[16/01/2007 17:29:29] MADRID (AFP) La justice espagnole a levé mardi les derniers barrages juridiques qui bloquaient les OPA sur Endesa, donnant enfin le coup d’envoi d’une bataille entre l’Espagnol Gas Natural et l’Allemand EON pour mettre la main sur le premier groupe d’électricité espagnol. Depuis le printemps 2006, cet épineux dossier se trouvait paralysé par deux décisions de justice qui ont été levées coup sur coup en l’espace de six jours. Mardi, la cour de la province de Madrid a levé les suspensions qui pesaient depuis le 21 mars 2006 sur l’OPA de Gas Natural. Mercredi dernier, c’était le Tribunal Suprême qui avait levé une mesure similaire dans une autre procédure. Ces décisions concernaient le projet d’OPA de Gas Natural, lancé le 5 septembre, mais bloquaient aussi par ricochet le projet d’EON annoncé en février. Désormais, la bataille boursière va pouvoir commencer. L’autorité des marchés espagnols, la CNMV, va valider les deux projets d’OPA qui lui ont été transmis. Ensuite les deux groupes auront un délai de cinq jours pour se retirer ou relever la barre. Gas Natural pourrait relever son offre initiale en actions et en numéraire qui valorise Endesa à 22,5 milliards d’euros, pour rattraper celle d’EON, en numéraire, qui valorise Endesa à 36,5 milliards d’euros. La banque Crédit Suisse jugeait le 11 janvier peu probable que Gas Natural renonce. Ses analystes s’attendent à ce que “EON augmente son offre actuelle de 34,5 euros par action”, inférieure au cours de Bourse d’Endesa. C’est une “percée importante”, a commenté depuis l’Allemagne le patron d’EON, Wulf Bernotat. “Maintenant, tous les obstacles juridiques à la poursuite du processus d’acquisition sont levés”, a-t-il déclaré, ajoutant “rester très confiant”. Gas Natural ne commentait pas immédiatement la décision et Endesa faisait état de sa “satisfaction”. La bataille boursière n’est pas jouée d’avance. EON s’inquiète de l’éventuelle constitution d’un front hispanique pour contrer son OPA, et qui serait emmené par le groupe de BTP espagnol Acciona, devenu en septembre le premier actionnaire d’Endesa avec plus de 21%. Le groupe allemand a saisi début janvier le gendarme de la Bourse de Madrid pour l’alerter sur une éventuelle collusion entre Acciona et Gas Natural, qui agiraient de concert pour faire échouer son OPA. Selon des informations de presse, EON soupçonne également le patron d’un groupe immobilier espagnol, Fadesa, d’avoir acheté presque 4% d’Endesa en Bourse, de concert avec Acciona, toujours avec la même idée en tête. Les actionnaires, qui détiennent moins de 5% du capital d’une entreprise, ne sont pas obligés de le déclarer en Espagne. Le gouvernement espagnol s’était âprement opposé au projet d’EON, se faisant plusieurs fois rappeler à l’ordre par Bruxelles. Son hostilité n’est plus manifeste, mais EON craint que le puissant secteur du BTP espagnol n’ait pris le relais dans la guerilla. Interrogé par l’AFP, une porte-parole d’Acciona a répété que son investissement dans Endesa était “stratégique”, et que le groupe ne se déciderait pas uniquement sur des critères financiers en cas d’OPA. Acciona a par ailleurs averti le 12 janvier se “réserver le droit d’agir” de concert à l’avenir, menacant à demi-mots EON. Un des autres acteurs clés sera la banque espagnole Caja Madrid, qui possède 9,93% du capital d’Endesa et qui n’a pas encore pris position. A la Bourse de Madrid, l’action Endesa a terminé en hausse de 1,63% à 37,35 euros. Celle de Gas Natural s’est repliée de 0,77% à 29,60 euros. EON se repliait de 0,21% à 100,21 euros juste avant la clôture à Francfort. |
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