[15/01/2007 18:45:35] PARIS (AFP) Le site internet de téléchargement légal VirginMega.fr a jeté un pavé dans la mare de l’industrie musicale à quelques jours du Midem, en annonçant la mise en vente prochaine de 200.000 morceaux au format MP3 sans mesure de protection (DRM). Ces titres pourront être lus sur tous les baladeurs, dont les iPod d’Apple, le leader du marché. Cette démarche est un coup de griffe porté à la position hégémonique d’Apple: un utilisateur d’iPod ne peut normalement lire que des fichiers achetés sur iTunes, le site dédié de la firme à la pomme, ou des fichiers MP3 qu’il s’est procurés gratuitement sur des sites d’échange P2P, une solution considérée comme du piratage par l’industrie du disque. En cause, les DRM (“Digital Rights Management”) ou MTP (“Mesures techniques de protection”) en français, sorte de verrous de sécurité dont les fichiers MP3 sont dépourvus. Leur fonction est de vérifier si le consommateur a bien le droit d’écouter un morceau acheté sur internet, de fixer le nombre de copies qu’il a le droit de faire et de surveiller les transferts vers les différents appareils numériques. Les multinationales du disque n’entendent pas renoncer aux DRM, moyen de lutte contre le piratage, et dont la légalisation figure dans la loi sur le droit d’auteur et les droits voisins (DADVSI) d’août 2006. Mais l’absence d’interopérabilité — compatibilité entre les différents types de matériels — est souvent vue comme l’un des obstacles majeurs à l’explosion de la vente de musique en ligne. Au premier semestre 2006, les ventes de musique numérique (internet et téléphonie mobile) ne représentaient que 5% du chiffre d’affaires des ventes de musique en France. “Aujourd’hui, c’est plus compliqué d’acheter de la musique que de la pirater. On essaie de convaincre les gens qu’il faut acheter de la musique mais on leur met des bâtons dans les roues”, déplore le directeur général de VirginMega, Julien Ulrich, interrogé par l’AFP. VirginMega a conclu un accord avec plusieurs labels indépendants pour mettre son offre sur pied, dont l’un des plus importants, V2. La plateforme va proposer au téléchargement payant en MP3 des morceaux d’artistes comme Anaïs, Bloc Party, dEUS, Isabelle Boulay, Ennio Morricone, The Rakes, Assassin, ainsi que les derniers albums de Henri Salvador et Jean-Louis Murat ou la comédie musicale “Notre Dame de Paris”. “D’autres gros indépendants vont arriver, je ne peux pas encore dire lesquels”, a assuré M. Ulrich, qui ne pense pas que VirginMega se mette les “majors” à dos via cette démarche anti-DRM. “Il y a un an, c’était encore tabou. Aujourd’hui, la question est ouverte et ce discours est entendu à défaut d’être accepté”. Selon lui, les 200.000 morceaux seront en vente d’ici le début du Midem (Marché international du disque et de l’édition musicale), ce week-end à Cannes. En 2004, VirginMega avait accusé Apple d’abus de position dominante en raison de l’incompatibité entre les iPod et les sites de téléchargement autres que iTunes, mais sa demande avait été rejetée par le Conseil de la concurrence. |
||
|