BCE, le loyer de l’argent continue de stimuler l’économie, comme le prouve l’ascension des crédits au secteur privé, et porte en germe des risques de surchauffe inflationniste.

C’est pourquoi il est “essentiel de surveiller de très près” tous les dangers susceptibles d’entamer la stabilité des prix que la BCE se doit de défendre, a-t-il prévenu. La BCE n’a pas l’intention de “contredire” les attentes des marchés, qui misent sur un nouveau tour de vis au premier trimestre. Pour la suite, le champ est ouvert: elle agira “à temps” et “fermement” si besoin.

Selon les prévisions de la BCE, l’inflation restera supérieure à son objectif à moyen terme d’un peu moins de 2% cette année et en 2008. Et une révision à la hausse de ses projections reste un réel danger aux yeux de M. Trichet.

Relance économique aidant, il craint que les syndicats ne réclament de fortes hausses de salaires susceptibles d’entraîner une spirale inflationniste. “Il est essentiel que les partenaires sociaux continuent de faire preuve d’un comportement responsable”, a-t-il averti.

Malgré la nette détente observée sur le front des prix du pétrole, une nouvelle flambée de l’or noir reste aussi selon lui une menace potentielle.

La grimpée de la masse monétaire M3, qui rassemble l’argent disponible immédiatement ou à court terme et dont la BCE se sert comme indicateur d’inflation à moyen terme, le tracasse aussi. En novembre, sa croissance a bondi à son “plus haut niveau depuis l’introduction de l’euro”, a-t-il rappelé, une situation digne d’être “surveillée de très près”.

Contrairement aux attentes de nombreux économistes, Jean-Claude Trichet n’a pas prononcé les mots clés de “grande vigilance”, qui annoncent une hausse de taux le mois suivant, mais a préféré en rester à une “surveillance de très près”.

“Pourquoi pas vigilant, M. Trichet?”, s’interroge Jörg Krämer, analyste de la Commerzbank, soulignant que toutes les conditions sont réunies pour un geste dès février.

“Attendre mars permet à la BCE d’apprécier le plein impact de l’augmentation de la Taxe sur la valeur ajoutée allemande à la fois sur l’inflation et sur les ventes de détail”, semble lui répondre son collègue Sylvain Broyer, chez IXIS.

La TVA a grimpé de 16 à 19% depuis le début 2007 dans la première économie de la zone euro. Cette mesure est appelée à freiner la consommation, et la croissance dans la foulée.

L’Allemagne a connu sa meilleure croissance depuis six ans en 2006, avec une hausse de 2,5% de son produit intérieur brut, selon des chiffres provisoires publiés jeudi. Cette performance laisse augurer d’une poursuite de la relance cette année, mais à un rythme plus modeste.

 11/01/2007 17:52:10 – © 2007 AFP