[11/01/2007 21:52:47] LONDRES (AFP) La Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) a confirmé jeudi soir qu’elle ne financerait sans doute pas le projet gazier Sakhaline 2 après l’arrivée de Gazprom comme actionnaire majoritaire, tout en soulignant que la Russie restait une bonne place pour l’investissement étranger. Cinq ans après avoir été sollicitée pour participer à hauteur de 300 à 400 millions de dollars au projet géant Sakhaline 2, dans l’extrême-orient russe, la BERD a annoncé jeudi qu’elle n’y participerait pas, à cause “d’un changement important dans l’actionnariat”. Fin décembre en effet, après des mois de tracasseries du gouvernement russe, les compagnies actionnaires, Shell et les japonaises Mitsui et Mitsubishi, ont accepté de couper en deux leur participation respective pour permettre à Gazprom de devenir l’actionnaire majoritaire du projet, contre 7,5 milliards de dollars. Or, la BERD favorise plutôt l’investissement privé dans les anciens pays du bloc communiste, qu’une entreprise renationalisée de fait. Le communiqué de jeudi laisse cependant la porte ouverte à la discussion: “Si le nouveau groupe d’actionnaires le demandait et faisait valoir des arguments en faveur de l’éligibilité du projet à un investissement de la BERD, la Banque pourrait envisager un financement”. La BERD a cependant considéré que plus le projet, s’approchait de son terme, moins son financement devenait nécessaire. Sakhaline 2 est le projet privé le plus cher jamais réalisé au monde avec au moins 20 milliards de dollars. La participation de la BERD était depuis plus d’un an en suspens. Elle avait d’abord lancé une consultation générale des populations concernées sur les risques d’atteintes à la faune et à la flore locales, puis avait différé encore sa décision à l’automne quand le gouvernement russe avait commencé à faire des reproches à Shell, Mitsui et Mitsubishi, indiquant qu’elle ne pouvait financer que des projets en conformité avec les lois locales. Interrogé au cours d’un point de presse sur la dispute commerciale des jours derniers entre la Russie et le Bélarus, qui a abouti à une suspension momentanée des exportations de pétrole russe vers l’Europe, faisant écho à une dispute similaire l’an dernier avec l’Ukraine, le président de la BERD Jean Lemierre a considéré que cette affaire “nous rappelait que la transition est un processus difficile”. Il a souligné “la forte interdépendance” désormais entre Europe de l’Est et de l’Ouest estimant que, “quoi qu’on en pense ou dise, cela demeurera”. Il n’a cependant pas remis en cause la politique d’investissement en Russie de la BERD, qui y a réalisé un tiers de ses investissements en 2006, plus que dans aucun des 28 autres pays de l’ancien bloc communiste dans lesquels elle opère. Ce financement augmentera encore en 2007. M. Lemierre a estimé que la reprise en main du secteur énergétique n’avait pas pris les investisseurs par surprise et constaté que la Russie avait en revanche accepté sans problème des étrangers dans un autre secteur considéré comme stratégique, l’aviation, avec la construction de l’avion régional de Sukhoï Superjet 100. Toyota, GM, Ford, Renault ou Volkswagen, qui ont investi en Russie “ne peuvent pas tous se tromper”, a-t-il dit assurant que, “même s’il peut y avoir des questions, dans la plupart des secteurs ça marche bien”. Il s’est félicité de l’intérêt des investisseurs japonais, turcs, indiens et chinois. Interrogé enfin sur l’effet de l’actuelle chute des prix du pétrole sur ces pays dont il a fait rapidement la fortune, M. Lemierre a jugé que “tous étaient très raisonnables” et avaient su mettre leurs économies dans des fonds d’investissement. |
||
|