[16/01/2007 18:07:20] DRESDE (AFP) Les ministres européens de la Justice ont décidé mardi de comparer leurs législations sur les jeux vidéo violents afin d’en renforcer éventuellement les contrôles, mais n’envisagent pas de réglementation à ce sujet au niveau de l’UE. “Nous allons faire un inventaire de nos législations (…) pour montrer les exemples de meilleures pratiques”, a déclaré la ministre allemande de la Justice Brigitte Zypries, à l’issue d’une réunion avec ses homologues européens à Dresde (Allemagne). A ses côtés, le commissaire à la Justice Franco Frattini a reconnu que “chaque Etat membre continuerait à décider quels sont les jeux (qu’il considère comme) violents. Les cultures sont différentes, ce n’est pas une décision qui doit être prise à Bruxelles”. “Mais la protection des enfants ne peut pas s’arrêter aux frontières”, a-t-il plaidé, en soulignant qu’il organiserait une conférence avec les créateurs et les producteurs car “la prévention vaut mieux que la répression”. Pour le commissaire, le système d’autorégulation mis en place en 2003 par l’industrie, qui classifie dans 14 pays de l’UE les jeux par catégories d’âges et par contenu (violence, sexe, etc), “n’est pas suffisant”. “Le point faible de ce système est au niveau de la vente des jeux. Qui vérifie l’identité des jeunes qui achètent ces jeux ?”, a-t-il souligné, estimant nécessaire que les 27 renforcent leurs contrôles, par des sanctions pénales, si nécessaire, envers les vendeurs. M. Frattini est d’avis “qu’il y a un lien entre les jeux vidéo violents et la violence réelle”, même s’il admet que les experts sont très divisés sur cette question. Le débat des ministres faisait suite à une polémique née en Italie début novembre à la sortie d’un jeu controversé “The rule of Rose”, qui décrit, selon les résumés qu’on peut lire, des rites cruels qu’inflige à des adultes une société secrète de jeunes filles dans un orphelinat anglais. Dans la foulée, le commissaire Frattini, un Italien, a écrit aux ministres pour attirer leur attention sur ce phénomène en se disant “profondément choqué par la cruauté obscène et la brutalité” de ce jeu. La polémique avait repris au Royaume-Uni, conduisant l’éditeur de ce jeu, “505 games”, à en annuler la sortie bien qu’il ne le considère que comme un “jeu d’épouvante à l’instar d’autres jeux et films actuellement sur le marché” et qui est conseillé pour les plus de 16 ans. Pendant leur débat, les ministres ont d’ailleurs visionné un extrait “effroyable” selon un participant d’un jeu violent pour adultes intitulé “Manhunt” (Chasse à l’homme), qui connaît un grand succès sur l’internet. En Allemagne, le débat a été relancé fin novembre après qu’un jeune homme de 18 ans, réputé adepte de jeux de guerre sur ordinateur, a ouvert le feu dans son ancien collège et blessé plusieurs personnes avant de se donner la mort. Le puissant Land de Bavière veut modifier la loi fédérale, pourtant l’une des plus répressives d’Europe, pour interdire explicitement les jeux violents, même ceux diffusés par internet. “On ne peut pas interdire les jeux sur internet. C’est comme vouloir interdire la pluie”, a répliqué mardi Mme Zypries, qui juge “la loi fédérale suffisante”. |
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