Les actifs du pétrolier Ioukos évalués à plus de 22 milliards de dollars

 
 
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Le logo de Ioukos devant une station-service à Moscou, le 2 août 2006 (Photo : Maxim Marmur)

[19/01/2007 20:30:15] MOSCOU (AFP) Les actifs de l’ancien numéro un du pétrole russe, Ioukos, ont été évalués vendredi à plus de 22 milliards de dollars, ce qui ouvre la voie au démantèlement final du groupe de Mikhaïl Khodorkovski, que devraient se partager les géants Gazprom et Rosneft, contrôlés par l’Etat.

“Selon une évaluation préliminaire, la valeur des actifs de Ioukos peut dépasser les 22 milliards de dollars”, a indiqué Nikolaï Lachkevitch, le porte-parole du liquidateur judiciaire de Ioukos, Edouard Rebgoun.

Cette évaluation ne devrait cependant guère bouger, a précisé M. Lachkevitch à l’AFP, et n’est qualifiée de “préliminaire” qu’en raison du “refus” de certaines filiales de Ioukos à l’étranger, notamment en Grande-Bretagne, de fournir les renseignements financiers requis.

Et la machine judiciaire ne peut que suivre son cours, jetant définitivement aux oubliettes le groupe Ioukos, qui continuait à extraire en Russie plusieurs centaines de milliers de barils de brut par jour.

“La mise en vente des actifs débutera le plus vraisemblablement en février-mars”, selon M. Lachkevitch, soucieux désormais d’organiser cette “vente aux enchères” attendue des derniers bijoux du groupe, comme l’importante filiale de production sibérienne Tomskneft.

La transparence de ces ventes laissait peu d’illusions aux analystes pétroliers vendredi à Moscou, alors que Rosneft et Gazprom font figure de principaux invités au festin.

“Cela va se passer comme pour Iouganskneftegaz”, la principale filiale de production de Ioukos, acquise par Rosneft lors d’une vente aux enchères controversée fin 2004, relève l’analyste Valeri Nesterov, de la banque d’investissement Troïka Dialog.

Iouganskneftegaz avait été vendue en un temps record à Moscou à une société russe inconnue, Baïkalfinansgroup, qui s’était révélée agir pour le compte de Rosneft.

Elle n’avait, alors, déjà affronté qu’un rival, Gazpromneftegaz, filiale pétrolière de Gazprom et avait remporté la mise pour moins de dix milliards de dollars.

“Bien sûr ce ne seront pas des enchères ouvertes aux groupes étrangers. La seule inconnue, c’est de savoir ce que vont obtenir Gazprom et Rosneft” respectivement, explique-t-il à l’AFP, ajoutant que “pour le marché, la question (d’un avenir pour Ioukos) est réglée depuis longtemps”.

L’analyste Andreï Gromadine, de la banque MDM, juge lui aussi “peu probable qu’une surprise puisse se produire” dans ce dernier acte de la saga Ioukos, pessimiste sur les chances des actionnaires de Ioukos de réussir à contester ces ventes devant la justice internationale.

Comme d’autres analystes, il insiste sur le fait que l’évaluation des actifs de Ioukos à 22 milliards de dollars est “largement inférieure” aux estimations de sa société, l’estimant “entre 30 et 40 milliards de dollars”.

Le journal des affaires Vedomosti souligne que cette évaluation attendue “ne couvre pas la dette de 26,6 milliards de dollars” que la compagnie doit rembourser à ses créanciers, au premier rang desquels le fisc russe.

L’ancien fleuron de Mikhaïl Khodorkovski avait été placé en liquidation judiciaire en août 2006, laissant dès lors peu de doute sur la poursuite de la vente de ses actifs dans la lignée de Iouganskneftegaz.

Son patron purge une peine de huit ans de prison en Sibérie, officiellement pour fraude fiscale et escroquerie, au terme d’une affaire largement considérée comme une manoeuvre du Kremlin pour s’emparer de précieux actifs pétroliers tout en mettant au pas un homme d’affaires trop indépendant.

 19/01/2007 20:30:15 – © 2007 AFP