[16/01/2007 14:56:17] LONDRES (AFP) L’inflation a atteint son taux le plus haut depuis dix ans au Royaume-Uni avec un chiffre de 3% au mois de décembre, bien au-dessus de l’objectif de 2% fixé par la Banque d’Angleterre (BoE), contribuant à expliquer la hausse surprise des taux la semaine dernière. Avec un tel résultat, le gouverneur de la BoE, Mervyn King, n’est pas passé loin d’une lettre d’explications au ministre des Finances Gordon Brown, nécessaire quand le taux d’inflation passe la barre des 3%. Cela aurait été la première fois depuis l’indépendance donnée à l’institution en 1997. Le comité de politique monétaire de la BoE lutte depuis le mois d’avril contre une hausse des prix pour éviter de dépasser son objectif de 2%, le même que celui de la Banque centrale européenne. Il a relevé trois fois ses taux d’intérêt depuis août pour améliorer la situation, dont une dernière poussée du taux directeur à 5,25% qui a pris tout le monde à rebours la semaine dernière: la banque avait déjà en main les chiffres de décembre, a-t-on appris mardi. “Maintenant, nous savons pourquoi la banque d’Angleterre a relevé ses taux d’intérêt la semaine dernière”, a résumé Howard Archer, de Global Insight. Les principales hausses ont été enregistrées dans le secteur des transports, avec la décision du ministre des Finances Gordon Brown, annoncée début décembre, d’augmenter la taxe sur le carburant qui était gelée depuis plusieurs années. Hors énergie, alimentation, boissons alcoolisées et tabac, les prix ont augmenté de 1,8% en décembre, après 1,6% en novembre. “Il n’y a pas grand-chose que la Banque d’Angleterre puisse entreprendre pour faire redescendre l’inflation au cours des quelques mois à venir”, a estimé Karen Ward, de la banque HSBC. Cependant, cet expert considère la hausse des taux décidée la semaine dernière comme une sorte d’avertissement alors que vont se conclure dans les prochaines semaines les négociations salariales pour l’année. “Elle a essayé d’envoyer un message fort aux négociateurs: laissez monter les salaires en fonction de l’inflation et nous attaquerons la demande et les coûts avec des taux d’intérêt plus élevés”, explique Mme Ward. Tous les économistes spéculaient mardi sur la date d’une nouvelle hausse de taux. “Après la surprise de janvier, pourquoi en exclure une autre” en février?, s’est demandé Daragh Maher, de Calyon. Rappelant que là encore, le comité disposerait des chiffres de l’inflation de janvier pour asseoir sa décision, M. Maher a calculé “que si les prix ne baissent pas d’au moins 0,5% sur le mois (janvier est traditionnellement un mois de baisse avec les soldes, ndlr), le taux sur un an atteindra 3,1%”. David Page et Philip Shaw d’Investec pensaient plutôt que la banque centrale devrait chercher à échapper à la fameuse lettre d’explication au gouvernement, tout en s’attendant à une hausse des taux à 5,50% “dans les prochains mois”. La dernière fois que la Banque d’Angleterre avait enchaîné des hausses de taux d’un mois sur l’autre remonte au printemps 2004. Le Premier ministre Tony Blair a pour sa part relativisé l’accélération de l’inflation. Au cours de sa première conférence de presse de l’année, il a estimé que les prix “avait augmenté dans la plupart des grand pays” en raison des prix du pétrole qui ont “doublé, triplé” ces dernières années. “Cela devrait redescendre en 2007 et nous espérons revenir à 2%”, a-t-il dit, en vantant “la forte croissance économique, les taux d’intérêt historiquement bas, l’inflation contrôlée et les niveaux de vie et d’emploi élevés” dont bénéficie son pays selon lui. |
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