En
prévision de changements climatiques prévisibles qui seront perceptibles à
travers une augmentation des températures (1,1°C d’ici 2030) et une baisse
des précipitations, les pouvoirs publics ont mis au point, avec le concours
des allemands, «une stratégie d’adaptation» multidimensionnelle pour aider
les rouages du pays à composer avec cette nouvelle donne climatique.
Ultime objectif : trouver un bon équilibre entre croissance économique et
protection de l’environnement pour assurer la pérennité du genre humain.
Les conséquences sociales et économiques, présentées au public, jeudi 11
janvier, à Tunis dans le cadre d’un séminaire, pourraient être dramatiques.
Elles vont de la perte de récoltes, d’abandon de certaines cultures à une
augmentation des risques de grands feux, le tout pouvant entraîner des
répercussions graves sur l’économie et la société.
Cette stratégie comporte des actions d’ordre institutionnel, agricole et
économique. En gros, il s’agit de dépasser la gestion de crise à court terme
au moyen d’une stratégie d’adaptation aux risques liés aux changements
climatiques, d’intégrer la volatilité climatique dans la politique agricole
et économique du pays, et de gérer de manière intégrée les conséquences
socioéconomiques grevant le secteur agricole.
Ces actions consistent à mettre en fonction un système de veille
climatologique (télédétection spatiale) et d’alerte précoce (réseau
terrestre météorologique amélioré par automatisation) jusqu’au niveau des
exploitations et à gérer au mieux les ressources en eau (constitution de
réserves virtuelles en prévision des sécheresses, protection des ressources
souterraines et révision de la tarification de l’eau, recharge des
aquifères).
Au rayon de l’agriculture, l’accent sera mis sur l’application rigoureuse de
la Carte agricole (vocations des sols et des cultures), sur les
reconversions (au bio à titre indicatif…).
Cette stratégie prévoit des actions qui peuvent transformer les aléas
climatiques en atout. Ainsi, la labellisation «climatique» de l’agriculture
compétitive adaptée aux risques climatiques au moyen d’un poinçon de qualité
pourrait rendre cette activité plus attractive et plus rentable.
Au niveau international, la Tunisie est en mesure d’explorer les instruments
internationaux de compensation climatique institués pour financer
l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation des émissions de
gaz à effet de serre. La Tunisie pourrait tirer profit du projet du Fonds
d’adaptation des Nations unies visant à aider les pays africains à faire
face aux changements climatiques.
Enfin, il importe de conférer à cette stratégie une dimension
institutionnelle à travers la création d’un «conseil national climatique».
Cette institution aura pour mission d’intégrer la volatilité climatique dans
la politique économique et agricole du pays, d’appliquer, de gérer
intersectoriellement, de faire évaluer et d’adapter périodiquement la
stratégie intégrée et le plan d’action national d’adaptation aux changements
climatiques.
Au-delà de ces changements climatiques prévisibles, il faut reconnaître,
toutefois, que le réchauffement du climat n’est pas propre à la Tunisie et
que la stratégie précitée a été arrêtée conformément à une approche
régionale appelée «l’arc méditerranéen».
L’Union européenne a dévoilé, mercredi 10 janvier 2007, une série
d’objectifs pour lutter contre le réchauffement atmosphérique dont une
réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre en Europe d’ici 2020
comparativement a leur niveau de 1990.
Les Etats-Unis sont le plus gros pollueur de la planète avec un quart des
émissions de ces gaz, suivis par la Chine et l’Inde, signataires de Kyoto
mais non tenus de s’y conformer puisque considérés comme des pays en
développement.
Le pays de l’Oncle Sam a toujours expliqué son rejet de Kyoto par le coût
économique trop élevé pour le pays, prônant, en revanche, des réductions
volontaires des émissions polluantes et le développement de nouvelles
technologies.
Ces gros pollueurs sont de plus en plus sur la défensive sur le
réchauffement climatique alors que les pressions et les initiatives se
multiplient aux Etats-Unis ainsi que dans le reste du monde pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre.
La dernière pression en date vient de Californie, Etat américain (ouest) le
plus peuplé et le plus important, économiquement, avec la décision annoncée,
mardi 9 janvier 2007 par le gouverneur républicain Arnold Schwarzenegger, de
réduire de 10% d’ici 2020 ces gaz, notamment le Co2 (dioxyde de carbone)
issu de la production et de la consommation d’énergie fossile (pétrole et
charbon).
Le gouverneur entend recourir à des carburants alternatifs notamment
l’éthanol pour atteindre son objectif.
Pour mémoire, le Brésil est, jusqu’ici, le seul pays à avoir pris
l’initiative d’éliminer le carbone des carburants. L’Union européenne
envisagerait de lui emboîter le pas.