[17/01/2007 07:46:37] BÜLACH (AFP) Le procès Swissair, le plus grand jamais organisé en Suisse, s’est ouvert mardi près de Zurich, cinq ans après la faillite de la prestigieuse compagnie aérienne, qui a traumatisé le pays. Les deux premiers prévenus à comparaître à la barre ont adopté la même stratégie: le mutisme. Tous deux poursuivis pour gestion déloyale, ils ont refusé, sur les conseils de leurs avocats, de répondre aux questions du président du tribunal mais se sont déclaré “non-coupable”. Au total, dix-neuf anciens responsables de la compagnie sont inculpés de gestion déloyale dans ce procès-fleuve, prévu jusqu’à début mars. Il s’agit des anciens membres du conseil d’administration de SAirGroup, qui ont soutenu sans réserve la stratégie “du chasseur” de Swissair, qui consistait à acheter à prix d’or de petites compagnies européennes, comme Sabena, Air Littoral, Air Liberté ou AOM. Ces acquisitions de compagnies mal gérées et peu rentables ont conduit Swissair, surnommée la “banque volante” durant les belles années de son expansion, à la faillite lors de la crise du secteur aérien précipitée par les attentats du 11 septembre. Le 2 octobre 2001, la flotte de Swissair se retrouvait clouée au sol pendant 48 heures faute d’argent pour payer le carburant. Le bilan de crash est impressionnant : les petits actionnaires de Swissair ont tout perdu, des milliers d’emplois ont été supprimés et les pouvoirs publics ont investi des milliards à fonds perdus pour tenter de sauver la compagnie. Cinq ans après les faits, Swissair n’existe plus et a été remplacée par Swiss, une compagnie plus petite, reprise par Lufthansa. Mais l’émotion semble retomber dans l’opinion publique. Alors que la presse suisse a multiplié depuis des semaines les articles consacrés au procès, à peine une cinquantaine de personnes, sur les 1.500 prévues, a pris place mardi dans la salle communale de Bülach, au nord de Zurich, où se déroulent les audiences.
C’est donc devant une assistance composée essentiellement de journalistes, que le président du tribunal, Andreas Fischer, a ouvert les travaux mardi matin. Une heure et demie plus tard, la séance du matin était déjà terminée, parce que le premier inculpé, Gerhardt Fischer, 74 ans, a refusé de répondre aux questions de fond. Flanqué de son avocat, cet industriel, qui préside le groupe suisse Panalpina (logistique), est inculpé, comme les autres prévenus, de gestion déloyale, faux dans les titres et fausses déclarations. Il a été membre pendant 12 mois du conseil d’administration de SAirGroup, la maison-mère de Swissair, mais a refusé de répondre aux questions précises du président, comme le droit de la défense le permet. “Ne pas répondre est vraiment une marque d’arrogance”, s’est insurgé à la sortie de l’audience un membre de l’assistance. Du fait du silence du prévenu, le président du tribunal s’est livré à un exercice ubuesque. La loi l’oblige à lire les questions l’une après l’autre et à laisser un temps de réponse entre chacune d’entre elles. Cette longue litanie, ponctuée de silences, a duré pendant presque une heure. Puis l’audience a été suspendue jusqu’en début d’après-midi. La même scène a été rejouée dans l’après-midi. Cette fois, c’était un prestigieux banquier, Bénédict Hentsch, 59 ans, qui était sur la sellette. Membre pendant 13 ans du conseil d’administration de SAirGroup, de 1989 à 2002, Bénédict Hentsch a lui aussi refusé d’entrer en matière, se contentant de dire qu’il était “non-coupable”. Le procès devrait reprendre mercredi. |
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