Grande Bretagne : stupeur et mécontentement après la hausse des taux d’intérêt

 
 
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La Banque d’Angleterre à Londres (Photo : Adrian Dennis)

[11/01/2007 16:38:00] LONDRES (AFP) La Banque d’Angleterre (BoE) a surpris les marchés financiers et mécontenté industriels, syndicats et consommateurs jeudi, en relevant son taux d’intérêt directeur de 25 points de base à 5,25%, pour endiguer des pressions inflationnistes résistantes.

Les taux n’ont plus été aussi élevés en Grande-Bretagne depuis juillet 2001, avant les attentats contre le World Trade Center.

Ce n’est pas la première fois que la banque centrale prend à contre-pied les observateurs, après une hausse déjà inattendue en août dernier. Celle de novembre en revanche avait été anticipée.

“Cette décision est un choc, mais en termes de calendrier, pas en termes de direction ou d’ampleur de la hausse”, a commenté Daragh Maher, économiste à la banque Calyon. Le marché tablait plutôt sur une hausse en février.

A l’appui de sa décision, la BoE a cité un contexte de croissance économique et de demande fermes, au Royaume-Uni comme dans le reste du monde, et l’évolution préoccupante de l’inflation britannique à court terme.

La hausse des prix à la consommation a atteint 2,7% sur un an en novembre, au plus haut depuis le début de cette la statistique en janvier 1997. Elle évolue sans discontinuer depuis avril au-dessus de l’objectif de 2% que se fixe la Banque.

Dans le cas d’un pic à 3%, la BoE se verrait dans l’obligation d’écrire un courrier au ministre des Finances, Gordon Brown, pour s’en expliquer, ce qui serait un fait sans précédent.

La hausse des taux d’intérêt était donc “nécessaire”, selon l’institut monétaire, “pour ramener l’inflation vers la cible à moyen terme”.

La Banque d’Angleterre avait déjà signalé par ailleurs qu’elle redoutait que les négociations salariales de la nouvelle année ne débouchent sur des augmentations de nature à jeter encore de l’huile sur le feu.

“La BoE a ressenti le besoin d’envoyer un message (de rigueur) aux employeurs, et en février, il aurait peut-être été trop tard”, a estimé Kate Ward, de la banque HSBC.

Industriels, syndicats ou associations de consommateurs ont été moins compréhensifs et ont contesté les arguments de la BoE, en déplorant les conséquences de ce resserrement du crédit.

Pour Kevin Hawkins, directeur général du BRC, la principale organisation des détaillants, la nouvelle hausse des taux frappera de plein fouet des consommateurs qui digéraient à peine les effets de celle de novembre.

“C’est un coup dur qui n’était pas nécessaire”, a-t-il estimé.

Les propriétaires qui remboursent encore leur emprunts immobiliers verront augmenter immédiatement les intérêts demandés par les banques, les taux des “mortgages” étant révisables. Or, la situation est déjà critique pour les ménages britanniques.

Confrontés à une hausse de leurs factures d’eau et d’énergie, ainsi que des impôts locaux, de plus en plus de ménages peinent à rembourser leurs dettes, qui s’élèvent au total à 1.300 milliards de livres. Le nombre de faillites personnelles a ainsi bondi de 63% en 2006, avec 110.000 cas.

“La moindre augmentation des taux d’intérêt peut être catastrophique pour les gens dont les finances sont en équilibre précaire”, a estimé Peter Tutton, du Citizens Advice, un organisme d’aide juridique.

La confédération syndicale Trade Union Congress a jugé que la décision de la BoE était “injustifiée” et “sentait la panique plutôt que le jugement réfléchi”.

 11/01/2007 16:38:00 – © 2007 AFP