[12/01/2007 17:36:57] PARIS (AFP) Alors que les prix de l’immobilier se tassent en France, la tendance du marché est au ralentissement, certains experts n’hésitant pas à annoncer l’éclatement de la bulle, voire un krach. Porté par des conditions financières avantageuses – taux d’intérêt bas et allongement de la durée des prêts – et par une très forte pression de la demande, l’immobilier vogue sur des niveaux de prix inégalés, une hausse d’environ 100% en dix ans. En 2006, les premiers signes d’un tassement sont apparus, la hausse des prix passant sous la barre des 10% dans l’ancien. Et les ménages qui achètent leur premier logement y consacrent environ 30% de leurs revenus, de loin le premier poste de leur budget. Jeudi, une étude du cabinet d’analyse Precepta (groupe Xerfi) prédisait une chute des prix de 25% d’ici à 2010, annonçant “le scénario noir d’un krach” comme “crédible”. Pas d'”atterrissage en douceur” annoncé par beaucoup, mais “le point haut du cycle ayant été atteint, les tendances s’inversent”. “Les prix dans l’immobilier progressent aujourd’hui quatre fois plus rapidement que le pouvoir d’achat”, relève Precepta pour qui “jamais la déconnexion entre les deux n’a été si forte” et le mouvement haussier “semble avoir atteint ses limites”. L’étude a fait bondir d’autres experts, qui contestent ses conclusions tout en étant d’accord avec l’analyse de l’état des lieux, largement partagée par le secteur. “Il y aura ralentissement”, admet Philippe Waechter, analyste chez Natixis, mais “c’est une nuance assez sensible avec rupture”. “Dans un marché immobilier, le facteur primordial de la chute est l’accumulation de stocks, comme ce fut le cas à la fin des années 80 au moment de l’éclatement de la bulle”, explique-t-il. Or, la situation française montre exactement le contraire.
Pour Michel Mouillart, professeur d’économie à Paris X, “le ralentissement pourrait être très prononcé, accompagné d’un repli du nombre de transactions”. Mais, il ajoute aussitôt qu’il s’agira là d’un “repli d’attentistes” et non pas “d’un effondrement”. Et, analyse-t-il, une fois passée la période électorale où les ménages aisés “diffèrent leur projet immobilier, comme cela s’est déjà vu dans le passé”, l’année 2008 n’aura “aucune raison de poursuivre le mouvement de baisse”. Pour lui, le ralentissement s’explique par le profil des acquéreurs, plus jeunes et moins aisés, comme l’a révélé une étude du réseau Century 21. “Ceux-là achètent des biens immobiliers de moindre qualité et qui coûtent moins cher”, a expliqué M. Mouillart. Président du groupe Orpi, Bernard Cadeau estime “très difficile d’envisager ce qui va se passer dans plusieurs années” dans un marché où “la demande est largement supérieure à l’offre”. Mais, reconnaît-il, “un des facteurs importants de la hausse de prix, les +papy-boomers+ qui ont des revenus confortables, va s’estomper”. La Fnaim (agents immobiliers) affirme qu'”un scénario de retournement brutal de la conjoncture est écarté”, pariant notamment sur la part croissante du prêt à taux zéro qui a permis “à plus de 430.000 ménages de réaliser un projet immobilier entre 2005 et 2006”. Pour leur part, les promoteurs de constructions neuves ont su “adapter leur offre”, affirme-t-on chez le premier d’entre eux, Nexity, notamment en réduisant la surface des biens immobiliers mis en vente. |
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