[12/01/2007 12:43:30] PARIS (AFP) L’inflation est restée très mesurée en France en 2006, à 1,6 ou 1,7% de moyenne annuelle, notamment grâce à l’euro fort qui joue en faveur du pouvoir d’achat des Français, expliquent les analystes. La hausse des prix à la consommation s’est élevée à 0,2% en décembre 2006 par rapport à novembre, ce qui porte l’inflation à 1,5% entre décembre 2005 et décembre 2006, selon les statistiques publiées vendredi par l’Insee. Les conjoncturistes ont immédiatement calculé que cela correspondait à une inflation moyenne de 1,7% en 2006. L’Insee, qui publiera ce chiffre dans les prochaines semaines, l’évalue à 1,6%. En tous les cas c’est mieux qu’en 2005, où l’inflation moyenne avait été de 1,8%. La performance est d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit “dans un contexte de nette hausse des prix des matières premières”, souligne Alexandre Bourgeois (Natixis), même si le reflux des prix pétroliers en fin d’année a joué positivement. Au total la modération des prix a été “aidée par l’euro fort, la mondialisation et l’accalmie des prix du pétrole”, résume Alexander Law, du cabinet d’analyses sectorielles Xerfi. En effet, “c’est bien cette désinflation importée sur les biens manufacturés, conséquence heureuse de la mondialisation et de l’euro fort, qui permet à l’inflation de rester à marée basse et aux consommateurs de dépenser avec tant d’allégresse”, selon lui. Alexandre Bourgeois cite lui aussi la “vigueur de l”euro” et “la faiblesse des coûts de fabrication des biens dans les pays émergents” pour expliquer cette faible inflation, qui va de pair avec des importations massives. D’ailleurs, soulignent les conjoncturistes, les seuls prix qui ont tendance à augmenter sont ceux qui ne sont pas soumis à la concurrence internationale, comme les services ou encore les produits frais. Les analystes s’étonnent qu’il y ait un tel hiatus entre la stabilité relative des prix et les perceptions des consommateurs. “Si les prix de vente au détail du café en salle et de la baguette ont progressé de respectivement 11% et 15% depuis janvier 2002, date d’arrivée de l’euro fiduciaire, les prix de l’électronique de loisirs ont chuté de plus d’un tiers sur la période”, souligne M. Law. Produits frais, énergie et loyers, “dans la psychologie des agents économiques, ont parfois tendance à représenter l’ensemble de leurs dépenses”, alors qu’ils “ne pèsent en tout et pour tout que 17,7% de l’indice des prix à la consommation”, et que “leur évolution est plus que compensée par le recul des prix des produits manufacturés”, insiste M. Bourgeois. La modération de l’inflation a en tout cas pour effet de permettre au pouvoir d’achat d’augmenter, souligne Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès, qui évalue ce gain à 2,7% en 2006 “alors même que les salaires n’ont pas connu de fortes revalorisations”. La faiblesse de l’inflation constitue donc un atout pour la croissance française, qui repose largement sur la consommation des ménages. Et il semblerait que le mouvement se poursuive: sous l’effet d’un recul des prix de l’énergie, elle pourrait passer à 1,2% en moyenne en 2007, selon Mathieu Kaiser (BNP Paribas), voire “un petit 1%” pour Nicolas Bouzou. Mais cet atout pourrait aussi se transformer en handicap. “On a pour l’instant une sorte de peur de l’inflation, attention de ne pas passer à une peur de la déflation”, avertit Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) . |
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