[11/01/2007 09:14:59] HANOI (AFP) Le Vietnam est devenu jeudi le 150e membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), faisant désormais face à l’immense défi de la concurrence internationale dans un contexte de forte croissance et une pression chaque jour plus grande en faveur des réformes économiques. Le pays, l’un des derniers à se réclamer du marxisme-léninisme, embrasse le libre-échange avec un mélange de fougue et de prudence, espérant développer son économie via la conquête de nouveaux marchés pour son pétrole brut, ses textiles et chaussures, son riz et son café, ses crevettes. Il espère aussi rassurer les investisseurs étrangers sur la clarté et la prévisibilité de son système légal. “Le gouvernement vietnamien s’est engagé vers l’ouverture, la transparence, les standards internationaux de gouvernance”, assure Le Dang Doanh, économiste au ministère du Plan et de l’Investissement. Les 149 autres membres du gendarme des échanges mondiaux avaient formellement accepté le Vietnam comme leur pair le 7 novembre, avant que l’Assemblée nationale ratifie le document. Hanoï avait déposé sa candidature en 1995, neuf ans après avoir entamé des réformes visant à abandonner l’économie dirigée, privatiser ou fermer les entreprises d’Etat déficitaires et sortir le pays de l’isolement. Le pays a depuis enregistré de spectaculaires résultats économiques, affichant la plus forte croissance d’Extrême-Orient après la Chine, avec plus de 8% l’an dernier. Analystes et responsables politiques soulignaient pourtant jeudi combien tout triomphalisme était dangereux. “C’est une semaine historique, le Vietnam entre dans l’OMC avec tout ce que cela suppose d’ouverture”, relevait Adam Sitkoff, directeur de la Chambre de commerce américaine à Hanoï. “Mais il existe aussi beaucoup d’intérêts conflictuels puissants qui tentent de conserver autant de pouvoir et de parts de marché que possible”. Les réformes n’ont pas eu définitivement raison des habitudes héritées de l’économie planifiée et des réflexes protectionnistes de certains dirigeants, plus sensibles à la sauvegarde de leurs intérêts qu’aux réformes imposées par le capitalisme. “Le seul fait que le Vietnam est dans l’OMC ne signifie pas que tous les problèmes sont réglés”, insiste l’analyste américain. Tous les commentaires rappellent au contraire combien chaque potentialité s’accompagnera de défis. “Je n’aime pas lire tous ces gens qui affirment qu’on va s’enrichir immédiatemment après l’entrée dans l’OMC. Il dépend des efforts de chaque entreprise et de chaque individu que ces opportunités se traduisent en bénéfices”, a prévenu le ministre du Commerce, Truong Dinh Tuyen, sur le site d’informations gouvernemental Vietnam Net. Officiellement, le Parti communiste vietnamien, qui préside aux destinées du pays depuis 1975 et ne tolère aucune critique politique, n’a pas renoncé à son rôle de gardien de l’économie nationale. Le régime a officiellement reconduit l’an passé la politique d'”économie de marché à orientation socialiste”. “Le problème est de savoir ce que veut dire l’orientation socialiste”, admet le professeur Doanh. “Si c’est la liberté pour tout le monde, l’égalité, la fraternité, ça va. Si c’est la domination des entreprises d’Etat, on peut s’interroger”. Après des années de négociations et de préparations, le pays est aujourd’hui au pied du mur. Les industries à faible valeur ajoutée sont promises à un avenir radieux, mais les secteurs les plus pointus vont faire face à une vague de concurrence de très haut niveau. “Parce que l’économie centralisée a jusqu’à présent essayé de sauver tout le monde, maintenant certains doivent se sacrifier”, souligne Le Dang Doanh. |
||
|