[18/01/2007 19:12:52] PARIS (AFP) Le gouvernement britannique s’est vu sévèrement tancé jeudi par l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), “gravement préoccupée” par l’arrêt d’une enquête pour corruption visant BAE et l’Arabie saoudite, au nom de l’intérêt national. Réuni depuis mardi au siège de l’Organisation à Paris, le groupe de travail de l’OCDE sur la corruption a lancé un coup de semonce. Dans un communiqué, il s’est dit “gravement préoccupé quant à la possibilité que cette décision ne soit pas conforme à la Convention de lutte contre la corruption” de l’Organisation, paraphée par les 30 pays membres dont le Royaume uni, et six autres. Et il a annoncé que des “mesures appropriées” pourraient être prises en mars prochain. Si l’OCDE, qui regroupe tous les pays développés, n’a pas de réel pouvoir de sanction, elle peut faire pression sur un Etat en dénonçant publiquement d’éventuels manquements. Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, cité dans le communiqué, a souligné que la crédibilité de la Convention dépendait de son respect par les signataires, jugeant “tout à fait essentielle” la “volonté politique” des pays membres. Le gouvernement britannique est sous le feu de la critique pour avoir mis fin mi-décembre à une enquête du service de lutte contre la grande délinquance financière (Serious Fraud Office, SFO) visant l’Arabie Saoudite et BAE Systems. L’enquête portait sur d’éventuels pots-de-vin versés dans le cadre d’un contrat géant de vente d’armes signés entre Londres et Ryad dans les années 1980. Cette décision, qui avait été assumée personnellement par le Premier ministre Tony Blair au nom de “l’intérêt général” du Royaume-Uni, avait poussé l’OCDE avant Noël à écrire au ministère britannique des Affaires étrangères pour lui demander de s’expliquer sur cette affaire. Le Foreign Office lui a répondu vendredi dernier, a indiqué à l’AFP l’OCDE, sans révéler la teneur de ce courrier. Le groupe de travail, qui a interrogé mardi des représentants du Royaume-Uni, a dit avoir “apprécié les efforts du gouvernement britannique pour expliquer sa décision”. Mais sans, apparemment, avoir été convaincu. D’éventuelles “mesures” seront étudiées lors des nouvelles discussions sur ce dossier, prévues en mars. A cette date, le groupe de travail devait passer en revue la mise en oeuvre par Londres de ses recommandations en matière de lutte anti-corruption, faites en 2005. Il s’agit notamment de vérifier que Londres a bien adopté des amendements législatifs “pour faire en sorte les enquêtes et les poursuites pour corruption d’agents publics étrangers ne seront pas influencées par des considérations d’intérêt économique national, les effets possibles sur les relations avec un autre État ou l’identité des personnes physiques ou morales en cause”, conformément à l’article 5 de la Convention, selon le communiqué. L’avertissement de l’OCDE a été accueilli avec flegme à Londres où un porte-parole de Tony Blair a estimé qu’il ne s’agissait pas d’un “verdict”. Le Royaume-Uni communiquera d’ici mars à l’OCDE “de nouveaux éléments”, ce qui pourrait “satisfaire ces préoccupations”, a-t-il ajouté. De son côté, le commissaire européen au Commerce, le britannique Peter Mandelson, très proche de Tony Blair, a estimé que l’Union européenne n’avait pas à se mêler du dossier BAE, qui “est l’affaire du Royaume-Uni”. |
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