L’Algérie et la Russie veulent dissiper les inquiétudes de l’UE sur le gaz

 
 
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Le ministre algérien de l’Industrie et des Mines Chakib Khelil le 13 décembre 2006 à Abuja (Photo : Pius Utomi Ekpei)

[21/01/2007 11:46:26] ALGER (AFP) L’Algérie et la Russie, soupçonnées de vouloir créer un cartel du gaz, se sont employées ces derniers jours à dissiper les inquiétudes de leurs clients européens, en s’engageant à assurer la sécurité des approvisionnements.

Le protocole d’accord, qui doit être signé entre l’Algérie et la Russie, définira un “cadre de dialogue et de coopération” afin de développer leur production et “d’assurer la sécurité des approvisionnements et la stabilité des marchés dans l’intérêt des producteurs et des consommateurs”, a déclaré le ministre algérien de l’Industrie et des Mines Chakib Khelil.

“Il ne peut y avoir une +OPEP du gaz+, parce qu’il y a pas un marché mondial du gaz, mais trois marchés différents: un asiatique, un européen et un américain”, a-t-il dit à l’issue d’un entretien samedi à Alger avec le ministre russe de l’Energie Viktor Khristenko.

Le ministre algérien souligne qu’il n’existe pas de marché au jour le jour (spot) du gaz, ouvert à la spéculation, à l’instar du marché du pétrole, parce que le gaz se vend dans le cadre de contrats à long terme (au moins 25 ans).

“La demande de gaz augmente plus vite que l’offre. Il n’y aura pas de concurrence entre producteurs, parce que la demande est actuellement plus forte que l’offre”, a-t-il dit.

Pour sa part, M. Khristenko, dont c’est la première visite en Algérie, affirme que la coopération algéro-russe “contribuera grandement à la stabilité du marché international de l’énergie et au renforcement de la sécurité énergétique mondiale”.

Le ministre russe est accompagné du vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev, et de hauts responsables des groupes pétroliers et gaziers Loukoïl et Rosneft.

Outre M. Khelil, il doit être reçu par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, et le ministre des Finances, Mourad Medelci.

Il visitera le gisement gazier de Hassi R’Mel (Sahara) et le terminal pétrolier d’Arzew (côte ouest).

L’Algérie et la Russie sont, avec la Norvège, les principaux fournisseurs de gaz de l’Union Européenne, avec respectivement 160 et 60 milliards de m3 par an. Leur rapprochement depuis août 2006 a suscité les inquiétudes de leurs clients européens.

Echaudés par la crise sur les prix entre la Russie, l’Ukraine, la Géorgie et la Bélorussie, ils craignent la création d’un “cartel du gaz” qui pourrait peser sur les prix et les approvisionnements.

La Sonatrach a signé en août avec Gazprom un protocole d’accord pour “l’exploration, l’extraction, le transport d’hydrocarbures, le développement d’infrastructures gazières, le traitement et la vente de gaz” en Russie, en Algérie et dans des pays tiers.

Le texte prévoit aussi un “échange d’actifs” entre les deux groupes et la participation de la Sonatrach à un projet gazier baltique représentant un investissement d’un milliard de dollars.

Loukoïl a fait de l’Algérie “l’un des pays prioritaires” de son expansion internationale dans le gaz et le pétrole, selon le groupe.

M. Khelil a annoncé qu’il donnerait le “plus tôt possible” l’autorisation pour le développement d’un gisement gazier découvert en 2006 par l’association entre la Sonatrach et les russes Rosneft-Sroytransgas dans le bassin d’Illizi (Sahara).

“Ce gisement doit être développé le plus tôt possible dans l’intérêt de l’Algérie, de Sonatrach et des entreprises russes”, a-t-il dit, en estimant l’investissement à 3 ou 4 milliards de dollars.

Les sociétés russes ont déjà investi 66 millions de dollars dans l’exploration de ce gisement.

 21/01/2007 11:46:26 – © 2007 AFP